Attends-moi [Terminé]

Chapitre 16

Hunter fixait un point invisible au milieu du parebrise. Sa sortie d'hôpital s'accompagnait d'un pincement au cœur. Il reprenait le cours de sa vie et avec lui, son lot d'emmerdes. L'incendie dans son appartement avait détruit le peu d'affaires qu'il avait entreposées. Il ne lui restait aujourd'hui que son smartphone et quelques vêtements que Reed avait collectés pour lui.

Lauren conduisait avec prudence jusqu'à son domicile. Elle connaissait bien l'hôpital qui avait jadis abrité et soigné sa mère après son affreuse chute. Il lui rappelait de bons comme de mauvais souvenirs. Mais elle l'associait désormais à cet horrible incendie qui avait failli coûter la vie à son pompier. Hunter demeurait mutique, incapable d'esquisser le moindre geste. Il se contentait de suivre le trajet sans vraiment s'en soucier. Peut-être qu'il songeait à l'après, ce futur incertain qui lui pendait au nez.

— Nous sommes presque arrivés.

Lauren aurait dû se réjouir d'héberger son bien aimé chez elle. En vérité, elle s'inquiétait de leur prochaine cohabitation et de l'accueil que lui offrirait sa mère. Bien que soulagée que l'oncle de Hunter eut accepté cette colocation, l'appréhension gagnait du terrain. Comment parviendrait-elle à lui redonner goût à la vie ?

— OK.

Rassérénée par sa réponse, Lauren tourna son visage vers son passager. Ce dernier, prostré contre la portière soupirait plus que de raison. Mais n'aurait-elle pas agi de la même manière, à sa place ? Cet homme se retrouvait démuni, dépouillé de ses biens et rongé de l'intérieur. Combien de temps tiendrait-il dans ces conditions ?

— Je suis désolée pour ton appartement.

Hunter avait constaté l'étendue des dégâts juste après sa sortie d'hôpital. Hormis des tas de cendres et des objets carbonisés, il ne possédait plus rien. Beaucoup de larmes avaient coulées pendant ces adieux forcés.

— Je sais.

Décidément, le pompier s'était déjà montré plus loquace ! Lauren ruminait lorsqu'il renchérit :

— Je suis foutu, de toute façon.

— Arrête de dire ça.

Hunter l'agaçait à broyer du noir, même si elle comprenait son comportement. Son rôle consistait dorénavant à l'aider à se relever tout en tentant d'obtenir une petite place dans sa vie.

— Tu iras mieux, je te le promets.

— Je n'aime pas les promesses. Personne ne les tient, cracha-t-il, acerbe.

Lauren s'en voulut de tout donner à un homme qui agissait comme un crétin. Pour autant, elle se félicitait de n'écouter que sa générosité. Hunter avait besoin d'elle, quoi qu'il en dise.

— Tu verras. Je n'ai jamais de paroles en l'air.

— Hum...

Hunter expira longuement. En face de lui se dessinait une résidence aux façades colorées.

— On est arrivé.

Lauren se gara avant de couper le moteur puis de l'inviter à sortir du véhicule. Le pompier descendit à la vitesse d'un escargot tandis qu'elle s'emparait des vêtements dans le coffre. Il n'en était pas encore conscient, mais cette femme bouleversait déjà le cours de sa vie.

* * *

Lauren pénétra dans son appartement, Hunter sur ses talons. L'intérieur que le pompier découvrit ne l'émut pas, bien au contraire. La décoration ne possédait aucun attrait. Des couleurs ternes dominaient l'ensemble du salon aux meubles basiques et aux cadres photos ternis. Bien qu'il n'attachât pas d'importance au luxe, Hunter s'interrogeait sur la suite. Évoluer dans un cadre déprimant le démoralisait. Toutefois, agir en gamin capricieux ne le mènerait nulle part. La seule à blâmer restait Diana, son ex-femme. Celle sans qui rien de tout ça ne serait arrivé...