Attends-moi [Terminé]

Chapitre 27

Starbucks coffee

Attablé côté vitre, Hunter buvait son café chaud. Il attendait avec impatience son arrivée. Autour de lui, plusieurs familles occupaient leur temps libre en dégustant des viennoiseries et le délicieux fumet titillait ses narines. Le pompier en commanda une sans hésiter : le stress accentuait sa gourmandise.

L'idée d'un verre d'alcool lui traversa l'esprit. Pourquoi retenir sa dépendance, alors qu'elle prenait de l'ampleur ? Surtout après un SMS aussi perturbant... Hunter demeurait irrécupérable. Avec ou sans son intervention. Il restait toutefois un grand mystère : accepter un rendez-vous dans ces conditions relevait du masochisme. Hunter cherchait encore à décrypter son propre comportement. En vain...

Ses cogitations prirent fin lorsqu'il entendit le martèlement des talons aiguilles qui résonnaient sur le sol fin. En relevant la tête, il identifia immédiatement leur propriétaire :

— Bonjour, Diana.

Face à lui, la jeune femme tira la chaise vers elle. Toujours grande et mince, elle affichait un léger sourire tandis qu'elle s'asseyait. Sa beauté, aussi éclatante que dans le passa raviva de nombreux souvenirs. Hunter les chassa avec rage.

— Bonjour, Hunter.

Un silence s'installa. Assez déstabilisant. Chacun lorgnait l'autre avec suspicion et appréhension. Depuis combien de temps ne s'étaient-ils pas vus ? Au moins deux ans. La seule fois où Diana l'avait contacté, c'était après leur divorce, juste pour récupérer quelques vieux disques. D'ailleurs, elle le harcelait beaucoup à cette époque, amère de constater leur rupture.

— Merci d'être venu.

Les sourcils froncés, Hunter ne répliqua rien. Partager un moment en sa compagnie se rapprochait du cauchemar. Inutile d'en rajouter. Il espérait écourter ce rendez-vous au plus vite.

— Est-ce que tu vas bien ?

Hunter manqua d'éclater de rire. Diana se préoccupait de son état de santé ! Ce n'était déjà pas crédible sur son SMS, comment se montrerait-elle convaincante en vrai ?

— Tu sais déjà comment je vais. Un homme mis à pied, victime d'un incendie et sans le moindre sou.

Hunter employa l'ironie pour masquer sa confusion. Il hésitait entre l'attaquer vertement ou lui laisser une chance. Dans le temps, elle représentait son univers. Il se démenait pour son bonheur. Aujourd'hui, ils n'étaient que des étrangers l'un pour l'autre.

— Pourquoi m'avoir écrit ? s'enquit-il.

Diana le fixa plusieurs secondes. Peut-être se perdait-elle dans l'océan de ses beaux yeux bleus, ou puisait-elle en lui les mêmes regrets qui l'assiégeaient.

— Je m'inquiétais pour toi.

— Sans déconner, pourquoi ? renchérit-il, peu convaincu.

Les joues de Diana se teintèrent de rose. Hunter reconnaissait peu son ex-femme, celle qui l'avait trompé, humilié et dépouillé de ses biens. Aujourd'hui se présentait devant lui une personne métamorphosée, soucieuse de son bien-être et émoustillée par sa présence. Du moins, en apparence. Hunter n'était pas dupe.

— Comment as-tu su ce qu'il m'est arrivé ?

— Aucune importance, répondit spontanément Diana.

Mal à l'aise, elle baissa les yeux. Cherchait-elle à lui dissimuler la vérité ?

— Dis-le moi, insista-t-il.