Chapitre 1

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Caserne de Lawrence Fire Department

Sept heures du matin. Hunter consultait sa messagerie dans le bureau du capitaine. Celui-ci l'avait convoqué la veille par le biais d'un message déposé dans le dortoir. Habitué aux remontrances, le pompier ne s'inquiétait pas vraiment. D'habitude, il recevait un avertissement à propos de son comportement puis il récidivait. Las de son impuissance, le capitaine misait d'ordinaire sur l'autorité du lieutenant. Les compétences de Reed n'étaient plus à prouver.

Après quelques minutes à pianoter sur son clavier, Hunter entendit du bruit derrière la porte. Lorsqu'elle s'ouvrit en grand, il découvrit le capitaine Richardson, impeccablement rasé et vêtu de son uniforme de travail. Sur son visage, ses éternelles cicatrices rappelaient son courage et sa bravoure.

D'un signe de tête, Richardson le salua puis gagna son bureau avec les sourcils froncés. D'ordinaire, Hunter privilégiait les grasses matinées quand il commençait plus tard. Comptait-il impressionner par son sérieux ?

— Tu es matinal.

Sa remarque provoqua un sourire sur les lèvres de Hunter : mission accomplie !

— Tu m'as convoqué, je te rappelle.

L'arrogance du jeune homme demeurait monnaie courante. Face à ses supérieurs, il gardait son assurance. Il bénéficiait d'un traitement de faveur grâce à ses capacités au travail. À moins que ...

— Que me vaut le plaisir de cet entretien, cher tonton ?

La mine de Richardson s'assombrit car évoquer leur lien de parenté l'agaçait beaucoup. Hunter jouait de sa position afin d'obtenir ce qu'il souhaitait. Certes, il travaillait très bien et frôlait le titre de lieutenant, mais il se servait surtout de son statut en permanence. Être le neveu du capitaine permettait divers avantages ; Comme rester tatoué en dépit du règlement, coucher avec les employés ou s'octroyer certains bénéfices. Richardson se bornait depuis des années à le maintenir à la même place en dépit de son potentiel pourtant grandissant. Hélas, son attitude frivole, désinvolte et hautaine le desservait.

— Je t'ai déjà dit de cacher cette horreur.

Hunter éclata de rire à l'évocation de son tatouage tribal qu'il portait dans le cou. Aucun signe distinctif n'était autorisé chez les pompiers. Dans n'importe quelle autre caserne, il ne pourrait exercer. Néanmoins, en plus de le garder, il l'arborait parfois avec fierté devant la mine déconfite de son oncle. L'ensemble des agents n'ignorait pas ses privilèges et s'en accommodait. Bien que parfois, plusieurs remarques accompagnaient ses missions ou ses journées.

— Maintenant qu'il est là, tu devrais faire avec. Il est très beau mon tatouage.

Les yeux levés au ciel, Richardson fouilla ensuite dans ses papiers à la recherche d'un dossier. Au moment où il attrapa celui de son neveu, il annota quelque chose dedans.

— Tu écris que j'ai obtenu une promotion ? Moi aussi, je me disais que Reed devenait rouillé, se moqua-t-il.

Le capitaine le fusilla du regard. Ses sarcasmes le mettaient hors de lui.

— Je t'ai mis un avertissement. Tu recevras bientôt un courrier.

Révolté, Hunter se releva avec précipitation afin d'affronter son oncle. Face à face, les deux hommes se dévisageaient en chien de faïence. Entre eux régnait autant d'amour que de haine. Hunter se comportait comme un enfant gâté et réduisait à néant ses perspectives.

— Tu te fous de moi ? Qu'est-ce que j'ai fait ?

En colère, Hunter serra les poings. Pour la première fois, Richardson envisageait sérieusement de le dénoncer. L'avertissement équivalait à un rapport. Au bout de trois, il quitterait le service et abandonnerait son métier. Heureusement, le compteur revenait à zéro tous les deux ans. Néanmoins, la trahison du capitaine le rendait furieux.

Attends-moi [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant