[OS#13] Une vie si parfaite

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" Hey papa ? Je t'ai déjà dit ?"

Devant son pupitre dans le grand parc d'Hometown, les yeux vides d'intérêt pour ce qu'elle voyait, Chara fixait son oeuvre avec dégout et décrépitude. Cela faisait des heures qu'elle était là, la colère et la frustration grimpant de plus en plus alors que le vent soufflait en bourrasque annonçant une pluie torrentielle. La brune avait fuit ses responsabilités habituelles pour s'adonner librement à ce qu'elle aimait le plus, l'art, le dessin, la création afin d'échapper à cette douleur, présente et pesante.

" J'adore notre famille autant que je t'adore toi !"

Elle prit du rouge, serra les dents et en jeta sans faire attention sur la toile. Cela faisait trois ans qu'elle se sentait ainsi, pourquoi la vie était-elle si injuste ? Pourquoi il fallait qu'on lui prenne la seule forme de perfection qu'elle avait au bout de ses bras ? Le tonerre frappa mais cela ne força pas la jeune pré-adolescente en colère à s'arrêter de peindre, que sa peinture soit fichue ou pas elle n'avait que faire. Elle ne voulait pas rentrer, elle ne voulait pas encore rentrer et voir une chaise vide, des fleurs à la poubelle, et des faux sourires chez elle.

" Tu es si douée ma petite fleur..."

Il avait fait tant d'effort pour garder la cohésion et l'unité dans le foyer, pourquoi lui avoir fait ça ? Il faisait de son mieux pour les rendre heureux, Pourquoi lui avoir fait ça ? Puis elle se mit à rire, la brune se sentait quelque peu égoïste mais ne cacherait pas qu'elle se sentait mal depuis cette décision. Sa mère avait ses raisons, mais pour elle ce fut un affront à son univers parfait, sa famille parfaite qu'elle aimait tant, à son père si aimant. Alors elle serait égoïste, elle ne s'en cacherait pas, elle voulait le voir dans sa chaise de roi. Chara prit de la couleur et la jeta sur la toile en hurlant cette fois-ci, ne se souciant toujours pas de ce à quoi ressemblerait son dessin.

" J'aimerais te voir t'épanouir avec joie dans ce domaine..."

Parfois, elle ne voyait pas de couleur chez elle, juste du gris, cela faisait d'elle une personne silencieuse et personne à part Kris ne remarquait son mutisme. Mais que pouvait-il faire ou dire, il n'était pas mieux, il était bien pire. Tout ce qu'elle voulait c'était enfin s'échapper de cette vie morne sans la personne qu'elle aime le plus. Alors vint le bleu, elle se mit à pleurer alors que les premières gouttes tombèrent. Chara avait l'impression d'en faire des tonnes, mais elle ne pouvait plus réfréner ses émotions. La tristesse étant trop grande pour son pauvre cœur.

" Et un jour, tu feras un portrait de notre famille ! J'ai confiance en toi"

Elle voulait se lever le matin et le revoir lisant son journal près d'une tasse de thé, elle voulait le revoir jardiner et planter de belle fleur devant la maison, entendre ses salutations amusantes et se faire soulever par ses bras étouffants, gouter son thé dont lui seul avait le secret. Chara voulait son père, Chara voulait sa famille complète, Chara en voulait à sa mère et la tenait en coupable. Sans elle, rien ne serait un problème, et ils seraient tous heureux, comme avant. Enfin arriva le gris, la perception de la jeune fille s'altéra et elle se laissa se faire mouiller par la pluie et tourmenter par les bourrasques. Son téléphone sonnant sans fin alors que sa toile fut défigurée par l'intempérie. Pleurant à chaudes larmes sans aucun témoin pour lui dire quoique ce soit, positif ou négatif.

La brune se releva, prit sa bicyclette et roula sous la pluie le regard gris. Ayant abandonné ce tableau représentant une fillette en train de crier. Hometown lui semblait si noir alors qu'elle l'a toujours connu si coloré et chaleureux, elle savait qu'elle attraperait froid mais de toute façon elle avait déjà froid. Chara tout le long, se répéta son slogan favori pour affronter le quotidien, un slogan qui lui fixait au ciment son éternel sourire faux et espiègle. " La vie est parfaite", un éclair zébra le ciel et elle se mit à sourire à mesure qu'elle se rapprochait de chez elle. Toriel lui passerait un savon, elle s'en fichait, Frisk lui montrerait son sourire niais, elle le détestait, et Kris...il compatirait juste mais ne dirait rien.

Petites histoires d'HometownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant