[OS#28] Side story 2 : le bal 4/4

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Comme Kris était beau dans ce costume, comme Chara était pleine de charme dans cette petite robe verte métallisée. Comme le temps était passé depuis qu'il était brusquement parti loin de sa famille, bientôt Frisk irait au lycée aussi et eux à l'université comme lui. Plus d'une larme lui échappa, des rires s'échappèrent de sa gorge quand il les entendit même faire des blagues inappropriées, cette nuit serait sans doute la plus magique de leurs vies. Quand il les vit franchir le pas de la porte, il ressentit un certain malaise. Il porta une main sur son cœur, il chauffait d'envie, il voudrait avoir quinze années une nouvelle fois et y aller avec eux. Trop de choses avaient changé, il n'aurait pas sa place parmi les élèves. Il était grand maintenant, malheureusement il est devenu grand. Asriel se retourna pour parler à Crys mais cette dernière s'en était allée depuis plusieurs minutes déjà.

Il se dirigea vers la chambre qu'elle occupait balayant son regard sur les cadres photos, les dessins qu'ils avaient fait au fil des années, des rares jouets de l'époque qu'on pouvait encore voir dans la maison. Le jeune homme nota d'ailleurs que les photos ayant son père avec eux avaient été retirées, cela lui fit penser qu'il n'était pas encore allé le voir depuis son retour en ville. Il n'avait jamais compris la décision de ses parents toutefois il supposait que leur union n'avait pas été aussi forte que ça en avait l'air pour ne pas avoir supporté cet hiver-là.

Mais l'avait-il supporté lui-même ? Il avait fui quand elle a disparu.

Cela l'effrayait quelque peu, était-ce la finalité de la plupart des mariages ? Lui qui admirait tant le couple de Toriel et Asgore petit, la peur le rongeait à chaque fois qu'il pensait à lui et Crys. Cela leur arriverait-il si un évènement tragique venait à arriver ? Il trouvait toujours cela triste que deux personnes s'étant jurés amour éternel devienne des étrangers à cause d'un tierce drame. Petit et même encore maintenant, il ne comprenait pas.

Comme ça craint de devenir grand.

Asriel ouvrit la porte de sa partenaire et comme prévu elle ne dormait pas, lunettes sur le nez elle lisait à la lueur de sa veilleuse un livre. La métisse était un oiseau de nuit, quelques fois elle résolvait des calculs des heures entières avant de dormir. L'adulte trouvait cela étrange quand il savait de source sûre que la jeune femme dormait suffisamment, parfois même en classe. D'ailleurs, quand ils se sont rencontrés, elle dormait. Il gloussa en y repensant, ce qui attira l'attention de Crys sur lui. L'humaine retira ses lunettes et lui lança un regard interrogateur, Asriel approcha et vint s'asseoir près d'elle sans rien dire. Il se sentait toujours aussi bizarre ce soir. Ils étaient seuls dans une maison qui le perturbait plus que nécessaire, son foyer chaleureux en est venu à le perturber.

Comme ça craint de devenir grand.

« D'habitude je suis la silencieuse de nous deux, je suppose que ton séjour ici ne te plaît pas autant que tu me l'avais dit. » Commença Crys en caressant la joue d'Asriel qui regardait fixement le sol.

« J'ai juste l'impression de me noyer partout où je vais. » Répondit le monstre sans quitter le sol de vue.

« Et si avant de te noyer tu enlevais ce masque ? Ton sourire devient crispé et ta voix est criarde »

Ce fut la toute première chose qu'elle lui a dite quand il l'avait réveillé à l'université : « Tu pourrais cesser de sourire comme un idiot ? Tu ferais presque peur et ta voix grince, ne te force pas à me parler joyeusement pour avoir l'air gentil... ». Elle avait agi de façon si détachée, ne se souciant même pas de la raison pour laquelle il lui avait adressé la parole, pourtant aujourd'hui bien de choses avaient changé entre eux. C'en était presque risible, on aurait dit ces histoires à l'eau de rose que Kris adore lire en secret. Asriel saisit la main de l'humaine et la rapprocha de lui avant de tourner le regard vers elle. Le changement avait du bon en soit, il eut la chance de se faire une amie comme Crys qui devint de fil en aiguille bien plus que cela. Ce fut elle qui l'enlaça en premier, ressentant le malaise de son partenaire, rien ne se dégageait de lui à part de la mélancolie. Il s'enfouit dans ses bras sans un mot, se laissant bercer par la métisse, le seul changement qui lui avait apporté du bon.

Petites histoires d'HometownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant