Petites histoires d'Hometown

[OS Spécial#3] Reconnaissance

Thou shalt not kill.

La période la plus joyeuse de l'année, celle où la neige décore les paysages et endort la nature, celle où les guirlandes brillent de mille feux éclairant les allées sombres de la ville, celle où la mairie d'Hometown organisait un festival afin d'encourager l'esprit communautaire. Noël, raison de joie en ce mois de Décembre. Il y avait des sourires partout à travers la ville, une atmosphère si heureuse qu'on ne pouvait que se laisser animer par la gaieté des habitants. Néanmoins ce n'était pas le cas de tous. Ayant quittée l'hôpital après une journée entière avec son père, Noëlle conduite par un chauffeur rentrait dans sa prison dorée le visage blême. Cette année elle serait encore avec les employés de la maison, l'état de santé de son géniteur ne lui permettrait pas de rentrer avec elle et sa mère semblait trop occupée pour s'occuper d'elle. Son cœur se serra en pensant à la toute dernière personne qui aurait pu être à ses côtés, cela faisait trois ans mais la souffrance était telle que la blonde avait l'impression que cela est survenu il y a peu.

« Qu'as-tu vu lors de la tempête Noëlle ? »

« Rien du tout...Je n'ai rien vu je vous le jure... » Marmonna Noëlle se griffant légèrement le poignet.

La voiture se gara dans l'énorme propriété des Holiday, de l'extérieur, cette maison est très élégante. Elle a été construite en bois de noyer et comporte des décorations en bois de cèdre blanc. De grandes fenêtres rectangulaires permettent à la lumière de pénétrer dans la maison et ont été ajoutées à la maison selon un schéma assez symétrique. Une véritable maison de princesse, n'importe qui voudrait y vivre sauf la jeune fille. Noëlle ne tarda pas à rentrer prête à recevoir le diner que sa génitrice a ordonné aux cuisiniers multiples étoiles de préparer. Une grande table dressée, des mets qui feraient pâlir même les plus humbles mais des chaises vides. La jeune fille voyait encore la chevelure noire comme l'ébène de sa sœur onduler du coin de l'œil, elle entendait encore le rire guttural de son père qui s'esclafferait à une blague rendue drôle par son attitude. Le Noël parfait en somme.

« La vie n'est pas aussi simple, maman est le maire de la ville ! Elle a beaucoup de travail et malheureusement la santé de papa se fragilise, mais je te promets-

« Tu promets toujours que tout s'arrangera alors que ça fait déjà deux ans que ça dure ! Cela doit franchement t'arranger puisque tu pourras rester auprès d'Asriel pour les fêtes j'ai bien compris ça ! Ce n'est pas le Noël que je souhaite ! »

Elle se devait d'être reconnaissante. Tremblante elle joignit ses mains et se mit à prier, remerciant l'Ange de la grâce qu'elle avait d'avoir tout ce qu'elle souhaite à portée de main. Elle se devait d'être reconnaissante, elle ne devait ni jalouser les autres ni rejeter ce qu'elle avait, la reconnaissance de tous ces bienfaits. Noëlle se disait simplement que si elle l'avait pratiqué plus tôt, toute sa famille serait aussi heureuse que la famille Dreemurr. Malheureusement, elle ne pouvait même plus se payer le luxe de passer les fêtes avec eux. Elle aurait dû être reconnaissante.

« Pourquoi t'être enfuie dans la forêt Noëlle ? »

« Je n'ai rien vu je vous le jure... ! » Paniqua encore la blonde un peu plus fort attirant l'attention de l'employée présente.

« Mademoiselle Holiday, comment vous sentez-vous ? Avez-vous besoin de-

« Je vais très bien ! Je vais bien, je vais bien je... je suis fatiguée...J'ai passé la journée à jouer aux jeux vidéo avec papa. » La rassura-t-elle avec un sourire forcé.

Peu convaincue, l'employée tenta de s'approcher remarquant le comportement plus qu'inquiétant de la blonde mais Noëlle s'enfuit aussitôt sans finir son repas de Noël. Les autres employés présents échangèrent des regards soucieux mais décidèrent de ne pas s'en mêler se doutant que cela avait encore rapport au deuil de l'aînée. Une fois dans sa chambre, l'adolescente s'effondra sur le sol tentant de calmer son cœur qui battait à cent à l'heure. Noëlle releva le regard et tomba sur une pile de présents tous venant de sa mère, dedans il devait sans doute y avoir des jouets ou des appareils coutant tout le matériel scolaire réuni. Cela ne lui apporta même pas une once de joie mais elle joignit ses mains préférant être reconnaissante.