Chapitre 50

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Samedi 5 septembre à 11h00.

Je fixais la lettre que le majordome avait délivrée ce matin sans savoir quoi en faire. Étais-je sensé aller à ce rendez-vous? Est-ce que j'en avais au moins envie? Et si ces personnes n'étaient pas vraiment ce qu'ils prétendaient être?

Dans un long soupir je me laissais retomber sur le sol dur et froid du toit du bataillon. A force de trop réfléchir je commençais à avoir mal à la tête. Pourquoi tout doit être si compliqué?

Je fermais mes yeux et me laissais bercer par le vent frais. Mais soudain je fus tiré de mes pensées par le bruit d'ouverture de la porte qui donnait sur le toit. En penchant un peu plus ma tête en arrière je découvris la silhouette retourner du Caporal, une tasse de thé fumante en main.

On se regarda en silence un moment avant qu'il ne se décide à s'approcher pour venir s'asseoir à côté de moi.

《Vous tombez bien, dis-je en me redressant, les étoiles sont particulièrement belles ce soir. Comme il y a quelques jours c'était la pleine lune alors les voit bien aujourd'hui.》

Je levai les yeux au ciel en souriant, mais en jetant un coup d'œil à Livai je remarquai que ce n'était pas les étoiles qu'il fixait mais moi.

《Tu as pris une décision?》

Ah.
Replongeant dans mes pensées, je ramenais mes jambes contre ma poitrine et posai ma tête sur mes bras.

《Quand j'étais plus petite j'aurais tué pour rencontrer mes parents et leur parler, mais en grandissant j'ai compris que s'ils m'avaient abandonné sans jamais chercher à me revoir, il n'y avait pas de raison pour que, de mon côté, je le souhaite. De plus maintenant j'ai Erick, des amis sur qui compter et je suis la où j'ai toujours voulu être alors pourquoi chercher à rencontrer ces personnes?》

Je fixais la cours déserte.

《Mais je crois qu'au fond j'ai quand même envie d'entendre ce qu'ils ont à me dire.》

Le vent souleva mes cheveux et vint m'apporter l'odeur délicate de Livai.

《Va y alors.》

Je me tournais vers lui.

《Si t'y va pas tu vas le regretter alors va y.》

Ces paroles qui m'étaient destiné semblaient étrangement empreinte de nostalgie. Ce n'étais pas la première fois que Livai me donnait l'impression d'être en proie aux remords et perdue dans ses pensées. J'ignorai la forme qu'avait ses peurs et les causes de ses regrets, mais le voir ainsi me rendait triste.

Écoutant mon cœur, je franchis les quelques centimètres qui nous séparait et vient chercher du bout des doigts sa main posée près de moi.

Lorsque ma main toucha la sienne je le sentis se tendre. Nos contacts jusqu'à présent avaient toujours été dans un contexte d'affrontement ou beaucoup plus charnels. Ce que je cherchais maintenant c'était du réconfort, lui exprimer mon soutien d'une autre manière. Mais il faut croire qu'il n'était pas encore prêt.

Je retirais donc ma main, sauf qu'avant qu'elle ne soit hors de sa portée Livai vint la saisir fermement pour emprisonner mes doigts dans ma paume.

Mon cœur loupa un battement et je ne pus retenir mon sourire. Dans un silence apaisant on resta alors à admirer le ciel, chacun perdu dans nos pensées. Puisant le réconfort nécessaire dans la présence de l'autre. Nos mains partageant notre chaleur.

Lorsque sa tasse fût finie, il resta encore un moment avec moi avant de décider de partir.

《J'irai voir Erwin demain pour te libérer le week-end, dit-il en me jetant un dernier coup d'œil.

LivaixOC Les ailes de la véritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant