Chapitre 13

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Alexis

C'est douloureux de parler de tout ça, mais Léo a bien fait d'insister et de m'empêcher de fuir. Elle mérite d'avoir des réponses afin de comprendre ce que j'ai sur le cœur. C'est déjà difficile pour moi des mettre en ordre mes sentiments et mes émotions alors j'imagine parfaitement l'état de confusion dans lequel doit être ma copine.

Ça me fait de la peine de la voir pleurer lorsque je lui parle de mon ex-fiancée, mais c'est essentiel. Elle a entièrement raison. On ne fera que stagner si je ne me confie pas à elle.

- Charline était comment avec toi ? continue la jolie brune installée sur mes genoux.

- Un véritable amour, déclaré-je spontanément. Elle était adorable et je la considère encore aujourd'hui comme mon petit ange gardien personnel. Notre relation très fusionnelle a été facile dès le début et s'est déroulée sans accroc. Quelques disputes surgissaient parfois, ce qui est tout à fait normal dans un couple, mais il n'y a jamais eu de rupture entre nous. On ne restait jamais fâché très longtemps.

- Est-ce que tu peux me parler d'elle, de son caractère, de la façon dont elle se comportait avec toi ? Et comment toi, tu étais avec elle ?

Je lui souris, embrasse sa joue, et secoue négativement la tête.

- Pourquoi tu ne veux rien me dire ?

- Parce que je refuse que tu t'identifies à elle ou que tu essaies d'agir comme elle. Tu ne pourras jamais la remplacer, tout comme personne ne pourra jamais te remplacer.

- Je ne veux pas savoir pour tenter de la copier... se défend Léonie. Je suis moi, et je ne vais pas changer de comportement pour lui ressembler. Je ne sais pas faire semblant.

- Tant mieux. Mais je n'ai pas envie de te parler de notre quotidien pour le moment. Un autre jour, d'accord ?

Elle m'offre un sourire éblouissant et acquiesce. Je lui ai déjà donné beaucoup de réponses, alors je pense que ce refus ne la dérange pas trop.

Toutefois, il y a une question qu'elle ne m'a pas encore posé et ça me surprend. Je pensais que ça allait être la première chose qu'elle souhaiterait savoir, mais je me suis trompé. Ou peut-être qu'elle n'ose pas la poser...

Je la fais descendre de mes genoux afin d'aller chercher deux bières et je reviens près d'elle.

- Tu ne m'as pas demandé comment elle était morte, déclaré-je simplement.

- Je me suis dit que ça faisait partie des choses que tu voulais garder pour toi pour le moment, annonce-t-elle en haussant les épaules.

J'avale une grosse gorgée de ma boisson et soupire longuement. Les images reviennent déjà par milliers dans mon esprit et je ferme les yeux pour ne pas pleurer encore une fois. Je sais que je dois lui dire mais je déteste parler de ça. C'est tellement douloureux. Je revois son corps ensanglanté étendu sur le sol, les pompiers annonçant que son cœur s'est arrêté, je les regarde pratiquer un massage cardiaque dans le camion en direction de l'hôpital, tenter de la réveiller durant d'interminables minutes...

Je sens la main de Léonie caresser délicatement mon dos alors que les larmes coulent de nouveau sur mes joues. Elle ne dit rien et patiente simplement, attendant que je parle. Ça me prend plusieurs minutes, mais je me tourne finalement vers elle, n'ayant pas honte de pleurer devant elle.

- C'était un mercredi soir, le trente août deux mille dix-sept. On venait de rentrer du travail tous les deux et on a décidé d'aller se balader. Il faisait plutôt chaud, mais ça faisait du bien de se retrouver à deux, comme on le faisait très souvent le soir. Quand on se promenait, elle s'amusait toujours à marcher sur les bordures de trottoirs pour jouer les équilibristes et quand c'était un peu trop étroit, je lui tenais la main pour qu'elle tienne debout et qu'elle continue à avancer sans tomber. C'était encore une grande enfant et ça m'amusait toujours de la regarder faire. Surtout quand elle n'y arrivait pas !

Le braceletOù les histoires vivent. Découvrez maintenant