Chapitre Treize

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Un nouveau jour de lycée.

J'ai quasiment oublié la découverte au sujet de ma résistance au soleil de hier. Je sors des affaires de mon casier quand Leo vient m'enlacer.

Leo est devenu mon petit ami officiel depuis quelques semaines (j'entends par là que j'ai hurlé l'information à tout le lycée).

- Putain, fais moi penser de choisir une âme soeur qui à moins de prétendants la prochaine fois.

Il pose ses deux mains sur mes hanches et sa tête sur mon épaule gauche. Je le sens frémir : il se concentre pour ne pas se transformer en loup au milieu du hall. Il hume mes cheveux et resserre sa prise sur moi. Je continue de préparer mon sac comme si de rien n'était.

Car il se trouve que nous avons un autre problème : en tant que reine du lycée, plein, plein, plein de personnes veulent être en couple avec moi, sauf qu'en tant que lycan, Leo est très, très, très possessif. (Deux gros clichés qui feraient mieux de ne pas cohabiter, croyez-moi.) Bref, depuis que je suis devenue l'âme soeur de mon lycan préféré, ce dernier passe son temps à se battre au lycée. Souvent, ce n'est que de l'intimidation, mais c'est déjà parti plus d'une fois en échange de poings. Ce qui nous amène à la difficulté principale : Leo ne doit pas se faire démasquer. C'est-à-dire : il ne peut pas utiliser sa véritable force de créature de l'Ombre et il ne peut absolument pas céder à ses pulsions en se transformant en magnifique loup géant pour mettre la raclée de sa vie à son adversaire.

- Le jour où tu changeras d'âme soeur, fais-moi penser à la tuer.

Je me retourne vers lui.

- Tu m'appartiens Leo Saene, ne croit pas que ça ne va que dans un sens.

Il sourit et m'embrasse. Il adore quand je lui dit que je l'aime, même par des moyens détournés comme celui-ci. Et puis ce genre de phrase à le don de le détendre quand il est à deux doigts de se métamorphoser pour bouffer quelqu'un. 

Lorsque nos lèvres se séparent après un baiser plus qu'enflammé, il se penche, ramasse mon sac et le pose sur son épaule. Ensuite, il glisse son autre main derrière mes cuisses et me porte. Je me retrouve assise sur son avant-bras. 

Étant un lycan, ceci ne représente en rien un effort physique pour lui. Par contre, les autres garçons que nous croisons sont jaloux de ne pouvoir faire de même. Je noue mes bras autour de sa nuque et mon transport me dépose juste devant notre salle. 

Nous saluons notre professeur et rejoignions notre place.


En début d'après-midi, nous avons sport. Leo m'a conseillé d'obtenir une dispense car il est particulièrement compliqué pour les nouvelles créatures de l'Ombre de gérer leur force. L'on pourrait vite me démasquer lors des activités physiques, principalement puisque je ne m'épuise pas.

J'ai suivi son conseil. Je n'ai pas encore les réflexes nécessaires pour cacher ma nouvelle nature. Et la dernière chose que je veux c'est qu'on se rende compte que je ne suis pas humaine.

Leo est plutôt doué pour « paraître humain ». Il arrive à copier les réactions des autres et à se brider suffisamment pour que ce soit crédible. Bon, il y a bien sûr encore des ratés : son comportement est typiquement celui d'un lycan et ses réactions suivent encore beaucoup les cycles lunaires. Ce sont quelques détails, que moi je vois car je connais la vérité, mais qui sont invisibles pour des humains convaincus que le surnaturel n'existe pas. Et puis de toute façon, on a beau essayer de nous camoufler, ça ne change pas ce qu'on est.

Tout ça pour dire que je suis actuellement sur le banc des dispensés avec deux autres personnes pendant que le reste de notre classe joue au basketball. (J'avoue, j'en profite largement pour mater Leo. Mais que lui. Sinon il rentrerait dans une colère noire.)

Il marque, j'applaudis. À la fin du match, il profite d'une pause pour passer me voir.

- Dommage que nous ne puissions pas jouer avec nos pleines capacités. Ce serait vraiment drôle de t'affronter avec ta vitesse vampirique, me chuchote-t-il si bas qu'aucun humain ne peut l'entendre.

- Rien ne nous empêche de nous affronter en dehors des cours.

Nos yeux se mettent à briller. Une telle complicité est née entre nous que nous arrivons à lire l'un en l'autre (ok, bon, cette histoire d'âme soeur aide aussi un peu je présume).

- Prépare-toi à la défaite, j'annonce.

- C'est ce qu'on verra ! J'ai hâte de me frotter à un adversaire à ma hauteur...

Il retourne sur le terrain car son équipe s'apprête à engager un nouveau match. Je croise les bras et un sourire s'esquisse sur mon visage : je compte bien montrer ce que j'ai dans le ventre.

Je ne sais pas exactement où se situe mes propres limites, m'opposer à Leo me permettra sans doute de découvrir de façon plus ludique ce dont je suis réellement capable.



- BORDEL JE HAIS LES VAMPIRES !

Je ricane. 

Leo et moi sommes seuls, au milieu de la forêt, entourés de conifères. Nous avons improvisé une espèce de jeu d'adresse qui consiste à envoyer une balle entre des branches (que nous avons peintes au préalable) après avoir suivi un certain parcours.

C'est la cinquième partie que nous jouons et c'est ma cinquième victoire consécutive. Et Leo en a clairement marre de se faire humilier par une créature de l'Ombre aussi récemment transformée que moi.

Il est vrai que je suis très, très rapide. Trop pour lui. Et ma précision est sans faille. Les lycans ont bien plus de force brute et c'est ce qui le dessert face à moi.

- Voyons mon coeur, tu n'es pas mauvais perdant à ce point quand même ?

Je referme mes ailes et atterrit près de lui. Automatiquement il m'accueille dans ses bras.

- Tu. M'as. Massacré.

La lune nous éclaire, le ciel est dégagé. Il doit être trois heures du matin actuellement. Nous avons pris l'habitude de nous promener la nuit depuis quelques semaines. Cette fois-ci nous nous sommes défiés au sport mais la plupart du temps nous marchons simplement. Nous explorons les alentours, parlons, racontant nos vies à l'autre et nous nous amusons dans les lieux déserts.

- Allez viens, on arrête les frais.

Je fais voler la balle jusque dans ma main et emmène Leo avec moi sur un sentier. Je ne suis pas sadique au point de vouloir l'enfoncer encore plus.

Nous profitons du reste de la nuit pour nous déplacer sous notre véritable forme. Je retourne à pieds en ville, un immense loup à mes côtés.

Moi, OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant