Chapitre Vingt-Sept

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J'ai toujours vécu dans la même maison, dans notre ex-ville. L'habitation familiale avec grand jardin que tu as visité lorsque tu étais chez moi, eh bien c'est là dedans que j'ai grandi.

Mon père est avocat et ma mère était secrétaire. Elle est à présent mère au foyer et c'est le métier le plus compliqué  des deux selon moi. Mes parents ont choisi qu'elle arrêterait de travailler après son troisième accouchement. Mon père gagne assez d'argent pour toute la famille et c'était plus simple pour s'occuper des enfants. J'ai 3 frères et 3 soeurs, nous sommes donc 7 en tout. Je suis le deuxième né dans l'ordre chronologique.

La vie de famille nombreuse... ça me manque. Je suis un lycan, je suis fait pour vivre en meute et là-bas, je vivais dans ma « meute » en quelque sorte. C'est dur de ne plus les avoir auprès de moi. Les petits qui courent dans tout les sens, les parents chefs de tribu si heureux qui gèrent tout, et les ainés qui aident qu'à moitié. 

Les « grands » ont 20, 18, 17 et 15 ans. Les « petits » ont 4, 5 et 7 ans. 

Ça me fait mal de les abandonner. Je ressens un affreux vide, mais au moins j'ai la conscience tranquille. Je sais que je n'avais pas le choix, je sais pourquoi je suis parti, je sais que c'était la meilleure chose à faire. Eux...

Les petits je pense qu'il ne comprennent pas grand chose, mais je sais qu'ils ont pleuré mon départ. Ils doivent demander chaque soir quand je rentrerai... Mes parents sont dévastés. Ils vont rester forts pour le reste de la famille mais je sais qu'ils pleureront encore longtemps mon départ. La tribu s'est brisée car un membre a disparu. Emma et Yvan... Je suppose qu'ils ne savent pas trop comment réagir. Tout comme mon seul frère ainé ils se sont probablement refermés sur eux-mêmes et ont pleuré dans leur coin. Lucas, l'ainé de la fratrie, le plus sévère, le plus protecteur aussi, voudra probablement m'assassiner si je revenais à la maison. Il veille toujours sur nous, ma mère et les enfants, avec mon père. Il ne me pardonnera jamais d'avoir fait souffrir tout le monde. Très jeune notre père lui a confié une partie de la protection de la famille, il se sent toujours responsable de nous.

La valeur de la famille a toujours primé chez nous. Nous sommes tous différents, mais nous avons tous eu cette enfance heureuse basée sur les mêmes principes. Avant que je les quitte, il n'y a jamais eu un moment où nous n'étions pas unis.


J'ai eu une enfance normale. Je jouais beaucoup dehors, je n'étais jamais seul et nous étions inséparables dans nos chamailleries entre frères et soeurs. On s'occupait très bien de moi. 

Après ma transformation... tout a changé. Je savais qu'il y aurait un croisement sur notre route où j'emprunterais un chemin différent qui nous séparerait à tout jamais. J'ai profité à fond de tout ce temps avec eux et pour la première fois, j'avais un secret que je ne leur partageais pas.

Le drame s'est produit une nuit de pleine lune. C'était l'hiver, il faisait nuit tôt. Le chien n'arrêtait pas d'aboyer, alors je suis sorti pour voir ce qu'il se passait. Je marchais lentement, prudemment. Je sentais bien qu'il y avait quelque chose de bizarre. Je n'ai pas eu le temps de la voir. Une bête énorme m'a sauté dessus. Les crocs acérés de sa gueule ont déchiré ma peau avec facilité. Après je ne me souviens de rien, je me suis probablement évanoui. Comme je ne revenais pas, mon frère est venu me chercher. Il m'a secoué par l'épaule et je me suis réveillé dans la neige. J'ai donc pensé que ce n'était qu'un cauchemar. J'ai découvert à la pleine lune suivante que j'avais été transformé. Je n'ai jamais revu la créature qui m'a transformé...

Au cours des années, j'ai appris à être discret et à... à être une créature de l'Ombre.

Avec les cycles lunaires évidemment, tout était toujours plus compliqué. Tu te souviens quand tu m'avais demandé pourquoi je ne t'avais pas tué ? Je t'ai répondu que je m'étais promis de ne pas devenir un meurtrier... 

Ça s'est passé un soir de pleine lune. J'avais 13 ans. Et j'ai tué une biche. Elle avait fuit devant moi alors que je me transformais. C'était douloureux. L'instinct a pris le dessus et je lui ai donnée la chasse. Il y avait du sang partout... Je l'ai déchiquetée, c'était une vraie boucherie. Ça m'a totalement traumatisé à l'époque. Alors je me suis promis de ne plus jamais tuer.

Mais même à ce moment-là, il me paraissait impensable de leur faire part de ce que j'étais devenu. Je voulais à tout prix les épargner. Je les aimais trop pour bouleverser tout leur monde en leur apprenant l'existence des créatures de l'Ombre.


J'ai été plutôt bon élève à l'école. Pas excellent mais je travaillais suffisamment pour obtenir des résultats dont mes parents pouvaient être fiers. J'ai toujours aimé faire du sport. Mais ce que je préférais décidément c'était les activités en famille. De loin. Les vacances, les sorties... Même une simple soirée jeu de société. Peu importe à quel point nos emplois du temps débordaient, on se prenait toujours du temps pour être tous ensemble et c'est là qu'on était le plus heureux.

Donc j'ai vraiment de quoi être satisfait : j'ai eu une vie humaine parfaite.

Moi, OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant