Chapitre Trente-et-Un

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La pièce dans laquelle nous nous trouvons n'a rien à voir avec le couloir. Elle est spacieuse, haute de plafond, d'une très grande superficie. Une grande arche donne sur une seconde salle que j'imagine tout aussi grande. Nous sommes dans le bar. Il est très agréable, assez moderne.

Le rideau de perles qui dissimulent l'endroit duquel nous venons se trouve dans un coin, à la droite de l'immense comptoir en bois lustré derrière lequel s'affairent plusieurs créatures. À la gauche du meuble titanesque, il y a une porte close. Les clients, nombreux, ne remarquent pas notre arrivée. Visiblement, l'établissement tourne bien.

D'énormes piliers décorés montent du sol jusqu'au plafond. Ils sont colossaux. Une dizaine de personnes pourraient se trouver de l'autre côté que je ne les verrais même pas. Les sculptures qui l'ornent retracent des batailles spectaculaires... Le monde de l'Ombre aurait-il aussi une histoire ? Je reconnais alors sur un des piliers la fontaine de Diaphtale. Et je comprends : ce sont les légendes qui sont représentées !

Il y a des gens debout, d'autres assis sur des chaises hautes, tout le long du comptoir, en train de commander ou de boire. La majorité est cependant éparpillée autour des installations partout dans la salle. Dans le coin opposé à nous, il y a des canapés et des fauteuils, lesquels sont occupés par un gros groupe de nains. Enfin... j'imagine qu'il s'agit de nains. Ils correspondent à peu près à l'image que je me faisais de cette espèce. Après tout, je n'en ai jamais vu de vrais.

Tout compte fait, il y a dans cet endroit tout un tas de races que je n'ai jamais vu en vrai avant aujourd'hui. Je ne suis même pas certaine de pouvoir nommer la moitié.

La mixité de ces lieux est spectaculaire. L'établissement lui même semble pensé et aménagé pour pouvoir accueillir des clients de toutes les natures dans les meilleures conditions. Il y a des tables et des chaises de toutes les hauteurs et même un bassin entre les piliers centraux ! 

Une sirène est accoudée au rebord de la piscine et me regarde étrangement. Nos regards finissent par se croiser et elle me fait un clin d'oeil. (J'ignore comment l'interpréter.) 

Sa peau est constituée d'écailles couleur chair. Et c'est comme si l'eau circulait en elle. Je vois sa queue de poisson se métamorphoser en une paire de jambe lorsqu'elle sort du bassin pour se diriger vers le comptoir. Je continue de la regarder durant tout son trajet. Elle a les mains et les pieds palmés. Ses oreilles ressemblent à des nageoires et son nez n'a pas de narine (c'est assez perturbant) ; elle respire par les fentes (6 de chaque côtés) sur son cou. Lorsqu'elle parle à l'un des barman, j'aperçois trois ou quatre rangées de petites dents pointues dans sa bouche. Ses cheveux semblent tous collés les uns aux autres, il n'y a aucun espace entre eux : ils forment une masse unique, ondulante, qui glisse sur son dos. Pour tout vêtement, elle porte un maillot de bain deux pièces rose pâle. 

Je n'ai pas lâché la main de Leo qui m'entraine soudain à sa suite. Il s'avance dans la salle en cherchant à dissimuler son stress. Je comprends alors ce qu'il fait : il nous conduit auprès de notre guide que nous avions perdu de vue, il a repéré Ekleandre adossé à un pilier, en pleine conversation avec une autre créature.

Je ne suis pas du tout à l'aise ici. Je sens quelques regards sur nous. Tout ces inconnus, des inconnus puissants... Je me blottie un peu plus contre Leo, baissant presque la tête. Je sais qu'il a peur aussi mais sa condition de lycan priorise le fait de rassurer son âme soeur. Il carre les épaules et resserre sa prise sur moi.

Puis soudain je me redresse, contre mon propre gré. Retenant un gémissement de douleur. Mon dos est devenu raide, figé dans une position trop droite.

- Tu es la Reine, comment oses-tu paraitre soumise ? Tu n'as pas le droit de nous donner une image de faible !

Je pense ma réponse : 

Moi, OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant