13. Lâcher prise

135 9 0
                                    

Pdv Clarke
Mardi 4 septembre ~ matin

N'en pouvant plus de retenir mes émotions, je décide d'aller courir pour les laisser s'exprimer à travers mes pas. Je passe rapidement chercher mes affaires de cours chez moi et enfonce un écouteur dans chaque oreille afin de faire totalement abstraction du monde extérieur qui commence sérieusement à me peser. La musique "A part of me" de Katty Perry a l'effet attendu et mes jambes se mettent en route toutes seules. Mes muscles se contractent et se relâchement à un rythme régulier qui contribue à calmer les tremblements que je commençait à ressentir parcourir mon corps. Je ferme les paupières deux secondes pour apprécier le sentiment de puissance que je ressens et qui vient effacer toutes les autres émotions que je désire oublier.

J'inspire, j'expire. J'inspire, j'expire. Ma respiration se fait de plus en plus profonde alors que j'essaye d'appliquer ma devise : "Inspire le présent et expire le passé". J'enchaine mes mouvements de pieds jusqu'à ce que mon esprit se soit complètement libéré de toutes mes pensées. C'est l'effet que je recherche en courant : pouvoir oublier tous mes problèmes du passé en un instant afin de démarer d'un nouvel élan au présent.

Alors que je ralentis mon rythme de course pour être sûre de pouvoir le maintenir jusqu'au lycée, mon esprit dégagé se met en défi de se trouver une résolution pour ne plus me retrouver dans cette situation qui l'a bien fragilisé. J'ai toujours pour habitude de ne pas laisser paraître mes émotions afin que les autres ne puissent pas me déstabiliser comme l'a fait Bellamy. Mais tout le monde ne me cherche pas autant que lui, non? C'est drôle car lorsque je lève les yeux pour diriger mes pas, je croise le regard interrogateur de Finn qui passe par là dans sa voiture. Lui, c'est une personne vraiment bien par exemple. Il a toujours été là pour moi, dans ma guerre contre Bellamy notamment. Il l'appelle "le combat du bien contre le mal" et j'avoue que j'aime bien me le représenter comme ça.

Tu veux que je te prenne ? Me demande ce dernier gentillement en me sortant de mes pensées.

Je pèse le pour et le contre un moment mais n'hésite pas si longtemps que ça car je suis épuisée et que le lycée est encore à plus d'un kilomètre. Je hoche donc la tête et il m'ouvre la porte à l'aide de la poignée intérieure.

Merci. Lâchai-je une fois installée. C'est gentil de me prendre.

Ça me fait plaisir. Dit-il avec un adorable sourire. Puis-je savoir depuis quand tu t'es mis en tête de courir jusqu'au lycée ?

Je ris un instant en repensant à l'impulsivité de ma décision.

J'étais énervée, j'avais besoin d'évacuer. Lui expliquai-je.

Bellamy? Devine-t-il avant même que je n'ai pu lui en dire plus.

Comment..? Béguayai-je, étonnée d'être percée à jour si rapidement.

Je ne vois pas qui pourrait t'énerver autant si ce n'est Bellamy. Me réplique-t-il comme si c'était une évidence.

Je ris devant la vérité de ses propos. Comme quoi, malgré mes efforts pour cacher mes expressions, je suis toujours aussi transparente. D'habitude, ce sentiment m'aurait dérangée mais là, c'est différent. C'est presque comme si ça me plaisait que quelqu'un parvienne à me connaître au point de deviner ce que je ne laisse pas paraître.

Tu as raison. Il n'y a pas pire que lui dans le genre "connard". Répliquai-je.

Il rit à l'entente du groupe auquel je l'identifie puis ajoute :
On peut même dire qu'il est le roi des connards dans ce cas.

Nous partons dans un fou rire qui me fait grandement du bien après ce début de matinée quelque peu agitée. Je lui fait part d'un grand évènement de ma matinée en lui annonçant :
Tu sais que je nous ai trouvé une nouvelle alliée dans la guerre du bien contre le mal ?

Nan, c'est pas vrai? C'est qui? Me demanda-t-il, impatient que je lui révèle le nom de la personne qui rejoindrait notre petite équipe de professionnels des coups bas.

C'est Octavia, tu sais, la fille avec qui on a mangé hier. Je ne pouvais pas imaginer ça parce qu'elle est quand même la petite sœur de Bellamy et qu'elle vient à peine de le retrouver mais on dirait bien que je me trompais sur elle. Elle est déjà motivée pour lui en faire voir de toutes les couleurs !

T'as été chez les Blake cette nuit ? Me demande-t-il, méfiant.

Oui et j'ai fait un de ces coups à Bellamy. Ses cheveux ne s'en remettront pas de si tôt, avec la portion de colle que je leur ai administré.

Il part d'un rire franc et me tend sa paume que je claque en riant à mon tour. Il s'écrie, tout excité :
T'es absolument géniale !

Et je lui réplique naturellement : Tu ne m'apprends rien.

Nous n'avons pas le temps de continuer notre conversion que nos amis arrivent tout à coup en nous sautant dessus sans prendre en compte le fait que la voiture est encore en marche - même si elle n'avance plus très vite vu que nous sommes presque arrivés. Je me reçois les jambes de Jasper en plein dans la figure alors qu'il essaye de s'introduire dans la voiture.

Jasper ! On dirait que tu fais exprès de me mettre tes pieds dans la figure. M'exclamais-je avec une mine faussement outrée.

C'est pas ma faute, c'est Monty qui me pousse. Répliqua-t-il en dénonçant notre ami du doigt.

Vous êtes vraiment pas possibles tous les deux. Leur répondis-je sans chercher le coupable dans l'histoire. Cela leur ferait trop plaisir.

Au contraire, je décide de les ignorer et me tourne vers Finn en lui disant :
J'ai hâte de voir la tête de Bellamy quand il va arriver au lycée !

Il sourit devant mon excitation enfantine et observe les alentours comme si il cherchait quelque chose ou quelqu'un. Soudain, son regard s'arrête et sur son visage se forme un rictus joyeux. Alors qu'il se met franchement à rire, je me retourne pour voir ce qu'il peut trouver si drôle et c'est là que je le vois : Bellamy.

Il a osé venir en cours avec un chapeau de cow-boy délavé, sans doute parce qu'il n'a pas dû trouver moins humiliant pour cacher ses cheveux arrangés par mes soins. Je ne peux retenir mon rire alors que je fais le parallèle avec les déguisements avec lesquels on jouait quand on était petit tous les deux. Soudain, je repense à notre dispute et je me fais la remarque qu'il a l'air de s'en être remis très vite. Il rit déjà avec sa sœur comme si rien ne l'avait affecté. J'aimerai en dire autant de moi, mais encore une fois, il s'est servi de mes sentiments pour me faire porter le chapeau - c'est le cas de le dire ! Je ne supporte pas d'être manipulée ainsi. Il faut absolument que je prenne ma revanche sur le sourire faussement innocent qu'il me lance.

Inspire le présent & expire le passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant