18. Confession et sentiments

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Pdv Clarke
Samedi 8 septembre ~ soir

Alors que je nétoye les plaies du jeune homme, nous nous trouvons assez proches l'un de l'autre de sorte que je peux sentir son souffle sur ma peau. C'est bizarre de me l'avouer mais il se trouve que c'est une sensation très agréable. Je me tourne vers lui afin de voir si il ressent aussi cette proximité entre nous et je remarque que celui-ci me dévisage étrangement.

Pourquoi me regardes-tu comme ça ? Demandai-je.

Parce que tu es belle. Me répond-t-il avec un naturel surprenant.

Je rougis et ne répondit rien, me rappelant les paroles d'Octavia. Je ne veux pas lui donner raison, alors, malgré l'attraction de son visage, je prends sur moi et m'éloigne rapidement de lui pour poser la bouteille de désinfectant sur le bord du lavabo, sans pour autant ceser de fixer ses grands yeux bruns. Je perçois dans ces derniers une once de déception tandis que j'agrandis l'espace qui nous sépare. Je décide donc de changer de sujet pour éviter de me laisser emporter par les sentiments nouveaux que je sens jaillir en moi. En fait, je suis un peu confuse : je n'avais pas vraiment réalisé l'effet que le jeune homme me faisait, avant de le voir, faible mais courageux, faisant face à sa mère impassible et son beau père violent. Je lançais donc la conversation sur la scène à laquelle j'avais assisté.

C'est bon, j'ai fini. Affirmais-je. Tu peux m'expliquer ce que j'ai vu tout à l'heure ?Pourquoi tu ne m'avais jamais parlé de ça ?

Je ne voulais pas t'inquiéter. Murmure le jeune blond. Et puis ce n'est pas si simple à dire que ça.

Je sais, mais j'aurai pu t'aider peut être.

Et ça m'aurais permi de partager plus de moments comme ça avec toi. Ajoute-t-il en faisant référence au moment où je le soignais. T'as raison, j'aurais dû t'en parler. Mais est-ce trop tard pour me rattraper ?

Nan, vas-y. Je suis toute à toi. Le rassurais-je doucement.

Ah oui ? M'interroge-t-il en levant un sourcil et en accompagnant ses paroles d'un sourire en coin.

Non mais t'es con. M'exclamais-je en rigolant. Je lui tape rapidement sur l'épaule comme pour le faire chasser ces pensées de sa tête. Tu sais très bien que ce n'est pas à ça que je pensais.

Okay, okay. Abdiqua-t-il en levant les bras en signe de défaite. Je t'explique.

Il prit une grande inspiration et repris son visage sérieux avant de continuer.
Jusqu'à mes 10 ans, nous étions une famille unie. J'adorais mon père et ma mère était très différente d'aujourd'hui : elle était aimante et attentionnée. Bref, j'avais tout pour être heureux. Malheureusement, ce bonheur n'était pas destiné à perdurer apparemment. Alors que j'en étais à ma dernière année de primaire, mon père a été diagnostiqué d'un cancer en phrase terminale. Il s'est battu, il ... il a tout donné : force, courage, détermination.

Il fit une pause dans son discours pendant laquelle je l'observais et je pouvais voir toute le fierté qu'il avait envers son père.

Mais, il est ... il n'a pas réussi. Reprit-il avec difficulté. Il est mort. Il m'a abandonné à ma mère qui est devenue aussi froide que la glace. Il m'a laissé seul au milieu d'une famille brisée.

Je suis désolée Finn. Dis-je en le prennant dans mes bras pour lui montrer ma compassion. Il avait l'air tellement bouleversé par le récit de cette histoire qu'il en était encore plus craquant.

Il lâcha quelques larmes que je sentis couler dans mon cou. Sa peine me faisait énormement pitié et je m'en voulais qu'il ait eu à subir ça tout seul. Je me sentais obligée de lui partager à mon tour la douleur qui m'avait rongée depuis la mort de mon père.

Je te comprends, tu sais. Murmurais-je à son orreille. Moi aussi, j'ai perdu mon père.

Je suis désolé, je déteste avoir toute l'attention sur moi alors que tu as subi la même chose. S'excuse-t-il.

Mais non, ne t'excuse pas. Rétorquai-je. Nous avons tous les deux soufert en perdant la personne que nous aimions le plus au monde. La différence est que moi, ma mère m'a aidé à passer au dessus de ma peine même si elle restera toujours ancrée en moi. Mais toi, ta mère ne t'as pas aidé, si?

Non, vraiment pas. C'est plutôt l'inverse. M'expliqua le jeune homme. Après sa mort, ma mère a été tellement chamboulé qu'elle ne pouvais plus supporter de voir ma tête. Je le lui rappelais trop, je pense. Au début, elle ne faisait que m'ignorer mais nous sommes restés dans mon ancienne ville où j'avais mes amis. Cependant, assez vite, la maison et la ville lui ont elles aussi rappellé des souvenirs douloureux et nous avons fuit. Et quand nous sommes arrivés ici, elle a refait sa vie sans se soucier de moi. Et moi, ... heureusement que je vous ai trouvé quoi.

Je ne savais pas quoi dire. Moi, j'avais eu ma mère qui avait été là pour moi depuis toujours. Comme la mère de Finn, elle avait refais sa vie mais la ressemblance s'arrêtait là. Mon beau-père n'avait rien à voir avec le compagnon de la mère du garçon. Il avait toujours été attentionné envers moi. Et puis, Bellamy avait aussi joué un grand rôle dans mon deuil puisque c'est lui qui m'avait redonné la joie de vivre, enfin ça c'était jusqu'à ce qu'il me quitte. Mais après, j'avais rencontré les gens qui forment aujourd'hui mon groupe d'amis et qui ne m'ont plus quitté. Lui aussi fait partie de ce groupe d'amis depuis qu'il est venu habiter ici au collège, mais il ne nous avait jamais partagé à propos de la mort de son père et de sa situation familiale actuelle.

Je suis désolée que tu aies eu à porter ce poids tout seul. Dis-je sincèrement en m'éloignant de lui pour pouvoir le regarder dans les yeux.

J'ai pris l'habitude de vivre dans l'indifférence des autres envers ma personne. Affirma-t-il en haussant les épaules comme si c'était naturel.

Ne dis pas ça comme si c'était normal. Rétorquai-je.

Tu veux que je le dise comment ? Dit-il avec désain.

Bien sûr que c'est pas normal. S'énerva-t-il. C'est même inhumain le comportement de ma mère avec moi.

Il se leva pour détourner son visage du mien afin que je ne puisse pas voir ses larmes. Pourtant, je la devinais derrière sa voix pleine de colère.

Calme toi Finn. Lui conseillais-je en m'approchant doucement de lui, les mains en avant en signe de compréhension.

Personne ne fait attention à moi. Finit-il par murmurer, figé au milieu de la pièce.

Je m'approche encore un peu de lui. Il faut que je lui prouve que ses paroles sont fausses et que quelqu'un se soucie de lui. Il ne mérite rien de ce qui lui était arrivé et, en même temps, je ne peux m'empêcher de l'admirer d'avoir surmonté tout ça tout seul. Nos deux situation se rapprochent tellement et je veux lui prouver que je le comprends. Tout se mélange dans mon esprit et je n'arrive pas à résister à ses lèvres frémissantes de détresse. Alors je prends son visage entre mes paumes et dépose mes lèvres contre les siennes.

Inspire le présent & expire le passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant