Inspire le présent & expire le passé

29. Nouvelles rencontres

Pdv Madi
Samedi 6 octobre ~ matin

Cela fait maintenant 6 jours que je suis arrivée dans ma nouvelle famille. Le couple Wallace m'a, en apparence, bien acceuilli. Ils m'ont donné une chambre spacieuse pour que je me sente à mon aise. J'y ai installé mes plus beaux dessins pour décorer les murs vides.

Cependant, cette présence ne réussissait pas à combler le manque d'attention que me portait ceux que j'aurais dû considérer comme mes nouveaux parents. Dès le deuxième jour, ils avaient cessé de s'intéresser à moi. Ils pensaient sans doute que j'avais tout ce dont j'avais besoin pour vivre mais la vérité était qu'ils ne me donnaient que de quoi survivre. Personne ne peut vivre sans amour.

Heureusement, mes amis sont aussi là pour moi. Je ne leur ai pas partagé mes impressions sur le couple pour ne pas les inquiéter : j'ai peur qu'ils veulent m'envoyer dans une autre famille d'acceuil qui m'éloignerait d'eux.

Je ne suis pas trop sortie cette semaine puisque je ne commence les cours au collège que lundi prochain. Ça tombe bien parce qu'Octavia habite juste en face de chez moi et nous comptons lui faire la surprise de notre venue cet après-midi. Raven m'a quand même emmené faire un tour en voiture pour visiter la ville et j'ai dormi un soir dans leur colocation. Cependant, je n'ai encore rencontré que Monsieur Kane parmi tous les habitants d'Arkadia. C'est pour résoudre ce problème que Lincoln a accepté de m'inscrire à des cours de dessin tous les samedi matin.

Je suis donc sortie discrètement dans la rue, ma capuche revouvrant mes cheveux bouclés. J'ai pris un bus jusqu'à l'école où se déroulent les cours. Me voici maintenant seule dans la salle reservée pour les cours. Je suis un peu en avance donc je ne m'inquiète pas qu'il n'y ait personne et je laisse couler mon crayon sur une feuille que j'ai tiré de mon sac. Après un petit moment, je sens le regard de quelqu'un se poser fixement sur mon dessin. Je me retourne brusquement et sursaute en voyant une jeune fille blonde plus âgée que moi occupée à m'observer. Je cache mon dessin, gênée d'avoir été surprise ainsi.

C'est très beau ce que tu fais. Tu n'as pas besoin de le cacher. Me complimente gentillement l'inconnue.

Merci. Rougissais-je. Tu m'as surprise.

Désolé, je ne voulais pas te déranger. Tu avais l'air si concentrée.

Je rougis de plus belle. Je n'aime pas qu'on me regarde dessiner car souvent, j'oublie le monde qui m'entoure et je fais donc des mimiques étranges.

Je peux voir ton dessin de plus près s'il te plaît ? Me demanda la jeune fille.

J'hochais la tête et lui tendais la feuille en la prévenant : C'est juste une esquisse.

Magnifique. Tu as un bon coup de crayon, dis-moi. Me félicita-t-elle.

Peux-tu me dire le prénom de la jeune fille ? Me demanda-t-elle ensuite en me désignant le portrait que j'avais rapidement fait d'Octavia.

Octavia. Lui répondis-je.

C'est bien ce que je me disais. C'est une de mes très bonnes amies.

Qui es-tu ? Ne puis-je m'empêcher de demander. Elle avait éveillé ma curiosité.

Clarke. Me renseigna-t-elle. Et toi ?

Madi. Répondis-je. Octavia nous a parlé de toi, c'est vrai.

Ah, c'est donc toi Madi ! Je suis au courant pour la surprise, Raven m'a mise dans le coup.

Tu connais Raven ?

Je l'ai rencontré hier soir chez Octavia.

Mais que fais-tu ici d'ailleurs ? Tu es venue prendre des cours de dessin ?

En fait, je suis venue donner des cours. Répliqua la jeune fille en souriant.

Tu vas être ma prof ? M'écriai-je, toute contente.

On dirait bien. Me sourit-elle. C'est ma première fois.

Trop bien ! M'exclamai-je avec enthousiasme. On commence quand ?

En fait, on a déjà commencé les cours en septembre mais jusqu'ici je n'avais que deux élèves. D'ailleurs, ils sont arrivés.

Je tourne la tête pour découvrir qui vont être mes camarades. L'un est blond aux yeux bleus. L'autre est brun aux yeux verts. Ils ont tous les deux un air sympathique qui m'encourage à chercher à la connaître.

Madi, je te présente Lucas et Aden. Déclare Clarke. Les gars, voici Madi. Elle va rejoindre notre cours.

Lucas. Ce nom me procure des frissons dans le dos en me rappelant des souvenirs que j'aurais préféré oublier. Un garçon portant ce même prénom m'a fait tant de mal. Il a réussi à détruire la moindre once de confiance en moi. Sans prévenir, une goutte salée s'échappe de mon œil en repensant à cette sombre période. Je déteste montrer ma faiblesse aux gens, de peur qu'ils s'en servent comme Lucas s'en est servi. C'est pour cela que je quitte la pièce en courant et me dirige vers les toilettes sans laisser aux autres le temps de comprendre ce qu'il se passe.

Madi ! S'écrie la voix de Clarke derrière moi dans le couloir.

Je continue de courir et, ne sachant pas où se trouvent les toilettes, je sors devant l'établissement pour prendre l'air. Ma vue est brouillée par les larmes mais je réussis à trouver un cube de béton sur lequel je m'effondre.

Madi, je suis désolée. Qu'ai-je fais qui t'es blessé ? M'interroge Clarke qui m'a apparemment suivie jusqu'ici.

Je me tourne vers elle et remarque une expression d'inquiétude sincère.

Ce n'est pas toi. C'est moi le problème.

Ne dis pas ça. Je ne sais pas ce qu'il se passe mais tu peux te confier à moi si tu as besoin. Je ne te jugerai pas. Me promet la blonde gentillement.

Étonnement, je sens que je peux lui faire confiance pour m'écouter sans juger ma réaction. Le besoin de me confier est plus important que la honte qui me retient de le faire.

C'est juste que ... Commençais avant de me remettre à pleurer.

Reprends ton souffle. Tout va bien.

Je respire un grand coup avant de me lancer : Lucas. C'est le nom d'un garçon qui m'a fait beaucoup de mal, autant physiquement que mentalement. Il m'a détruite. Et là, quand j'ai vu que le brun s'appelait Lucas - je ne sais pas - ça m'a déstabilisé. Je sais que tu dois trouver ça débile mais je n'ai pas contrôlé ma réaction.

Rien de cela ne me semble débile. Tu as sans doute vécu des choses détestables que le prénom de mon élève t'as rappelé. Ta réaction est tout à fait légitime.

Merci. Lui répondis-je. Merci de ne pas me juger. C'est précieux.

C'est rien. Répliqua-t-elle. Je vais te confier quelque chose. Mon père est mort quand j'avais 8 ans et ça a été très difficile. Cependant, mes amis m'ont aidé à me relever. Tu peux faire confiance à Octavia, Raven et Lincoln, tu sais. Et j'aimerai aussi que tu puisses compter sur moi.

Je suis désolée pour ton père, Clarke. Moi j'ai perdu ma mère mais j'étais trop petite pour réaliser. Lui confiai-je.
En tout cas, merci. Ajoutai-je en me jetant dans ses bras.