8. Welcome back

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Pdv Octavia
Lundi 3 septembre ~ soir

Les yeux fermés, mon corps calé contre celui de Bellamy, je ressens chaque larme qu'il laisse couler sur mon T-shirt comme une émotion vivante qu'il souhaiterait me partager. Je sais qu'il n'arrive pas à les exprimer autrement et qu'ils les a tellement refoulées que ça a dû être terriblement dûr pour lui, alors je lui laisse avoir son petit moment de faiblesse. Je ne peux pas me permettre de le juger : il a tout donné pour faire vivre ma mère, de sorte qu'il en a oublié de trouver le bonheur qu'il méritait.

J'aimerai pouvoir lui exprimer avec des mots ma compréhension et pouvoir entendre de sa bouche le récit des années qui nous ont séparés. Je lui ai déjà raconté ce qu'il s'est passé avec notre père lorsqu'il s'en prenait à moi. Je ne pouvais pas lui cacher puisqu'il me soutenait lors des cauchemars que je faisais la nuit. De son côté, je pense qu'il ne m'a partagé ses émotions les plus profondes, tout ce qu'il m'a partagé était un peu trop superficiel. Cependant, pour il exprime ce qu'il a ressenti, il faut qu'il soit prêt. Je ne veux pas le forçer. C'est pourquoi j'attends patiemment et je tente de le rassurer par ma présence.

Soudain, notre moment de partage silencieux est coupé court par le bruit du four qui sonne pour signaler qu'il est préchauffé. Cela me faut sursauter de sorte que je me défais de son étreinte. Et tout à coup, je me rappelle de l'arrivée imminente de notre mère et de tout ce que nous devons faire avant. Je me ressaisis et regarde l'heure : 19h30. Je dois sortir Bell de son instant de faiblesse même si cela me fait mal au coeur puisque je sais qu'il en a besoin. Je me tourne vers lui et comme je vois que les larmes se sont arrêtées de couler et que son visage a repris ses couleurs, je lui dit :

Bell, on doit partir chercher Maman dans moins d'une heure et rien n'est prêt. Il faut s'activer !

Oui. Merci.

C'est la moindre des choses. Tu as toujours été là pour moi quand les choses allaient mal avec Papa.

Je ne le lui laisse pas le temps de me répondre et je me lève déjà pour ramasser les citrons que j'avais lâché par terre et commencer la recette. Il se lève à son tour et, ensemble, nous finissons par concocter une tarte prête à être mise au four. Notre moment de cuisine qui se fait d'habitude dans les cris et les rires, se déroule aujourd'hui dans un calme absolu. Ce n'est pas un silence pensant, mais plutôt apaisant. Il nous permet de reprendre nos esprits avant de partir voir notre mère.

Alors qu'il glisse la tarte dans le four,  je romps le silence :
Hey Bell', si tu veux parler de tout ce que t'as enduré, tu sais que je suis là. Je serais toujours là pour toi.

Oui, merci O'. Mais là je me sens pas encore de ... fin je sais pas comment exprimer... Béguaie-t-il en crispant ses mains sur le rebord du bar.

T'inquiètes pas, je veux pas te forçer. Dis-je, compatissante. Mais je vois bien que l'air de bad boy que tu te donnes à l'école ne résout pas tout.

Je m'en veux de le voir comme ça. Pendant que je n'étais pas avec lui, je me doute que sa vie n'a pas dû être facile. Je sais qu'il s'est créé un réputation pour combler ce vide à l'intérieur de lui mais je pense qu'il me cache encore bien des secrets.

Je pose mes mains sur les siennes qui sont restées accrochées au bord du bar. Ses phalanges sont blanches tellement il sert fort. Il retire ses mains comme si il ne voulait pas que je le vois comme ça plus longtemps puis il tente de me sourire pour me rassurer. Son sourire ressemble plus à une grimace mais je sais qu'il n'est pas encore prêt à me parler alors je lui demande, pour lui changer les idées :

Tu veux qu'on passe acheter des fleurs pour maman ? On a le temps finalement.

Okay. Concède-t-il en prennant les clés sa voiture. C'est parti.

Nous sortons dans la rue et nous dirigeons vers le fleuriste en voiture. J'espère que cela va réussir à lui changer les idées pour qu'il ne fasse pas de peine à maman en le voyant si chamboulé. Il fait tant pour améliorer son quotidien qu'elle culpabiliserait de le voir comme cela. C'est bien la dernière chose que nous souhaitons.

Arrivés chez le fleuriste, nous choisissons des tulipes jaunes, ses fleurs préférées puis reprenons la route jusqu'à l'hôpital. Notre mère nous attend devant l'entrée de celui-ci sur son fauteuil roulant. Ses yeux pétillent de joie dès qu'elle nous aperçoit. Une de ses longues mèches brunes lui tombe dans les yeux. Son visage paraît fatigué mais ses traits traduisent sa joie de nous voir.

Venez là mes chéris ! S'écrit-elle en ouvrant grand ses bras pour que nous venions nous y réfugier.

Nous la prenons dans nos bras chacun notre tour. Il ne faut pas la serrer trop fort à cause de ses problèmes respiratoires mais je suis heureuse de pouvoir la prendre dans mes bras après tant d'années loin d'elle. Elle m'a énormément manqué pendant tout ce temps. Je ne savais même pas si elle était encore vivante.

Bellamy me tend le bouquet de tulipes qu'il avait caché derrière son dos. D'un signe de tête, j'accepte sa proposition silencieuse puis je me tourne vers maman et lui donne le bouquet en m'écriant :
Surprise ! C'est pour toi maman !

Merci ma grande. Et merci à toi Bell'. Vous êtes parfaits. S'écrie-t-elle à son tour en nous embrassant tous les deux du regard.

Et ce n'est pas fini... Rentrons vite, nous t'avons préparé une autre surprise ! Répondis-je en faisant parallèlement signe à Bellamy de l'aider à monter dans la voiture.

Celui-ci s'exécuta et en un clin d'œil, nous étions de retour à la maison. Maman fut ravie de la tarte que nous lui avions préparé même si elle avait un peu brûlé lors de notre absence. Le dîner se passa dans cette ambiance familiale qui m'avait tant manqué pendant notre séparation. Ce soir-là, je m'endormis heureuse en pensant à cette famille que j'avais enfin retrouvée.

Inspire le présent & expire le passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant