Rendez-vous nocturnes

14. Dispute

Harry observait tranquillement la carte du maraudeur en cogitant aux dernières paroles de Ginny quand la porte du dortoir s'ouvrit à la volée.

-Comment tu as pu me faire ça ?! Comment tu as pu lui faire ça ?!

Harry sursauta et en laissa tomber sa baguette sur le plancher.

-Hein ? Quoi ? De quoi tu parles, Ron ?

-Ne me mens pas, je sais tout ! Elle est en train de pleurer dans son dortoir à cause de toi, à cause de ce que tu lui as dit !

Et Harry comprit.

-Non, Ron, tu te trompes, laisse moi t'expliquer.

-Non, toi, laisse moi t'expliquer ! Tu peux être l'élu, tu peux être mon meilleur ami, tu peux être ce que tu veux, ça ne te donne pas tous les droits. Et encore moins celui de faire du mal à Ginny ! À ma sœur ! Personne n'a le droit de lui faire du mal !

-Ron, écoute-moi, s'il te plaît...

-Est-ce qu'au moins, tu sais dans quel état elle est actuellement ? Dans quel état elle est à cause de toi ?!

-Je n'ai pas voulu lui faire du mal, Ron !

-Peu importe si tu l'as voulu, tu l'as fait quand même. Et tu ne te soucies même pas de savoir comment elle va... Tu me dégoûtes.

-Ron, c'est faux ! Je me fais du soucis pour elle.

Et pourtant, les paroles d'Harry sonnaient faux dans sa bouche.

-Si tu te faisais vraiment du soucis pour elle, tu ne serais pas là à rien faire. Qu'est-ce que tu fais encore sur la carte ? C'est Malfoy ?! Toujours lui... Tu en oublies Ginny.

-Non, je n'oublie pas Ginny.

-Ose me dire que tu as fait attention à elle cette année. Ose. Tu crois que je suis aveugle ? Mince, tu t'es trompé. Tu ne l'as pas regardée une seule fois comme tu aurais dû le faire, tu ne l'as jamais fait sourire, tu ne l'as jamais aidée, jamais consolée, même après sa rupture avec Dean. Tu l'as laissée seule. Et tu veux savoir le pire ? C'est que quand elle était avec Dean, tu la lorgnais des yeux ! Tu la voulais, ah ça oui, tu l'aimais ! Mais dès qu'elle l'a quitté pour toi ! il n'y avait plus personne. Elle a tout donné pour toi, elle t'aime depuis toujours ! Et toi tu la laisses en plan, dans l'attente.

-Je n'ai pas voulu...

-Mais on s'en fiche de ce que tu as voulu ou non, bordel ! Le problème est là. Elle a tout donné pour toi, elle a quitté Dean, elle t'a remplacé comme attrapeur l'année dernière, elle ne t'a jamais lâché, elle a toujours été là pour toi. Elle t'a aimé ! Et elle t'aime encore ! Mais toi, en tant que bon petit égoïste, tu ne penses qu'à toi ! Toi et Malfoy, toi et Dumbledore, toi et tes missions secrètes et tes sorties nocturnes ! Tu crois que je ne l'avais pas remarqué ?! Oui, je sais ! Mais on s'en fiche de tes promenades la nuit, on parle de Ginny !

-Je... Ron, c'est faux...

-Tu n'en avais rien à faire d'elle, en réalité. Tu l'as laissée attendre, attendre, et attendre. Tu ne lui as plus jamais donné de signe, plus rien. Et pendant ce temps, elle, elle continuait de croire. Mais est-ce qu'une seule fois au moins, tu as pensé à elle ? Est-ce qu'une seule fois au moins, tu t'es soucié de ce qu'elle pensait, ou de ce qu'elle ressentait ? Est-ce qu'une seule fois, tu t'es mis à sa place ? Jamais. Jamais.

-Je suis désolé. Vraiment désolé.

-Je crois qu'il est un peu tard pour être désolé.

Et sur ces mots, Ron sortit, la voix tremblante de colère et de toutes sortes d'émotions bien trop compliquées à gérer.

oOo

-Tu penses qu'il m'en voudra pendant longtemps ?

Harry avait très mal digéré sa dernière conversation, si on pouvait l'appeler comme ça, avec Ron.

-Harry, je t'en prie, sers-toi de ton cerveau, soupira Hermione. Bien sûr qu'il t'en voudra sûrement pour un petit moment. Je sais que c'est dur, mais lui a beaucoup souffert. Ginny est sa sœur.

-Je te jure que je voulais pas lui faire de mal, je ne savais pas qu'elle m'attendait comme ça.

Hermione le fusilla du regard.

-Bien sûr que si, tu le savais, qu'elle t'attendait. Simplement, tu étais trop occupé par d'autres choses plus importantes. Harry, on le sait tous les deux, tu as été un pur abruti. Et Ron n'est pas le seul à t'en vouloir.

-Quoi, toi aussi ?! Enfin Hermione, c'est déjà suffisamment compliqué avec Ron, si tu t'y mets...

-Peut-être que tu verras enfin ce que tout le monde essaye de te montrer depuis des semaines, Harry.

Elle le fusilla une nouvelle fois du regard, et Harry eut l'impression d'être aussi transparent qu'un fantôme.

-Qu'est-ce que tu veux dire ?

-Je veux dire qu'il y a des choses qui méritent un peu plus d'attention que ce que tu veux bien leur donner. Et je ne parle pas uniquement de Ginny.

Harry la regarda fixement, comme s'il ne l'avait jamais vue.

-Non, Harry, je ne te dirai pas tout. Il est temps que tu te rendes compte que le monde ne tourne pas uniquement autour de toi, et que les autres aussi vivent des choses compliquées.

Et elle partit, exactement comme Ron l'avait fait quelques heures plus tôt. Harry resta donc seul au beau milieu de la bibliothèque silencieuse. Il sortit sans ranger les livres qu'Hermione avait laissés, et fonça dans la salle sur demande.

Il arriva à destination une boule dans la gorge, et souhaita de toutes ses forces un endroit qui pourrait lui faire oublier tout ce qui s'était passé durant cette journée catastrophique. La porte se montra, puis s'ouvrit.

Une grande pièce semblable à la salle commune des Gryffondor se tenait devant Harry, avec des caisses entières de bièraubeurre et de whisky pur feu. Le Gryffondor hésita un instant, puis se décida, s'avançant franchement dans la pièce. Tant pis, un petit écart d'alcool ne pouvait pas lui faire de mal. Et il avait vraiment besoin d'oublier.

oOo

Chapitre de 1054 mots.

La suite est au prochain chapitre, j'ai décomposé parce que ça me semblait long pour une même scène sinon :)