Rendez-vous nocturnes

19. Comme avant

Merlin seul savait à quel point Harry devenait de plus en plus important aux yeux de Draco. Le peu de temps où ils ne s'étaient pas vus, Draco avait été au plus mal. Sans arrêt, à n'importe quel moment de la journée, une petite voix dans sa tête lui susurrait qu'il n'aurait pas dû s'emporter, et que Potter lui manquait beaucoup plus que la normale.

Mais si seulement cette petite voix s'était arrêtée là... Il y avait toujours ce petit truc, quand Potter le regardait, il y avait toujours ce petit truc au creux de ces bijoux d'émeraude qui semblaient le sonder lorsqu'ils le regardaient.

Et cela commençait à inquiéter Draco. Pourquoi le simple fait de savoir que Potter le regardait lui donnait-il ce sentiment de grandeur, et pourquoi son cœur s'accélérait-il ainsi rien qu'à sa vue ou à sa pensée ?

Autre problème pour Draco, il s'était plusieurs fois fait la réflexion que Potter était tout bonnement magnifique. Ces cheveux en bataille, ces yeux profonds et signifiants de tant de choses, ce magnifique sourire qui pouvait faire succomber n'importe qui. Le problème étant que normalement, Draco n'aurait pas dû être touché par cet aspect d'Harry, et que malheureusement - ou heureusement, selon le point de vue - Draco faisait maintenant partie de ceux qui succombaient au charme d'Harry Potter.

Et encore, si c'était le seul problème ! Trouver Potter magnifique était certes dérangeant, mais ça pouvait passer. Mais lors de leur dernier rendez-vous à la salle sur demande, Draco n'avait pas su tenir sa langue, et il avait dévoilé les plus profonds secrets de sa famille et de ses ambitions concernant Voldemort que personne n'était censé connaître.

Potter était quelqu'un de très influent, et s'il voulait lui pourrir la vie, il réussirait sans aucun problème. Et même si Draco adorait retrouver Potter dans la salle sur demande ainsi, il ne fallait pas que Potter devienne un obstacle à sa mission. Et il était en train de le devenir.

Comme les soirées de Draco étaient déjà monopolisées, il ne trouvait plus le temps de réparer l'armoire à disparaître, et son travail n'avançait pas. Il fallait absolument qu'il termine de la réparer avant la fin de l'année, ou il risquerait d'en payer les conséquences... Lui, ou bien sa mère.

Sa pauvre mère qui attendait patiemment au manoir le retour de son mari, de son fils, et qui devait se sentir bien seule...

Aussi, plus le temps passait, plus Draco se rendait compte qu'il n'avait vraiment, mais vraiment pas envie de faire partie des partisans de Voldemort. Malheureusement pour lui, il était un peu trop tard pour s'en rendre compte. Mais il découvrait avec Potter un autre aspect de cette guerre, de toute sa vie. Et il commençait vraiment à voir les choses différemment. Maintenant que son père n'était plus là pour lui embrouiller les idées, il parvenait à penser par lui-même, et il se rendait compte d'un nombre de choses incalculable.

Par exemple, que le fait d'avoir de l'argent ne rendait pas meilleur, ou plus fort. Qu'il était possible de s'attacher à quelqu'un du camp adverse, comme il l'avait fait avec Harry, et surtout, le plus important, qu'il avait le droit de ressentir des émotions, d'être humain. Il avait le droit de pleurer - même s'il détestait le faire - , d'être en colère, et il avait le droit d'aimer.

Dans la matinée, Draco reçut un courrier de sa mère, ce qui l'inquiéta beaucoup, bien qu'il n'en montra rien. Sa mère lui écrivait rarement, depuis que le courrier était arrivé, ou alors elle s'arrangeait pour cacher ses messages par d'autres moyens, comme Severus, alors recevoir une missive en pleine semaine n'était clairement pas bon signe.

Cher Draco,

Comment vas-tu ? J'aimerais dire que ça va ici, mais ce n'est pas vraiment le cas. Je suis toujours seule à la maison, mais je doute que ce soit le cas pour très longtemps. Je t'avais déjà parlé d'une prochaine évasion pour ton père, et je rajouterai juste qu'elle risque de se dérouler plus tôt que prévu. Ton père reviendra donc sûrement à la maison, mais il y aura sans aucun doute Bellatrix avec, ainsi que d'autres mangemorts qui ont tout perdu au moment de leur arrestation.

Ce sera donc sûrement compliqué, avec beaucoup de mangemorts à la maison, et j'en viens donc à un autre fait. Tu ne dois absolument pas revenir à la maison pour les vacances de Pâques. Reste à Poudlard et concentre toi sur ta mission, il faut absolument que tu réussisses à réparer cette armoire, c'est le seul moyen. Tu connais les enjeux.

Je pense que le seigneur des Ténèbres n'a pas lâché son idée de s'installer chez nous, mais je pense qu'il ne fera rien avant le retour de Lucius, ou du moins, je l'espère.

Passe le bonjour à Severus de ma part,

Je t'aime mon fils,

N.M.

Draco rangea la lettre et sortit immédiatement de son dortoir, pris d'un besoin immédiat de respirer de l'air pur. Il sortit directement vers le terrain de Quidditch, où il trouva Potter, perché sur un balai à une trentaine de mètres de hauteur. Exactement comme la dernière fois qu'ils s'étaient croisés sur le terrain. Et sans savoir pourquoi, Draco éprouvait le besoin irrésistible de se confier sur la lettre de sa mère. Et justement, Potter était là pour ça. Il fallait juste qu'il soit suffisamment rigoureux pour ne pas faire de gaffe. Et puis de toute façon, il avait déjà franchi le cap, alors autant en profiter.

-Toujours perché aussi haut ? lança-t-il pour engager la conversation.

-Je te l'avais pas dit ? Mon ambition secrète est de devenir un oiseau, répondit Potter le sourire aux lèvres.

Draco ricana, tandis que Potter semblait aux anges de son arrivée.

-Ça va ?

-C'est un peu bizarre à dire, mais je crois que j'avais envie que tu viennes sur le terrain, avec moi.

-Je te manque tant que ça ? répondit Draco avec un sourire en coin. C'était quand la dernière fois qu'on s'est vus ? Une dizaine d'heures ?

-La ferme... Je suis sûr que toi aussi tu étais content de me voir !

-Je voulais juste voler un peu, me changer les idées.

-Pourquoi ? Qu'est-ce qui s'est passé ?

Draco trouva la manière dont Potter s'inquiétait terriblement mignonne, et il ne put que s'expliquer devant cette subite attention.

-Je vais chercher mon balai et je t'explique pendant que j'attrape le vif d'or sous ton nez, répondit-il, mesquin.

-C'est ça, c'est ça... C'est moi qui gagne à chaque fois, et ce n'est pas prêt de changer.

Draco ne répondit rien, mais son sourire s'était ravivé, et il en avait complètement oublié la lettre de sa mère. C'était dingue comme Potter avait ce pouvoir de chasser toutes les pensées de son esprit pour envahir toute la place.

Plus tard, Draco expliqua tout à Harry, hormis ce qui pourrait le compromettre, et Merlin seul savait à quel point Draco se sentait mieux maintenant, les pensées vidées et Potter à ses côtés.

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Chapitre de 1173 mots.