Rendez-vous nocturnes

21. Clins d'œils

Draco sentait un regard lui brûler le dos. Pourquoi Potter se sentait-il toujours obligé de le regarder à longueur de journée ? Surtout lorsqu'il était concentré à changer son perroquet en réveil-matin !

Draco essaya d'ignorer ce regard plusieurs fois, mais sans réussite. Il ne pouvait juste pas, et c'était sans aucun doute uniquement parce que c'était Potter. Il se retourna alors, prêt à lancer une remarque désagréable - au moins pour éviter les soupçons, se justifia-t-il - mais la lueur de malice dans les yeux de Potter le fit changer d'avis immédiatement. Draco se perdit dans ce regard et revint brusquement à son travail, donnant toute sa volonté pour ignorer Potter.

Mais évidemment, ce fut sans résultat. Il ne parvenait pas à se concentrer sur son oiseau qui piaillait, et tout ce qu'il avait en tête, c'était Potter. Potter qui se permettait de ne pas suivre le cours pour le déconcentrer, Potter qui ne quittait pas son esprit.

Draco tenta une technique. Il fit mine de s'adresser à Crabbe qui était situé deux rangs derrière lui, juste derrière Potter, et se mit à grogner.

-Potter, tu gâches la vue, écarte-toi, railla-t-il, plutôt fier de lui.

-Dis plutôt que c'est moi qui rends la vue plus agréable, entendit-il en se retournant.

Draco ne s'était pas attendu à ce que Potter réponde, et surtout pas de cette façon et devant ses amis. Et il ne s'était pas attendu non plus à ce que lui-même soit d'accord avec ce qu'avait dit Potter. Il rougit et pesta, bien qu'il soit plus amusé qu'autre chose.

Derrière lui, il pouvait presque entendre les questions de la belette et de la sang-de-bourbe, qui devaient être éberlués. Draco aurait payé cher pour pouvoir voir leurs têtes.

Un peu plus tard dans le cours, il entendit un gros bruissement d'ailes et eut juste le temps d'apercevoir un perroquet s'envoler par la fenêtre de la classe. Il s'orienta pour voir qui était l'imbécile qui avait laissé s'échapper son perroquet, et aperçut Potter, rouge de gêne.

-Que s'est-il passé, Potter ? questionna McGonagall, l'air désespéré.

-J'ai essayé de le transformer, mais... je ne suis pas très sûr que ça lui ait plu, professeur...

-Allons Potter... Allez chercher un autre perroquet dans la cage, souffla-t-elle en fermant la fenêtre.

Potter se leva et alla chercher son oiseau, tandis que Draco en profitait pour admirer la vue, parfaite à son goût. Mais quand Potter arriva à sa hauteur, Draco lut sur son visage qu'il l'avait grillé. Potter lui fit un clin d'œil dévastateur, et Draco eut soudainement très chaud.

-Professeur, je crois qu'on devrait ré-ouvrir la fenêtre, Malfoy va s'évanouir.

Cette fois, Draco crut vraiment défaillir. Il était à la fois tant énervé contre Potter, mais il était forcé de reconnaître que c'était un coup très bien joué. Il voulait jouer à ça ? Très bien, mais il allait devoir faire attention à lui. Mais en attendant, McGonagall le regardait comme s'il allait tomber d'une seconde à l'autre.

-Vous voulez aller à l'infirmerie monsieur Malfoy ?

-Non merci, ça va aller, professeur. J'ai juste eu... un vertige.

Tandis que la professeur s'éloignait, Draco reçut un bout de papier sur sa table.

Remis de tes émotions ?

Draco ricana nerveusement et attrapa un autre bout de papier.

Non, pas vraiment, je pense que j'aurais besoin d'un massage tout à l'heure, dans la salle sur demande ;)

Il aurait bien aimé voir la réaction de Potter quand il avait lu le message.

oOo

-Tu jouais à quoi avec Potter en cours ? demanda Zabini quand Draco et lui furent seuls dans le dortoir.

Zabini était le seul vrai ami de Draco, hormis Potter, si on le considérait comme un ami. Et Draco n'aurait aucun mal à tout lui confier, il savait que Blaise ne partageait pas non plus toutes les idéologies des Sang-Pur et qu'il lui était déjà arrivé de ramener des garçons dans son lit. Comme Draco, en fait, sauf que Draco ne se dévoilait pas non plus à toute l'école à propos de son homosexualité. Zabini se le permettait, lui. Mais sa famille était quand même déjà un peu plus souple.

-Il s'est lancé dans un jeu dangereux. Il faut que je prépare ma vengeance.

-Depuis quand tu t'entends avec Potter ?

-Disons qu'on a décidé il y a quelques temps de ne plus se haïr.

-Fais attention quand même, on pourrait croire que vous vous aimez.

-N'importe quoi ! s'écria précipitamment Draco.

Trop précipitamment pour ne pas être suspect. Zabini ricana.

-Tu as vu comme tu le lorgnais des yeux ? Tu ne t'es pas gêné !

-J'ai tout de même le droit d'admirer le paysage, non ? Et c'est de sa faute à lui, il n'a qu'à pas avoir un cul aussi magnifique, ajouta-t-il dans sa tête.

-Tu es aussi lisible qu'un livre ouvert...

Draco secoua la tête.

-Et toi aussi stupide que Crabbe et Goyle.

Zabini ignora la remarque.

-Tu es en train de tomber amoureux...

-Mais qu'est-ce que tu racontes ? Bien sûr que non ! On parle quand même de Potter !

-Draco, je te connais... Tu t'attaches de plus en plus à lui, quitte à ne plus écouter en cours, tu penses à lui tout le temps - vraiment tout le temps - mais tu continues de t'acharner à dire que non, tu ne l'aimes pas.

-Blaise, tu confonds tout. Il y a une différence entre ne pas détester et aimer.

-Draco, sérieusement. Tu ne dois pas oublier tes devoirs, tu sais que ça sera compliqué.

-Je sais, on est dans les camps opposés, mais puisque je ne l'aime pas, il n'y a pas de problème ! Tu te compliques la vie pour rien.

-Non, c'est toi qui est bouché. Alors admettons que tu aies raison, que tu ne l'aimes pas. Tu finiras par devenir trop attaché, à trop l'aimer, et à ce moment-là, qu'est-ce qui se passera ? Qu'est-ce que tu feras ?

-Je ne m'attacherai pas, c'est aussi simple que ça.

-Draco ! Tu es plus têtu qu'un gnome ! Je te parle d'un sérieux problème ! Je ne te dis pas de mettre de la distance entre toi et Potter, et je ne suis personne pour le faire, mais... Fais attention, d'accord ?

Draco ne comprenait pas très bien tout ce que lui disait Blaise, mais soit. Il avait juste à éviter de tomber amoureux de Potter. Ce ne devait pas être si compliqué, si ?

Draco n'eut pas de réponse, mais un sentiment étrange l'envahit. Pendant un instant, il eut l'impression que c'était déjà trop tard, et qu'il était déjà bien trop attaché à Potter. Qu'il était déjà bien trop amoureux.

oOo

Chapitre de 1096 mots.

Alors ? ;)