29. Après le drame

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-Tenez. Le souvenir de Slughorn.

Harry aurait dû se réjouir d'avoir soutiré cette fiole à son professeur des potions, mais plus rien ne le réjouissait. Plus depuis que Draco n'était plus là. Le verbe "sourire" lui était devenu étranger, les mots "bonheur" et "joie" encore plus.

Harry n'arrivait même pas à comprendre pourquoi il s'était tant attaché, il n'aurait jamais dû. Draco se trouvait actuellement à l'infirmerie, depuis trois longues semaines. Rogue était arrivé juste à temps, et avait sauvé le Serpentard du sort qu'Harry lui avait lancé. Sectumsempra. Le sort du Prince de Sang-mêlé, le sort qu'Harry avait jeté sans même en connaître les effets.

L'affaire n'avait pas été ébruitée, étrangement, et Harry avait juste écopé de retenues jusqu'à la fin de l'année scolaire. Le Gryffondor était même étonné de ne pas déjà être enfermé à Azkaban.

Mais le pire, c'était qu'il se sentait vide, détruit. Il tenait tant à Draco, il représentait tout pour lui. Et savoir qu'il lui avait menti tout le long l'avait rendu dingue. Harry ne cessait de se demander si toute leur histoire n'avait été qu'un jeu, qu'une ruse pour que Voldemort puisse mieux contrôler Harry.

-Harry, tu n'es plus avec moi.

-Désolé, professeur Dumbledore.

Harry n'était pas désolé le moins du monde.

-Quelque chose te tracasse, Harry ?

Le concerné serra les dents. Dumbledore savait parfaitement bien ce qui le tracassait, comme il disait.

-Vous m'aviez dit que Dra... Malfoy n'était pas quelqu'un de facile. Qu'est-ce que vous sous-entendiez ?

-Je vois... J'en conclus que tu as connu ton premier chagrin d'amour.

-On se fiche bien de mes histoires. Qu'est-ce que vous vouliez dire ?

Harry se fichait bien d'être poli. Il haïssait tout en ce moment, Dumbledore inclus.

-A quoi bon, Harry ? Tu le sais très bien. Draco Malfoy n'a pas connu l'amour. Je pense que tu es aussi sa première histoire sérieuse, la première personne à laquelle il s'est attachée. Les premiers amours sont rarement les bons, Harry.

-Je le hais.

Dumbledore sourit discrètement, mais Harry ne le remarqua pas.

-Tu dois savoir que j'ai fait tout mon possible pour que votre altercation dans les toilettes reste discrète. Seuls les professeurs - et monsieur Malfoy bien entendu - sont au courant. Je n'accorde que très peu d'importance aux raisons de votre dispute, mais... Harry, le professeur Rogue dit avoir reconnu le sort que tu as lancé. Un sort de magie noire, très noire.

-Je sais. Je ne connaissais pas ses effets.

-Tu as fait preuve d'une grande imprudence... Heureusement que Severus est arrivé à temps. Sans quoi monsieur Malfoy ne serait plus parmi nous aujourd'hui.

Harry se sentit plus coupable que jamais. Mais une chose le perturbait encore plus.

-Professeur, puis-je vous poser une question ?

-Je t'en prie.

-L'année dernière, au ministère, Bellatrix a dit qu'il fallait le vouloir. Pour faire du mal à quelqu'un. Pour lancer un Doloris, par exemple. Elle a dit qu'il fallait souhaiter faire souffrir. Et...

Une boule se forma dans la gorge du Gryffondor.

-Je lui ai fait du mal. Il est à l'infirmerie à cause de moi. Ce qui veut dire que j'ai voulu lui faire du mal. Est-ce que je suis comme Voldemort ? Professeur, je vous en supplie, répondez-moi. Dites moi que je ne suis pas comme lui.

-Non, Harry, je ne pense pas que tu sois comme Voldemort. Lui est... le mal incarné. Il vit de la souffrance des gens. Je pense que tu n'étais pas maître de toi-même au moment de tes actes, que tes émotions t'avaient submergé. Et c'est bien le problème. Tu dois garder tes émotions sous contrôle, elles sont ta plus grande faiblesse.

-Je n'y arrive pas... Et si ça se reproduisait ? Et si je devenais comme lui ? Comme Voldemort.

-Harry... Je crois que Sirius te l'avait dit. Tu n'es pas comme lui, et tu ne seras jamais comme lui. Tu ne t'es donc pas demandé pourquoi tu n'avais eu comme punition que des retenues ?

-Je me suis dit que c'était parce qu'envoyer Harry Potter à Azkaban par les temps qui courent vous ferait perdre votre travail, ou que l'affaire ruinerait la réputation de l'école, avoua Harry.

Dumbledore sourit une nouvelle fois tristement.

-Veille simplement à ne jamais refaire la même erreur. Et va jeter ce livre.

Harry sourit tristement, et sortit du bureau du directeur, la tête baissée.

oOo

En arrivant dans la salle commune des Gryffondor, Hermione lui jeta un regard attendri. Harry ne lui avait pas expliqué, comme elle n'avait jamais été au courant de l'avancée de sa relation avec Draco, mais elle avait tout de suite deviné que quelque chose n'allait pas, et elle n'avait posé aucune question, respectant le silence d'Harry, qui lui en avait été très reconnaissant.

Harry lui adressa un maigre signe de tête, et s'affala dans son lit. Il resta un long moment sans rien faire, puis il enfila sa cape d'invisibilité et sortit du dortoir. Il traversa les couloirs en traînant des pieds, et montait les étages le plus lentement possible, comme s'il souhaitait repousser le moment qui devait arriver. Le moment où il se trouvait face à une grande porte et entrait dans la pièce où il avait passé presque toutes ses soirées depuis des semaines.

La Salle sur Demande n'avait pas changé. Harry n'avait même pas eu l'intention de la garder telle qu'elle l'était quand Draco était avec lui, il n'avait pas réfléchi, et la salle s'était décorée toute seule.

Harry s'installa sur le canapé sur lequel il s'installait toujours avec Draco, et contempla la pièce. Il n'était pas revenu depuis ce jour fatidique qui avait mis fin à sa relation avec le Serpentard. Se souvenir lui faisait trop mal, Harry aurait préféré oublier, tout oublier. Et pourtant, les moindres détails hantaient encore son esprit. L'odeur de Draco, ses cheveux d'un blond presque blanc, sa fossette sur la joue gauche, Harry n'avait rien oublié. Draco semblait encore là. Harry sentait presque sa présence.

Mais non, il n'était pas là. Il était cloué dans un lit d'infirmerie depuis trois semaines par sa faute, et quand il sortirait enfin, il rejoindrait son cher maître.

C'était ce qu'Harry se disait tout le temps pour se consoler. Il se répétait sans cesse qu'il détestait Draco, que celui-ci n'était qu'un mangemort, et qu'il n'en valait pas la peine. Détester son ancien amant lui faisait du bien, ou en tout cas, c'était toujours mieux que de continuer à se faire des idées. Harry ne détestait pas Draco, il en était incapable. Tout l'amour qu'il lui portait l'en empêchait.

Harry ferma les yeux et s'endormit, rapidement hanté par de sombres rêves. De sombres rêves qui n'étaient jamais venus le troubler en présence de Draco.

oOo

Chapitre de 1143 mots.

Désolée pour le manque d'action dans ce chapitre, mais je trouvais important de faire une pause pour un peu tout démêler.

Zoubiiii <3

Rendez-vous nocturnesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant