31. Le manoir Malfoy

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Les mois avaient passé, lentement mais sûrement. Draco n'avait plus revu Harry depuis le jour de la mort de Dumbledore. Il se souvenait seulement d'une chose. La dernière fois qu'il avait croisé le Gryffondor, la toute dernière.

C'était dans les escaliers du château, alors que la pagaille retournait tout Poudlard. Les cris fusaient, de même que les sorts, dont des impardonnables. La bataille qui avait opposé les mangemorts aux élèves avait été redoutable et avait causé de nombreux blessés.

Draco se souvenait tout particulièrement d'un moment vers la fin de la bataille, où il avait croisé Harry dans les escaliers, le cœur battant encore de l'adrénaline du moment passé dans la tour d'astronomie. Draco tentait alors de s'échapper, sous le choc, et il avait bousculé Harry sur son passage, ne le voyant pas. Et au moment où il allait insulter l'individu qui avait osé lui rentrer dedans, il avait reconnu Harry.

Harry et ses cheveux en bataille, Harry et ses magnifiques yeux émeraude, Harry et tout son être divinement parfait qui avait conquis le cœur et l'âme de Draco.

Draco se figea. Quelque chose dans le regard d'Harry lui indiqua qu'il savait tout. Le blond se décomposa, son monde s'était arrêté pour ne comprendre plus que les prunelles vertes de Potter. Il avait cessé d'entendre la voix de son parrain lui hurler de se dépêcher, et les cris stridents de Bellatrix quand elle touchait un adversaire ne lui martelaient presque plus les tympans.

Harry semblait aussi être hors du temps. Puis soudain, tout reprit son cours.

Draco voulut dire quelque chose, mais aucun son ne sortit. Harry le regarda tristement, mais étrangement, Draco n'y décela aucune colère. Simplement de la peine et de l'amour. Beaucoup d'amour. Le Gryffondor tendit une main légère devant lui, comme s'il souhaitait que Draco la prenne. Le Serpentard tendit lui aussi une main tremblante, mais ne s'approcha pas pour attraper celle d'Harry. Il aurait bien aimé pouvoir le faire, mais c'était impossible.

Harry sourit tendrement, et une larme coula sur sa joue. Draco n'était pas mieux. Une énorme boule dans sa gorge l'empêchait de dire quoi que ce soit et sa vision était brouillée par les larmes qui affluaient.

Severus lui hurla de se dépêcher, et Draco s'exécuta, non sans jeter un dernier regard à Harry, son Harry.

Avant de tourner définitivement la tête, il aperçut les lèvres de son ancien amant bouger pour former un inaudible "je t'aime".

En y repensant, Draco se sentait stupide. Et surtout, il n'était même pas sûr de ce qu'il avait vu. Il avait sûrement rêvé, le choc de la mort de Dumbledore lui avait sans aucun doute retourné le cerveau.

Et pourtant... Il espérait tant qu'il ne se soit pas trompé, qu'Harry lui ait bien adressé ces mots. Draco aurait voulu pouvoir les lui rendre.

Au manoir, les jours se ressemblaient tous, si bien que Draco n'avait plus aucune notion du temps. Tous les jours, c'était la même routine : sa mère venait le réveiller, il prenait son petit déjeuner seul, les mangemorts apportaient de nouvelles captures pour qu'elles soient tuées par Voldemort au moment du repas de midi, puis l'après-midi, il était souvent appelé pour aider les autres partisans avec des captures rebelles. De temps en temps - quand les prisonniers avaient une place importante ou étaient nécessaires dans un plan de Voldemort - il devait les soigner, pour qu'elles soient à nouveau en état d'être torturées le lendemain. Le soir, Voldemort présentait ses plans tordus et malsains et tous ses chiens lui dressaient des éloges. Draco passait le reste de ses soirées seul dans sa chambre, à pleurer sa situation et le vide qu'avait laissé Harry.

Sa propre vie le dégoutait. Il aurait aimé fuir, partir loin, très loin, avec Harry. Il se demandait sûrement où il était, et comment il s'en sortait. Draco se souvenait encore de cette soirée où le Gryffondor lui avait confié la mission que Dumbledore lui avait confiée pour tuer Voldemort. Il se souvenait parfaitement de ce que devait faire Harry, et ce qu'il était donc sûrement en train de faire pendant que Draco maudissait ses jours au manoir.

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