Prix & Valeur

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"Le cœur à ses raisons que la raison elle-même ignore." Cette citation qualifie bien ce que je ressens à cet instant où ma vie prend un tournant qui aura un impact important sur mon présent et surtout mon futur.
Mon nom est Viola Johana Perez, je suis dominicaine. J'ai passé toute ma jeunesse et une partie de mon âge adulte à Santiago mais  depuis la mort de mon père, je suis venue dans l'ouest de l’île pour, non seulement acquérir une partie de l’héritage culturel que m'a laissé ma mère, ne l'ayant pas connu de son vivant, mais aussi pour fuir le reste de la famille de mon père, désireux de me voler la fortune qu'il m'a léguée à sa mort il y a deux ans.
De toute ma vie, je n'ai jamais cru que j'allais trouver l'amour, pas de cette manière et surtout pas dans cette ville. Le simple regard des gens à mon encontre lorsque je sors pourrait être suffisant pour que je me suicide, ou pour selon eux "retourner dans le droit chemin" si je n'avais pas cette force de caractère. J'ai rapidement envoyé paitre les regards insistants sur les vêtements que je portais, sur ma coupe de cheveux, sur ma façon de marcher, de parler... bref, tout ce que je faisais était épié et critiqué. Ma fortune et la couleur de ma peau sont d'une part des raisons qui m'ont épargnées des insultes directs, n’empêche, qu'il y en a quand même eu certaines personnes qui ne voulaient pas lâcher l'affaire. On ne va pas se le cacher, dans l'ouest comme dans l'est de l’île, le racisme fait rage. Les gens de peau claire se sentent supérieur aux autres et se tassent entre eux, ne laissant que quelques hommes et femmes de couleur entrés dans leur cocon.
Je suis de celles qui ne regarde pas la couleur de peau, ni le sexe d'une personne pour m'entendre avec. Je m’intéresse plus sur ce que la personne est en général, ses qualités, ses défauts, ses habitudes et surtout ses sentiments. C'est ce qui m'a poussé à tomber sous le charme de cette métisse au tempérament bien trempé.
Alors que je me préparais à finir ma vie seule, elle est apparue et a bouleversé tous mes plans.
J'aime les femmes et je les ai toujours aimé. Je pense que ça remonte a très loin, quand j'ai échangé pour la première fois de ma vie, un chaste baiser avec Maïtée, ma meilleure amie de l’époque. À peine âgé de 12 ans que je reluquais déjà les  jolies filles du pensionnat. Ceci m'a été imposé et je ne peux pas vraiment m'en défaire.
Si j'ai déjà été avec des hommes? Bien sûre, ce serait difficile de rester parmi des adolescentes et ne pas parler du sujet le plus intéressant pour elles "les garçons". Par contre, "fuir le naturel et il revient au galop". J'ai décidé de totalement abandonner l’idée qu'un homme fasse partie de ma vie lors de ma vingtième année, après ma dernière relation avec cette fille qui m'a ouvert les yeux sur qui j’étais réellement. 
L'amour avec Aline est un partage de paix et de sérénité, j'avoue qu'il y a aussi la folie et la gourmandise car on n'en a jamais assez. Mon corps a toujours faim d'elle et le sien me cri de m'attacher à elle à jamais. Sa situation de vie actuelle nous laisse affamée de bonheur. Le soir c'est d'elle que je rêve et c'est avec elle dans mes pensés que j'arrive à surmonter mes journées.
Encore un matin que je me réveille seule, sans les bras de celle que j'aime. Ayant passé une bonne partie de la journée d'hier en sa compagnie, j'ai encore envie d'elle. J'aimerais qu'elle soit à moi, avec moi pour prendre soin d'elle et partager toute la joie que je ressens quand elle est près de moi.
Je m’étire en poussant un grognement, agacée de cette solitude qui me pèse.
La routine s'installe petit à petit dans mes journées. Une petite séance de sport, un bain, la cuisine suivi de mon déjeuné et puis passer des heures et des heures à regarder mes séries. Par moment je reçois la visite de la belle Diane qui me donne des nouvelles de son amie.
Depuis qu'Aline me l'a présenté comme étant sa meilleure amie, Diane s'est beaucoup rapprochée de moi, elle au moins elle sait ce qu'elle veut, contrairement à son amie.
Elle me confie son envie d'abandonner la vie qu'on lui a imposée afin d'ouvrir son entreprise de vêtements. Diane m’émerveille tellement, entre son français créolisé et ses attitudes de folles, les moments passés en sa compagnie resteront la meilleure thérapie pour oublier mes soucis de cœur. D'autant plus que ces derniers se font bien plus présents que ce que je ne l'aurais imaginé.
Fatiguée de toujours rester cloîtré chez moi à espérer la visite d'Aline, ce soir, je décide de sortir, faire un tour dans le bar où d'habitude ma copine se retrouve à attendre l'homme qui partageait sa vie.
Elle a beau essayé de me dissuader de m'y rendre, je ne pouvais pas m’en empêcher. Ne pas savoir ce qu'elle fait me laisse imaginer le pire.
Putain, qu'est-ce qui m'a prit d'aimer une prostituée? Boff, l'amour ne demande pas de permission, et on se fiche pas mal des raisons, non?

Chronique de ViolineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant