Suite

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À mon entrée, la chaleur de l'espace électrise déjà ma peau. Je cherche Aline et ne la retrouvant pas, je rejoins une table un peu à l’écart du hall de dance. Je ne reste pas seule trop longtemps car j'ai retrouvé une amie qu'une de mes ex m'avait présentée.
On partage un moment agréable quand de loin, je remarque Aline dragué un homme sur le bar.
Je la suis du regard, me désintéressant complètement de ce que mon interlocutrice me racontait.
Elle ne pouvait pas s'en empêcher!
- Mais répond Viola. Me répète mon amie, voyant le peu d’intérêt que je porte à son histoire.
- Désolé je dois partir.
Je lui réponds froidement et me lève pour rejoindre Aline. À ma vue elle me fit de gros yeux comme pour éviter que je vienne vers elle. Mais je ne fait qu'à ma tête et m’assoies juste à côté d'elle.
Ma facette possessive refait surface. Je fais tourner sa chaise pour qu'elle soit bien en face de moi.
- Tu fais quoi? Chuchote-t-elle.
- Ce soir je serai la seule personne qui te baisera.
Sur ce, je lui tire la main pour partir mais l'homme qu'elle chauffait était visiblement intéressé par ses avances car il la retient par l'autre bras.
- Tu vas où toi. je te donne 500, c'est bon. Lui dit l'homme sans faire attention à ma présence.
- Moi je lui donne 10 000, tu peux rivaliser? Vas-y bouffon, lâche la.
- Ça ne fait rien, elle prend les deux cette petite vicieuse. Répondit-il avec les yeux déjà dilatés et sa bosse bien visible à travers son jeans.
Je n'avais qu'une envie c'était de lui cracher au visage, lui mettre mon poing dans sa gueule de pervers jusqu’à lui faire avaler toutes ses dents. Voyant ma colère qui risquait d'exploser, Aline s'interposa entre nous, elle recale l'homme vulgaire et me prit par les bras pour sortir hors du bar.
- Je t'avais dit de ne pas venir Viola. Me reproche la jeune femme dans un coin reculé.
- Si je n’étais pas là, tu partirais avec ce vieux pervers pour 500 dollars.
- Oui, comme d'habitude, chaque soir je vends mon corps mais ce n'est que ça, Viola ce n'est que du sexe. Me dit-elle en me prenant dans ses bras.
- Je ne veux pas t'entendre, si c'est pour me dire ces idioties. Je préfère partir. Je lui réponds en partant en direction de là où j'avais garé ma voiture.
Elle m’arrête dans mon élan et se jette sur mes lèvres, c'est parti pour un baiser langoureux. Je suis très énervée et ce baiser ne me suffira pas. Nous rentrons dans la voiture et je mets le moteur en route, direction chez moi. Je ne peux plus attendre, on a même failli nous écraser à plusieurs virages.
Un silence réconfortant planait entre nous, elle a gardé ma main dans les siennes comme pour se rassurer de ma présence.
Je la kidnappe une deuxième fois, à la seule différence, la fois dernière elle était inconsciente.
À peine arriver qu'elle s'agrippait déjà à moi pour me dévorer les lèvres. Son petit corps svelte pesait une plume, je la prends par la taille et nous fais sortir de la voiture, je ne sais plus comment j'ai trouvé mes clés, l'essentiel est qu'on était déjà dans ma chambre quand je repris connaissance.
Aline me fit passer une nuit de folie entre les multiples orgasmes qu'elle a eu et les hurlements de plaisir qu'elle a balancé dans mes oreilles, j'avais presqu'oublié que j’étais en colère contre elle.
Le sommeil s'empara rapidement de nous.
Pour la seconde fois depuis que je la connais, la belle Aline dormait paisiblement dans mes bras.
Elle ne sait certainement pas tout ce que je suis prête à donner pour que ce soit ainsi tous les soirs jusqu’à ma mort.
Je suis entrain de divaguer, ce à quoi je viens de penser est comme un engagement, comme le mariage, oh non! Mieux vaut dormir, je pense recouvrer mes esprits après une bonne nuit de repos.

Le lendemain, je me réveille vers 10 heures, je suis parti faire ma séance de sport en essayant de ne pas réveiller la marmotte qui ronflait encore. Un sourire étire mes lèvres en la voyant, bouche entrouverte avec ses cheveux en bataille. Je dépose un baiser sur son front et je partis faire mon footing.
Une heure à mon retour, Aline dormait encore, la couverture était tombée et son corps nue s’exposait devant moi. Elle était allongée sur le ventre et je remarque que son dos avait une série de cicatrice que je parie être des cicatrices de fouet. Ses petites fesses rebondies portaient de minuscule vergeture, ses cuisses étaient juste assez écartées pour m'offrir une vue imprenable sur son entrejambe. Toujours épilé, elle brillait à cause de la coulée de cyprine qui en sortait à chacun de ses soupirs. La beauté imparfaite, naturelle, Aline s'offrait entièrement à moi dans cette posture.
Je prends mon téléphone et immortalise le moment en faisant gaffe de ne pas prendre son visage dans le cliché. Je m'adosse contre la porte de ma chambre une bonne quinzaine de minutes à l'admirer quand elle daigne enfin ouvrir ses yeux, se retourner en baillant et en s’étirant.
- Tu es déjà réveillée? Me dit-elle la voix pâteuse.
- Pas longtemps, bien dormi? Lui répondis-je.
- Je ne pense pas avoir autant dormi de toute ma vie, il est quelle heure?
- Tôt. Lui dis-je du tac au tac.
Elle me lance son sourire amoureux, celui qui me fait fondre à chaque fois, celui pour qui je pourrais tout faire, tout affronter. Je croise mes bras et elle avance sur moi, toujours nue, et elle ne semble pas être gêner le moins du monde.
J'ai toujours eu une influence sur mes proches, la Aline qui me méprisait pour mon manque de pudicité est entrain de déambuler les fesses à l'air. Cette pensée me fit bien sourire.
- Pourquoi tu souris? Me demande-t-elle arriver à ma hauteur.
Je secoue ma tête de gauche à droite et la prend par la taille pour ressentir son parfum naturel.
- Heurk tu es toute en sueur Viola. Dit-elle en me repoussant légèrement.
- Ça ne t'a pas dérangé hier soir.
Et bam! Une baffe pour moi, ça m'apprendra à ne pas faire la maligne avec elle. Voyant ma mine triste, elle posa ses lèvres sur les miennes. Mes mains rejoignent ses fesses instantanément et je surprends son sourire à travers notre baiser. Elle aimait quand je lui touchais les fesses.
- On va se doucher? Lui proposai-je.
Aline passa ses pieds de chaque côté de ma taille comme réponse et je la porte jusqu’à la salle de bain.
Après une bonne petite heure sous la douche, je refusais de lui laisser remettre ses vêtements trop sexys de la nuit dernière, je lui passe un bas de jogging et un t-shirt.
- Voilà, tu es mieux ainsi, bien couverte. Elle me sourit de ses belles dents blanches en faisant une jolie grimace. Quoi, oui, je suis ridiculement sous son charme.
Je lui propose d'aller prendre notre petit déjeuner en ville car j'avais la flemme de cuisiner.
- Oui mais vite fait, tu me ramènes juste après.
Comme à son habitude, la belle Aline a un appétit d'ogre et avale rapidement son plat, je pense que le stresse de rentrer lui a ouvert l’appétit.
Je la ramène et m’arrête à deux pattés de maison. Elle me dit un simple au revoir et parti sans un regard vers moi. Je démarre lorsque je ne vois plus sa silhouette et c'est à ce moment que mon téléphone sonna.
- Oui?
- J'imagine que tu es avec Aline.
- Ah Diane, comment vas-tu?
- Si Line est avec toi, démerde toi pour lui donner de l'argent et ramène la tout de suite, Gino la recherche partout.
J’arrête la voiture et fit brusquement demi-tour, bloquant la circulation.
- Qu'est-ce qui s'est passée? Je ne suis plus avec Aline, elle vient juste de rentrer.
- Ah ok, je les entends, il va la tuer, tu as de l'argent sur toi? Ramène un bon paquet.
- Ok, j'arrive.
Je gare rapidement ma voiture près de la maison dont le rez-de chaussée était une borlette*, je prends tout l'argent de ma bourse, celui que je gardais dans le coffre et fouille dans mes poches en espérant que ce sera assez pour sauver la vie de la femme que j'aime. Je monte les escaliers en trombe et rentre sans frapper en entendant les cris de désespoir d'Aline. J'aurais préféré ne jamais croisé son chemin, elle subit tout ça à cause de moi, à cause de son amour pour moi. L'homme tenait une ceinture et frappait le corps nu d'Aline. Mon cœur se déchirait à cette vision et j’étais figée un bon moment, c'est l'homme qui martyrisait ma chérie qui me fit sortir de mon état inconsciente en me demandant ce que je voulais.
Vite, une idée.
- Mon patron a envoyé ceci pour cette femme, il promet d'en envoyé encore plus mais je dois la ramener tout de suite. Lui dis-je la vois hésitante.
On en parle de moi qui suis douée pour mentir ou on en reste là?
Aline prit mon t-shirt pour se couvrir et n'ose pas relever sa tête. Le fameux Gino m'arrache les billets des mains et les contrôle à voix haute. Tandis que je n'avais d'yeux que pour Aline qui pleurait encore silencieusement, je prie intérieurement pour que l'homme la laisse partir avec moi.
- Vingt milles pour une nuit? Ça promet. Tu lui as fait quoi de si spéciale Line? Gueulais Gino.
- Rien de spéciale. Murmure Aline.
- Quoi? Criait encore plus fort Gino qui me fit sursauter à mon tour.
- Je n'ai rien fait Nono je t'assure. Répond-elle en daignant enfin me regarder.
- Mets une robe sexy et pars. Lui dit Gino avec un regard meurtrier.
- Je... je crois que mon patron la préfère ainsi. Répondis-je en ramassant les vêtements qu'elle portait en partant de chez moi.
- Va-t’en petite pute, et ne me mens plus jamais.
Je l'aide à descendre les marches de la maison et à s'installer confortablement dans la voiture. Avant de partir, le vieil homme qui gardait la borlette tape à ma vitre.
- Je vous en supplie, ne ramenez plus cette petite ici.
- Comptez sur moi. Lui répondis-je.
Il me glisse ensuite un petit papier contenant des chiffres que je devine être son numéro de téléphone. Je le remercie et démarre sans tarder.
Les vêtements que portaient ma protégé étant déchirés dans sa lutte contre son bourreau, je m’arrête dans un petit shop et lui achète une petite robe fluide que la vendeuse a mis sur mon compte car effectivement, je n'avais plus de liquide sur moi. Je la lui donne et on repart en direction d'un guichet automatique.
Aline se contentait de regarder par le vitre et ne m'adressa pas la parole durant tout notre trajet. Me regardant uniquement quand elle comprit que je l’amène au bord de la mer.
Ayant vécu toute ma vie sur une île, j'ai toujours aimé la mer, je trouve que le mouvement des vagues est reposant et amène un bien être à tout esprit tourmenté. Nous sommes arrivées aussi proche que le rivage nous le permet, je sorti suivi d'Aline qui gardait sa robe en main tel un trophée. Je la dévisage et nous conduit près d'un rocher, là où toutes les vagues venaient mourir.
J'ai toujours pensé que la mer avait une âme, parfois bienveillante comme en ce moment. Le calme des lieux était reposant, on semblait être les seules survivantes sur la terre. Je prends Aline par la main et ensemble on admire la vue que nous offrait la nature. Les mots n’étaient pas nécessaires, notre amour seul faisait un vacarme assourdissant et ceci, personne d'autre que nous deux ne pouvait l'entendre.
- Je ne peux pas accepter cette robe Viola. Me dit-elle.
- Les vêtements ont tous une âme et ne font qu'un avec la personne qui les porte. Je risque de souiller le sien si il rentre en contact avec mon corps. Continue-t-elle, les yeux perdus dans toute cette étendue d'eau capricieuse.
Je prends la robe de ses mains en la froissant et la frotte sur le sable mouillé.
- Tu voudrais qu'elle soit sale, usée et sans charme pour que tu la mettes? Parce que tu penses que cette toile, même blanche comme la laine mérite une autre personne que toi?
Je lance la robe en direction de l’océan et prit le visage d'Aline entre mes paumes.
- Tu es ce que tu es Line, une belle femme gentille, douce et généreuse dont je suis tombée amoureuse. Je ne tiens pas à te voiler la face en disant que tu es parfaite car tu es bornée, chiante et surtout têtue. Mais malgré tout je suis là, avec toi ma chérie et je ne veux pas te lâcher. Au final tu vois cette robe? C'est elle qui ne te méritait pas.
- Viola...
La jeune femme devant moi est une facette d'Aline que je ne soupçonnais pas qu'elle avait. En larme, elle était plus fragile que jamais et je devais être forte pour elle.
Je nous fais glisser sur le sable, dos contre le rocher, toujours en gardant ma chérie près de mon cœur et en caressant ses cheveux abîmés.
- Ne doute jamais que tu mérites plus que la vie t'a jusqu'ici donnée. Dieu fait ce qu'il veut en nous soumettant à des épreuves douloureuses.  Nous devons lutter pour vivre, tu dois apprendre à compter sur moi mon cœur, avant, tu étais seule, mais maintenant, tu ne l'es plus.
Elle buvait mes paroles de réconfort et semblait se calmer petit à petit.
- Tu crois en Dieu Viola? Me questionne-t-elle.
- Bien sûre ma chérie. Je suis née dans une famille chrétienne. J'ai été baptisé, fait ma première communion et j'ai fait ma confirmation. Une vrai petite brebis.
Je lui arrache enfin un sourire et elle relève la tête pour m'embrasser passionnément.
- Je t'aime Viola... Me chuchote-t-elle au creux de mon oreille et me regarde dans les yeux. Je souris de toutes mes dents et l'embrasse à nouveau en lui chuchotant au travers le baiser un "Je t'aime encore plus Aline".
En tant qu'être humain, nous sommes amenés à vivre en communauté, on ne pourra jamais être autosuffisant car qui peut bien vivre seul? Ma Line est mon réconfort et une raison pour moi de vivre, de bien vivre.
Dans toute cette tendresse, ce partage romantique, le ventre de ma compagne grouille de faim et nous partîmes dans un fou rire.
- On rentre à la maison? J'ai trop envie de manger ta recette de spaghetti. Me supplie Aline.
J'hésite un instant et je me relève enfin, elle a bien dit ce que j'ai compris? Elle n'a pas dit on rentre chez toi mais on rentre à la maison, comme quoi, chez moi c'est chez elle. Je suis trop heureuse à cet instant précis de ma vie qu'une larme ridicule s'accroche au coin de mon œil droit.
Quelques temps plus tard, on arrive enfin et je me mis illico au fourneau après avoir enlevé mes vêtements, les habitudes ne changent pas.
Notre repas terminé, je questionnais Aline sur le vieil homme du borlette.
- Il s'appelle Guy, c'est l'oncle de Gino, mais on l'appelle tous Ton Guy il me passe souvent ses pommades pour mettre sur mes bleus. Tu peux lui faire confiance, il est très gentil. M'explique-t-elle en faisant la vaisselle.
- Je pense l'appeler demain.
- Pourquoi faire? Écoute Viola, tu ne connais pas Gino, moi si, il pourrait te tuer sur un coup de tête. Je ne veux plus que tu le vois.
- Je pourrais te dire la même chose Line, je ne veux plus que tu le vois. Ça me ronge d'imaginer tout ce qu'il a du te faire subir.
- Je suis une grande fille, je sais encaisser. Je t'en supplie, ne rentre pas en contact avec ces gens.
Je laisse tomber le sujet car je ne voudrais pas qu'on se dispute, Aline voudra toujours avoir raison, mais ma décision était déjà prise. On regarde des séries affalées sur mon canapé en attendant le sommeil.
Lorsque la respiration d'Aline se faisait plus profonde, je la porte jusqu'à la chambre et la dépose délicatement sur le lit. Je la rejoins mais je tarde à m'endormir.
Je me réveil ensuite au milieu de la nuit, l'esprit agité par l'idée qui trottait dans mon cerveau, c'était le plan "Sauvetage d'Aline".
Munis de mon téléphone et de mon ordinateur, j'envoyais plusieurs sms, l'un à mon directeur de banque, le second à Diane et le dernier à Ton Guy, le vieil homme.
Ce que j'avais en tête était clair et précis. Si c'est l'argent qui intéresse ce pervers de Gino, et bien je vais lui en donner pour son compte. D'un point de vue c'est comme acheté Aline, mais je n'avais pas vraiment  d'autre option, je voulais à tout prix la libérer de cette vie.

Chronique de ViolineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant