Suite

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J'étais seule dans un avion qui pourrais contenir au moins 10 passagers, à destination de ma ville natale.
Un élan de colère m'a poussé à prendre cette décision pour rentrer, fuir ce qui adviendrait d'Aline dans sa vengeance et en même tant affronter mes propres démons.
Dès que j'avais appris la façon dont mon père avait perdu sa vie et le nom du meurtrier, ma nature vengeresse a refait surface. Des semaines passées à élaborer un plan solide puis approuvé par mon homme de main. Tout cela ne devrait pas prendre plus d'une semaine.
J'imagine mon Aline, impulsive, qui n'écoutera aucun conseil, elle ira tout droit dans la gueule du loup, seule contre tous.
Non mais que fais-je? Pourquoi je n'ai pas mis toute mon énergie à la convaincre de me laisser l'aider? Dès la première difficulté, je prends mes pieds à mon cou. Ça  au moins, je ne l'ai pas perdu comme défaut.
Et d'ailleurs, que faire de plus? Sa décision était prise, même Diane, sa meilleure amie, ne pouvait l'empêcher de faire ce qu'elle voulait.
L'hôtesse m'averti d'attacher ma ceinture pour anticiper l'atterrissage, c'est ce que je fis en prenant conscience de ce qui m'attendait.
Aline pense que j'y suis pour me détendre et rester en dehors de ses problèmes, loin de se douter que l'âme de la mort frappera aux portes de mes ennemis.
La ville n'avait presque pas changée en 7 ans, toujours cette même effervescence qui l'animait. Des femmes presqu'identiques tant dans leur style vestimentaire que dans leur trait de visage dévalaient la rue en se dandinant, perchées sur leur haut talon.  La chirurgie esthétique a pris son ampleur, me dis-je.
À peine arrivé dans la chambre d'hôtel, je me laissai aller sur le lit immaculé, convaincue qu'un sommeil réparera les dégâts de stresse dû à mon inquiétude en pensant à Aline et à ce qu'elle pourrait bien faire en cet instant.
Ce fut la sonnerie du fix de la chambre qui me réveilla 4 heures plus tard.
- Il y a quelqu'un qui vous attend au restaurant de l'hôtel. Me dit la voix.
- J'arrive.
Enfin, il était temps que les choses sérieuses commencent. Un bain rapide, je m'habillai assez simple, chemise bleu nuit, jeans ample noir et des boots.
Je rejoins la fameuse personne qui m'attendait, c'était comme prévu, Hugo, un métis avec des pectoraux à faire damner un saint. Les salutations étant faites, je  pris place en face de lui en remarquant un troisième couvert, je lui questionne du regard et il me répond de suite.
- Je ne vous l'ai pas encore dis mais je travail sur ces gros contrats avec ma sœur, elle ne va pas tarder, je l'ai eu au téléphone.
J'acquiesce et me mets plus à mon aise en regardant les plats que le restaurant présente au menu.
- Enfin, la voici.
Je rabaisse un peu la carte et pouaahh, quelle bombe! J'ai dû me gifler mentalement afin de me reprendre. La femme qui venait vers nous était la qualification de la beauté même, métisse comme son frère, elle portait une robe fluide bleu nuit, assorti à ma chemise, pensai-je, une paire de all stars blanche et une petite veste en cuire blanche. Ses cheveux relevés en un chignon lui donnaient un air enfantin.
Je me suis levée et je lui ai tendu la main, je ne voulais pas lui laisser voir l'effet qu'elle pouvait avoir sur moi, mais je n'ai pas pu empêcher la moiteur de mes mains, ni le sourire niais quand je lui ai bafouillé un "Bonsoir madame".

À quoi m'attendais-je? Je beugue toujours devant une fille qui me plait. J'ai bien abordé mon Aline par un "Puis-je t'embrasser", non?
Elle fronça les sourcils et me répondit par un bref salut. Ce fut comme une douche froide qui me ramène à la réalité, je vais devoir oublier la beauté parfaite et me concentrer sur notre travaille, en plus j'aime Aline, je dois lui être fidèle.
Notre conversation débuta sur les hommes qui seront présents, leur emplacement dans le manoir de mon oncle et les étapes de l'opération. Dans le plan, il est prévu qu'Isa tue mon oncle.
-C'est qui Isa? Questionnai-je un peu perdu. Je pensais que cet honneur me serais revenu.
- Moi, mon nom c'est Isabelle, Isa pour les intimes. répondit la belle métisse. (Faudrait peut être que j'arrête de l'appeler ainsi.)
- Ok, donc pourquoi c'est Isa qui doit le buter et pas moi?
- C'est Isabelle. Répliqua la jeune femme.
Il va falloir que je me calme, s’il y a un type de femme que je déteste le plus, ce sont les emmerdeuses. Facile de remarquer que cette Isa, Isabelle peut importe en est une.
Je lui lance un regard noir, elle me regarde, en relevant un sourcil, amusée de la situation.
Alors tu veux jouer dans la cour des grands, tu te perdras mon enfant.
Hugo mit fin à notre bagarre silencieuse en m'expliquant que sa sœur était plus habile que moi pour se faufiler sans se faire prendre.
Avec mes deux pieds gauches, c'est vrai que la petite semble plus futée que moi.
- Ok, on laisse le gros du travaille à la petite.
Un sourire victorieux se place dans son visage pour disparaitre en une seconde en prenant conscience du nom que j'ai utilisé pour la qualifier. Viola 1 - Isa 0.
Le prix négocier, la moitié sera donnée demain soir et l'autre à la fin du travail. Une poignée de main ferme échangée avec Hugo et sa sœur puis ils partirent sans demander leur reste.
J'étais toujours dans le restaurant qui était assez chaleureux, je commandai une entré et je regardais encore une fois les repas sur la carte quand je sentis une présence en face de moi, en premier lieu, j'ai pensé que c'était la serveuse mais en relevant la tête, ce n'était ni plus ni moins que la petite emmerdeuse de tout à l'heure.
- Tu as oublié quelque chose? Lui dis-je suspicieuse.
- Non, j'ai juste senti que tu étais seule, comme je n'avais pas encore diné, je me suis dit que j'allais te tenir compagnie.
Elle prit place et commanda à son tour une entré.
-Alors, Viola, que fais-tu dans la vie?
J'ai failli m'étouffer avec ma salive, elle est directe dis donc la Isa.
-Tu veux dire à part me venger des gens qui ont tué ma famille?
Elle vit bien que sa question n'était pas la bienvenue, elle se tu. La serveuse arrive enfin et cela détend l'atmosphère, elle me souhaite personnellement un bon appétit suivi d'un clin d'œil, ça se voyait qu'elle travaillait son pourboire.
- Enfaite, je suis une investisseuse, je repère des projets rentables et j'investi. Lui dis-je en attaquant mon repas.
- Intéressant. Répond-elle simplement.
L'ambiance était redevenue aussi tendue qu'avant, Isa me regardait intensément, ce qui ne me plaisait pas du tout mais je restai silencieuse, en essayant d'oublier sa présence.
- Je pense avoir un projet rentable. Lâche-t-elle de but en blanc.
- Excuse-moi, tu as toujours été ainsi?
- Comment?
- Tu parles sans filtre, tout ce qui se passe dans ta tête tu le dis comme ça vient.
Elle souri un peu et me demande si cela me gênait, plutôt mourir que d'avouer.
- Pas du tout... Et... Quel est ce projet? Si ce n'est pas indiscret.
- Ce n'est pas un truc très sain mais j'ai des amis au Mexique et en Colombie qui peuvent me procurer des stocks de poudre, cela rapporterais gros la vente au détail, je pourrais constituer des réseaux dans plusieurs villes puis les écouler. Me dit elle, le regard franc et convainquant.
Si je ne savais pas qu'elle parlait de dealer de la drogue, j'aurais pu tomber dans le panneau.
- Tu n'es pas sérieuse, c'est ça ton projet rentable? La drogue?
Je me relève de table et repart en direction de l'ascenseur pour rejoindre les chambres, laissant Isa seule avec son idée stupide.
Qu'est-ce que je disais, elle est tarée cette meuf, belle, mais tarée.
Je passai à la réception, paye notre adition en précisant de me faire monter le reste de mon repas. Je laisse ensuite un bon pourboire à la serveuse et lance un dernier regard vers Isa, je remarque qu'elle tapotait dans son téléphone quand soudain, le mien vibre dans ma poche, signe d'un nouveau message, que je lis en prenant l'ascenseur.
- Je suis désolée pour tout à l'heure, je sais que c'est stupide comme projet mais c'est la seule chose que je sache faire. Réfléchis-y avant de prendre une décision et je t'en supplie, ne dis rien de tout ça à Hugo.
PS: tu peux m'appeler Isa.
Je détourne les yeux et verrouille l'écran, cette folle a totalement gâché ma nuit.
En arrivant dans ma chambre, j'enlève mes boots et ma chemise que je dispose sur le dossier de la chaise, j'allume ensuite la télé et m'affale sur le lit. Le sommeil allait s'emparer de moi lorsque la porte frappa deux coups, comme il n'était pas trop tard, je réponds d'entrer et telle fut ma surprise de voir la même serveuse du restaurant m'apporter mon plat.
- Je n'ai pas eu la chance de vous remercier, mon service étant fini, j'ai voulu aider Mateo, le pauvre, il est le seul serveur du room service, il est extenué.
- Merci, c'est gentil de votre part. Lui dis-je un peu gênée.
Elle descend son regard sur le haut de mon corps, couvert uniquement d'une brassière de sport. Je laisse mon plat et prends ma chemise que  j'enfile en me confondant en excuse pour ma demi-nudité. Elle me sourit en me disant que j'étais dans ma chambre.
- Oui, mais quand même.
- Bon, ma mission est finie, bon appétit, et puis... passez une bonne nuit.
- Merci, lui répondis-je en me grattant l'arrière du crane.
Elle parti, ferma doucement la porte derrière elle. L'envie de lui dire de rester avec moi me démangeait, et si je ne parviens pas à me contrôler?
Et merde!
J'accoure vers la porte et je vois sa silhouette qui prenait le couloir vers l'ascenseur.
- Et si vous restiez? Je veux dire, si vous n'avez pas autre chose de prévue, vous pourrez partagez mon repas et... euh... je crois que la télé a un très bon programme ce soir.
Elle fait mine de réfléchir et me répond en rebroussant chemin: - Pas plus de 2 heures alors.
Ma nuit ne sera pas totalement gâchée après tout.

Chronique de ViolineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant