Suite

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Viola me fait son sourire charmeur et me porte vers la salle d'eau où elle me dépose délicatement sur le siège des toilettes et commence à faire couler l'eau, ensuite elle y verse un peu d'huile parfumée et le savon moussant. Elle se débarrasse de ses vêtements et main dans la main, nous nous allongeons dans la baignoire. Mon dos collé sur sa poitrine me faisait une délicieuse invitation. Je me cale plus confortablement et elle passe ses bras autour de ma taille.
- Tu te sens bien? Me demande-t-elle.
- Super bien. Lui répondis-je les yeux fermés, essayant de ne pas me laisser interrompre par ses caresses sur mon ventre et à l’intérieur de mes cuisses. Je me demande si j'y parviendrai. Comme je pensais ces mots, Viola déposa un doux baiser dans le creux de mon cou.
Mes pulsions étaient en alerte, tout ce que je retenais enfouit en moi remontait à la surface et un cri rauque s’échappe de mes lèvres.
- J'ai tellement envie de toi Vi.
- Moi aussi mon cœur mais on est là pour nous détendre.
Elle cessa ses caresses et commença par me faire un massage. Ce que je trouvais encore plus perturbant que les caresses.
Je me retourne et m'asseye à califourchon sur elle. Viola retient mon visage en cascade et prend un long moment pour me regarder.
Personne n'a jamais posé ce genre de regard sur moi, il transperce mon âme, tout ce que je suis et tout ce que je cherche. Je suis à nue devant elle mais elle ne profite pas, préférant voir mon âme que mon corps. Brusquement, tout ce que j'ai vécu de pire dans ma vie refait surface, la mort de ma mère, la faim, le viol, les coups, les scènes de prostitutions violentes, la violence physique et verbale des gens envers moi, la misère et ma vie de débauche. Viola lisait tout cela en moi, j'avais honte mais je savais qu'elle ne me critiquait pas.
Après ce long moment qui me parut interminable, elle me donna le meilleur baiser de tous les temps. Ce baiser signifiait qu'elle me veut comme je suis, une femme de petite taille avec un passé triste.
Je ressentis son baiser dans tout mon être, il était suivi d'une minuscule caresse de mon dos vers mes fesses et je ressentis à peine l'effleurement, tant elle était douce et attentionnée. Nous entrouvrons nos pieds pour que nos entrejambes se touchent et se caressent mutuellement. Nous valsons doucement à mesure que l'envie montait, ses yeux dans mes yeux. Je mords fermement ma lèvre supérieure car le plaisir inouï que je ressentais était insoutenable. Viola confisque mes lèvres et fait une pression sur mes fesses pour accentuer nos mouvements. Je ne pus retenir mes cris car il faut crier quand ça va, c'est ce que je fis et je sais que ma chérie adorait ça. La vivacité de ses coups de reins m’envoie dans un autre monde, celui du plaisir, là où tout allait bien. Je ferme mes yeux et je vis une lumière blanche m'envelopper, suivie d'une décharge électrique qui partait de mon clitoris vers mon cerveau. Je me concentrai sur son parcourt, profitant pleinement du bien-être qu'elle me procurait. Puis c'est l'explosion de plaisir pour ma Viola qui engendra la mienne. Elle me retient contre son cœur qui battait la chamade, des larmes de joie ruisselèrent de mes paupières pour se perdre dans l'eau. J'entendis le souffle de Viola qui n'arrivait pas à se calmer après cette partie de sexe intense. Je lui fais une caresse dans les cheveux jusqu’à ce que je la sente desserrer notre étreinte.
Nous reprenons notre position initiale, Vi se calant sur les bords de la baignoire, ses bras nouant mon corps reposé sur elle. Nous fermons nos yeux pour calmer nos ardeurs.
Alors c'est ainsi faire l'amour dans le corps et dans l’âme? Si c'est cela, j'adore.
Cependant, on ne peut le faire qu'avec une personne qu'on aime et qui nous aime en retour. Une personne pour qui on peut tout faire, tout affronter et qui ferait pratiquement les mêmes choses pour nous.

Le sommeil m'envahit lentement et je tombe dans les bras de Morphée, que dis-je? Je dors dans les bras de ma Viola.
Le lendemain, je me réveille par des coups de fouet, j'ouvre brusquement mes yeux et vois l'ignoble visage de Gino qui me torture comme à son habitude. Je regarde l'endroit et me découvre dans son salon, ses hommes de mains qui rigolaient entre eux. Je suis nue et une crampe dans mon bas ventre me fait tordre de douleur. Je pleurais, ce qui a déclenché sa rage et il me frappe encore plus fort. J'avais peur, j’étais en sueur mais je ressentis un corps me resserrer contre lui. J'ouvre finalement mes yeux, pas de Gino, pas d'hommes et pas de fouet. Juste le tendre visage de ma Viola qui me chuchotait : - Ce n’était qu'un rêve mon cœur, calme toi.
Je suis perdue et choquée de ce cauchemar, tout était si réel.
Je reprends petit à petit mes esprits quand je sens vraiment la crampe dans mon bas ventre. Je me tord de douleur et regarde ce qui se tramait dans cette partie de mon corps. Je découvre avec surprise du sang qui giclait de mon sexe.
- Oh Putain... Criai-je.
- Tu as tes règles Line.
Mon cœur tambourinait dans ma poitrine et je me mis à trembler de partout.
- Calmate mi amor* (Calme toi mon amour)... J'ai des serviettes hygiéniques.
Elle se leva et me tendit une boite. Voyant que je n'accuse pas réception. Elle me soulève du lit, m’emmène vers la salle de bain, me lave, colle la serviette à une de mes culottes noirs et me la met. C'est une autre crampe qui me mit les idées en place. Je me tords de douleur. Viola me ramène au lit, je ne pouvais pas dormir car j'ai toujours eu des règles atrocement douloureuse. Elle disparaît pour réapparaître une trentaine de minute plus tard tenant un plateau qu'elle dépose sur le lit à côté de moi. Je me relève en grimaçant, elle me fit un sourire d'encouragement. Je découvre dans le plateau, un plat de pâte, des fruits, du jus de cerise pressé, de l'eau et des antidouleurs. Je la remercie et attaque direct dans mon plat. Les habitudes ne changent pas, malade ou pas, je suis gourmande.
Après avoir avalée l'antidouleur, Viola me rejoint sur le lit, elle me prend dans ses bras et je tombe dans un sommeil profond.
À mon réveil, la place de Viola était vide, le soleil se couchait déjà. Je prends un bain rapide et je retrouve ma partenaire, debout devant la fenêtre du salon, l'écouteur aux oreilles et les mains à la poche. Elle ne m'entendit pas arrivé, je fais un tour dans la cuisine et me sers un plat de macaroni que j'avale en prenant tout mon temps. Je me demandais à quoi pouvait-elle bien penser pour être aussi perdue. Je retourne la rejoindre et elle sursaute en ressentant ma main sur son avant-bras.
- Tu es enfin réveillé. Me dit-elle en passant ses bras sur mon épaule.
- J'ai dormi longtemps, tu as fait quoi pendant tout ce temps?
- Pas grand chose.
Viola me passa un écouteur, c'était une musique dans sa langue natale, je ne comprenais pas vraiment les mots, mais je sentais qu'ils étaient profond, au rythme de la mélodie lente et mélancolique, la voix presque pleurante de la chanteuse. Est-ce ainsi qu'elle se sent en ce moment?
Je la connais assez facilement pour ne pas lui poser de question. Elle me dira ce qu'elle avait de son plein gré, si c'est vraiment ce qu'elle veut. Sinon, je pense que je dois juste être présente pour elle.
Le soleil se couche finalement et la nuit tombe timidement, à trop rester debout, je commence à ressentir une forte douleur dans mes pieds. Je prends les mains de Vi et la conduit sur le canapé où nous nous allongeons, aussi confortablement qu'il nous le permet.
La maison était calme, perturbée seulement par le bruit du réfrigérateur en marche. J'entends la respiration de Viola ainsi que la mienne. On resta là, silencieuse, jusqu'à ce qu'elle daigne enfin me demander comment j'allais.
- Ça va mon cœur, je suis toujours bien dans tes bras.
- T'avais-je déjà dit que mon père était mort?
- Oui et j'en suis désolé. J'imagine que tu étais proche de lui?
- J'aimerais, mais non, pas vraiment. Il faisait des choses que je n'acceptais et il n'acceptait pas en retour celle que j'étais. On s'est arrangé pour se côtoyer sans mettre en avant nos différends. Il ne m’impliquait pas dans ses affaires mais je savais que quelque chose n'allait pas. Il recevait des menaces de mes oncles qui n'ont jamais accepté qu'il réussisse mieux qu'eux. Une personne de confiance m'avait donné rendez-vous cet après-midi pendant que tu dormais. Elle était là avec des preuves, démontrant que mon père a été tué, par ses propres frères. Tu imagines jusqu'où des gens peuvent arriver pour l'argent et le pouvoir?
- Que comptes-tu faire?
- Rien, la personne m'a dit qu'ils ne peuvent pas me voler car j'ai déjà liquidé les biens. Tout ce qu'ils peuvent faire c'est me mettre la pression pour leur donner l'argent. Mais je les connais, il n'y a pas plus raciste qu'eux. Ils mourront, au lieu de mettre un pied en Haïti.
- Donc on n'a rien à craindre. Lui dis-je en me calant dans ses bras.
- Non, je suis quand même déçu de ma famille. Déçu que mon père ait à subir tout ça, seul.
- Ils ne sont pas ta famille Vi. Regarde-moi, je ne connaissais personne d'autre que ma mère. Elle ne m'a montré ni oncle, ni tante, même mon père m'était inconnu. J'ai toujours vécu seule, aujourd'hui encore, je suis seule. Si une personne ne t'est pas proche, elle n'est en aucun cas un membre de ta famille.
- Tu n'es pas seule, je suis là.
- Je sais, tu es ma famille, tata Viola.
Je lui arrache enfin un sourire.
Elle allume la télé car c'était l'heure du journal du soir. On l'écoute ensemble, moi me désintéressant complètement de ce que la présentatrice disait. Accentuant plus mon regard sur ses gestes et la tonalité de sa voix.
- Dire que lundi prochain se sera moi à sa place.
- Tu seras meilleure qu'elle.
- Tu me regarderas?
- Bien sûre, je ne raterai ça pour rien au monde.

Chronique de ViolineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant