Suite

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Je ressenti le soleil dans mon visage et j'ouvre lentement mes yeux, accueillant cette sensation de bien-être. Deux coups frappés à la porte et je donne accès à la personne, imaginant que c'était le room service.
Mes yeux s'arrêtèrent devant une silhouette squattant le canapé et j'ai eu le souffle coupé en me regardant presque nue sous la couette.
Oh non, qu'ai-je fait? Dis-je dans un souffle.
-Johanna? Dit le petit homme qui apportait mon déjeuner en découvrant la silhouette sur le canapé.
-Oui.
-Oui.
La jeune femme et moi répondons en chœur puis nous nous regardons, ne comprenant rien de ce qui se passait.
-Bonjour, je crois que je vais partir.
Elle se releva brusquement et quitta la pièce sous un coup de vent, me laissant pantoise.
- C'est elle Johanna? Questionnai-je au garçon de service.
- Oui... En faite, je n'arrive pas à croire que vous venez de passer la nuit avec elle et ne pas connaitre son nom.
- Je n'ai pas... passé la nuit avec elle. Vous avez bien vu qu'elle était sur le canapé, non?
-Ce ne sont pas mes affaires. Bonne journée.
Il s'en alla, me laissant seule, l'esprit encore perdu. Non, je n'ai pas pu tromper Aline la première nuit loin d'elle. J'espère de tout cœur que ce ne soit pas le cas.
La culpabilité m'a accompagnée durant toute la journée, j'essayais de me rappeler si j'avais oui ou non trompé Aline, mais je n'en gardais aucun souvenir de la nuit dernière.
À la nuit tombée, je reçois Hugo dans ma chambre pour le paiement de la somme convenue et il me passa une arme.
- Ne vous en faites pas patronne, tout sera fini dans la semaine.
J'agissais sans remord car la vengeance est dans ma nature. Touchez ce qui est à moi et je vous le ferez payer au centuple. Je ne pourrai pas continuer à vivre en pensant que ceux qui ont détruit ma famille vivent encore et menacent de m'enlever mon héritage.
J'étais perchée sur cette fenêtre depuis le départ de mon homme de main, sirotant un verre de vin qui ne restait jamais vide.
À demi ivre, je sors respirer un peu d'air frais sur mon balcon. C'était une nuit chaude, je n'arrive pas à comprendre si c'était la température des lieux ou si cette chaleur n'était que psychologique. Tout ce que je savais, c'était que le bruit de ma porte  me fit sursauter.
Je regardai par le châssis en tenant fermement mon arme, fausse alerte, ce n'était que le petit serveur.
- Bonsoir, Johanna s'est prise pour votre ange gardien et m'a dit de vous livrer un diner.
-Ah bon? Merci, rentrez...
J'étais tellement perdue dans mes complots que j'en oubliai ma santé.
- Dites, vous avez son numéro? Demandai-je à Mateo alors qu'il repartait.
- Je ne pense pas que c'est à moi de vous le donner.
- Ok... Remerciez-la... Si vous la voyez... Oui... dites lui bien que je la remercie, c'est cela.
Je n'arrive pas à croire que je bégaye, ce n'est même pas elle qui me parle.
- Voyons voir ce qui se cache sous ses couverts. Me dis-je.
Je rejoins la petite table pour découvrir un plat de pâte sauce bolognaise et des crevettes, un bol de salade avec une tarte à l'ananas  comme dessert. Je salive à la vue et à l'odeur que dégageaient les assiettes. J'attaque directe en me disant que la Johanna connaissait mes goûts.
Le diner était un pur régale, je ne savais pas que j'avais autant fin quand je pris la dernière bouchée du dessert.
Je me repose sur le canapé, face à une Novelas qui me rappelle Diane.
C'est comme ci je ne les avais jamais connu, ma vie ici me parait tellement commun. J'avais oublié comment vivre seule était reposant mais parfois dangereux, la preuve, j'ai faillit passer une journée et une nuit le ventre vide. Le pire c'est que je ne m'en serai même pas rendu compte.
J'ai un peu honte de me l'avouer mais Aline ne me manque pas autant que je l'aurais souhaité. J'ai beau me persuader de penser à elle, tout ce qui me viens c'est ma vengeance, le bonheur que je ressentirai lorsque je débarrasserai la terre de ces espèces de rats.
Je pourrais l'appeler, mais je me ravise car il n'y a rien à dire. Elle a choisi, j'ai choisi, j'espère juste de tout cœur que nous nous retrouverons après tout ça.
La semaine se passa rapidement, je n'ai quasiment jamais bouger de ma chambre de peur que quelqu'un de mon passé ne me remarque. Je n'avais pas envie de faire foirer la mission de demain soir. Les heures de mes ennemies étaient dorénavant comptées.
Comme d'habitude, depuis mon arrivée, Mateo m'apporte mon diner vers 7 heures. Ce soir je commandai 4 grandes bouteilles de champagne, j'avais envie de fêter, trop tôt mais rien à foutre, demain soir, du sang coulera, que ce soit le mien ou celui de mes ennemies, il faut fêter le passage de la vie vers la mort.
Je prends un bain relaxant, un peu trop long. Je mets ma plus belle chemise hawaïenne et un jeans pour terminer par des bas en coton car la fiesta, c'est ici et maintenant, mes écouteurs vissés à mes oreilles, je lance ma playlist rock en faisant sauter le bouchon de la première bouteille, je bois ma première gorgée en sautillant tel un kangourou. J'étais une femme adulte mais ce soir, je redevenais cette jeune fille qui se foutait un peu de la vie et de tout. Seule ma musique et ma bouteille comptait, une femme serait la cerise sur le gâteau mais Aline, ma très chère et tendre Aline était à des milliers de km.
2 heures plus tard, les bouteilles vides de ma troisième commande rejoignirent les autres sur le sol. J'étais adossé au pied du canapé, ivre comme je l'ai longtemps été, avec aux oreilles le classique d'un groupe rock des année 90.
Je n'entendis ni la porte frappée, ni les pas qui s'approchaient de moi. Tout ce qui m'importait c'était l'odeur, un parfum doux qui me rappelle les matinées de ma maison en Haïti. Je n'entendais plus la musique et j'ouvris enfin les yeux.
- Aline? Putain... Mais qu'est-ce que tu fous ici? Va-t’en... Va te faire foutre... Je bégayais en essayant de me débarrasser d'elle.
Je balance mes mains et mes pieds, refusant qu'elle me touche.
- Calme-toi, tu es ivre. Viens je vais te mettre au lit.
Je me laissai faire en marmonnant des injures et en maudissant tout le monde.
Je ne savais pas comment ni quand j'ai réussi à m'endormir mais, ce réveille restera l'un des pires depuis longtemps.
J'ouvre doucement mes yeux quand je ressens un poids pesé sur moi, je la repousse et me lève un peu trop rapidement du lit, ce qui me valut une chute et je tombe dans les pommes.
Mon second réveil était moins brutal car j'étais allongée au sol, ma tête reposée sur des cuisses, on va dire... des cuisses moelleuses.
- Tu vas mieux?
C’était la serveuse, Johanna, c'est drôle, mais son nom est mon deuxième prénom. Bref, cela n'expliquait pas sa présence sur mon lit de si tôt.
- Oui... Je crois.
- Tu as trop picolé hier soir. Me dit-elle en m'aidant à me relever.
Je prends place sur le canapé, essayant toujours de m'expliquer sa présence dans ma chambre et pourquoi elle ne me vouvoyait plus. Je porte ma main à ma tête qui me faisait un mal de chien.
- Mateo t'apportera un cachet et de l'eau pour la migraine.
- Il s'est passé quoi? ... Je veux dire entre nous... hier soir.
- Tu étais trop ivre pour qu'il ne se passe quoi que ce soit. Me répond t-elle dans un rire.
-Quoi que tu m’aies supplié de dormir avec toi, c'est la raison pour laquelle je me suis réveillée dans tes bras. Reprit-elle après une courte réflexion.
Mateo nous interrompt en rentrant avec son chariot. Antidouleur=check ; déjeuner=check.
Je rejoins mon lit pour me reposer sous le regard inquiet de ma... de Johanna.
- C'est qui Aline? Me demande t-elle.
- Ma copine... Pourquoi? Tu la connais? Elle m'a appelé?
- Non, calme-toi, tu n'as pas arrêté de me prendre pour elle. Elle t'a fait du mal je présume?
- Notre passé nous empêche d'être ensemble.
-Vous devez juste vous concentrez sur le moment présent et fuir tout ce qui pourrais vous faire du mal.
- On l'a fait, ça n'a pas marché. Elle est de son côté en train de tout résoudre et je suis ici pour faire la même chose.
- C'est en restant dans ta chambre, te gaver d'alcool que tu résous tes problèmes?
- Tu ne me connais pas... Tu n'as pas le droit de me juger.
Elle se relève et prend la direction de la porte.
- Tu as raison, je ne te connais pas. Je n'ai rien à faire ici.
Sur ces mots, la belle Johanna parti, me laissant seule dans mon délire.
Je sais que les évènements de cette nuit seront décisifs pour ma vie. Je devrais me reprendre en main, c'est ce que je fis en me relevant pour partir à la salle de gym de l'hôtel.
Deux bonnes heures plus tard, je suis couverte de sueur. Cela faisait un bail que je n'avais pas autant fait d'exercice physique, je vous vois venir, si on laisse le sexe de côté, ma parole prend tout son sens. Bref, je remonte me doucher, et je redescends au restaurant pour prendre mon petit déjeuner en précisant à la réception que je voulais Johana comme serveuse.

Chronique de ViolineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant