Chronique de Violine

Suite

J’étais loin d'imaginer l'ampleur de la surprise que me réservait ma Viola. Depuis l'entrevue, je n'ai pas pu me défaire de ce sourire niais qui ornait mon visage.
J’émerge petit à petit de mon sommeil lorsque la petite voiture grise s’arrêta dans l’allée.
- Réveille toi marmotte me dit-elle en sortant du véhicule.
Elle m'aide à porter mes sacs de courses jusqu’à la chambre et me laisse une partie de sa penderie et quelques tiroirs. Je n'ai jamais eu autant de beaux vêtements de toute ma vie. Non, je ne suis pas une opportuniste, je n'aime pas être entretenue. C'est ce qu'elle a compris car la meilleure de toutes les surprises de la mâtiné fut cette entrevue dans une chaîne de télé. Comment avait-elle deviné ce que je voulais au plus profond de moi? Tiens, je lui poserai cette question à son retour.
La dernière petite culotte pliée, j'admire nos vêtements misent ensemble. Je suis conquise, il ne m'en faut pas plus pour fondre. Une bouffée d'amour émerge de mon fond intérieur et je verse des larmes de bonheur. Je suis si bien avec elle, il n'y a pas mieux, non, définitivement, je ne trouverai pas mieux. Et d'ailleurs pourquoi chercher d'autre quand on a la meilleure pour soi. J'essuie furtivement mes joues en l'entendant m'appeler. Je la rejoins et la serre très longtemps dans mes bras.
- Qu'est-ce qui ne va pas ma puce? Chuchote-t-elle en me caressant les cheveux.
- Je t'aime Viola. Plus que tout, plus que ma propre vie. Lui répondis-je.
Elle recule d'un pas et me prend le menton pour être un minimum à sa hauteur, elle dépose ses lèvres sur les miennes et respire un bon coup. Viola retient mon visage en cascade et me lance son regard de braise, celui auquel je ne peux pas résister.
- Je t'aime aujourd'hui comme le premier jour mon Aline. Je t'aime plus que ma vie et je te jure que je serai à toi, aussi longtemps que tu voudras de moi. Me dit-elle.
Oh mon Dieu, je ne veux pas pleurer, pas de larme dans ce moment romantique. Viola me prend ensuite dans ses bras.
Au milieu du salon, dans le calme d'une fin d’après-midi, on jouit notre amour. On partage pour la énième fois, le plaisir charnel de deux corps qui se cherchent et se retrouvent.
Vêtues simplement de nos sous vêtements, je regardais ma compagne préparer le dîner quand je me souviens de la question que je devrais lui poser.
- Vi...
- Hm?
- Comment tu as su?
- Quoi?
- Que je voulais être journaliste?
- Je suis une medium tu as oubliée?
- Et sérieusement?
- Je le sais ma puce c'est tout.
J’arrête mon interrogation ne trouvant pas une réponse. Viola n'est pas du genre à vous laisser lui tirer les vers du nez. Elle me le dira, j'en suis sûre.
- Tu prépares quoi? Lui dis-je en changeant de conversation.
- Des lasagnes. Tu aimes?
- Tu rigoles? J'adore. Je n'ai la chance d'en manger que dans les fêtes.
- Tu vas t'en régaler alors. Tu mets la table?
Je m’exécute souriante en chantonnant un son de Nu-look*. Lorsque je fini, je me retourne pour encore la questionner sur comment elle a deviné, je la découvre en pleine contemplation de moi. De nature très timide quand on me dévisage, je porte mes mains à mes yeux en lui disant d’arrêter de me regarder. C'est la sensation de sa présence tout près de moi qui me fait enlever mes barrières.
- Je te regarde parce que tu es belle, tu rayonnes et tu sembles si heureuse.
- Tu en es la responsable, c'est grâce à toi que je suis comme je suis.
- Les lasagnes ne sont pas pour un petit quelque chose?
- Elles aussi, mais surtout toi.
- Je vais te servir mon cœur.
Nous prenons place et le plat fut une pure régale. J'en ai tellement pris que je pense faire une indigestion dans la nuit. Notre repas est passé à se parler, discuter de nos passés et dire que je n’étais pas jalouse serait un euphémisme. Ma Viola a eu trop de succès parmi la gente féminine à mon goût. C'est en lui faisant la gueule qu'on s'assoit devant la télé à écouter le journal de la nuit. Chaque fois qu'elle essaye de se rapprocher de moi, je la repousse. Oui je suis folle à être jalouse de ses exs, mais on parle d'une fille qui a été sur le dos de sa meilleure amie parce que sa copine avait donné à cette dernière un téléphone. Je n’exagère pas, selon moi, tout ce qu'elle possède ne doit pas être destiné à autre personne que nous deux. Il n'y a ni Paula ni Diana, je n'aime pas cette Paula, déjà qu'elle a embrassé Vi en ma présence. Non, je la déteste cette Paula, puis quel nom moche, sa mère n'avait pas trouvé autre nom à lui donner? Dixit Aline. Je rigole de moi même et de mes blagues, sous le regard inquisiteur de ma partenaire. Je sentis son regard sur moi mais ce qui se tramait dans ma tête est trop drôle, je ne pouvais pas m’empêcher de m'esclaffer devant une Viola perplexe, se demandant sans doute si je n’étais pas folle.
Après tout oui, je le suis, d'elle.
- Arrête de me regarder Vi.
- Tu n'es plus fâché à ce que je vois...
- Je n'aime pas l’étincelle dans tes yeux quand tu parles de Paula.
- Voyons ma chérie, on parle de celle avec qui j'ai passé mes 24 ans. C'est normal que je l'adore.
- Et moi dans tout ça?
- Tu es ma jalouse préférée. Je ne me plains pas moi, de ta relation avec Diane.
- Ce n'est pas la même chose.
- Voilà, donc tu ne peux pas comprendre.
Je la laisse reposer sa tête sur ma cuisse et je me concentre sur les mimiques et la posture du journaliste. Dire que dans un mois, je serai comme elle. J'embrasse Viola à pleine bouche et cela nous conduit sous la douche et inévitablement, au lit, sur lequel j'userai de la force vitale de mon amoureuse.

Le lendemain marquera ma première journée de formation à la chaîne dans laquelle j'avais passé un casting pour devenir présentatrice du journal du soir. Je suis toute excitée à cette idée. Je n'ai pu faire que trois heures de sommeil. Je me suis levé vers 4 heures pour éviter de réveiller Viola qui dormait encore. Je me suis rendu dans la salle de bain pour me contempler derrière le grand miroir qui s'y trouvait.
Hier lors de ma journée surprise, Vi m'avait emmené chez son esthéticienne qui a fait un miracle sur moi. Je ne me suis jamais trouvée aussi jolie. Mes boucles brunes tombaient en cascade sur ma nuque, j'ai même un peu grossi je crois. Je me débarrasse de mes vêtements pour l'inspection profonde et effleure mes cicatrices laissées par la ceinture de Gino. Elles font désormais parties de moi et sont là pour me rappeler d'où je venais. Je sais qui je suis, une femme qui a eu un passé douloureux à qui la vie avait donné une deuxième chance en mettant sur sa route une charmante compagne. Elle m'offre une nouvelle perspective, je pourrai enfin goûter à une nouvelle ère de mon existence.
Comme j’étais perdue dans mes pensés, je n'avais pas entendu Viola pénétré la salle de bain. Ce sont ses bras qui m'entourent la taille, sa tête lourde reposée sur le creux de mon épaule et sa voix rauque me demandant pourquoi je suis partie, qui me ramène à la réalité. Je relevai mes yeux vers le miroir et ce que je vis restera à jamais graver dans ma mémoire. C'est exactement ainsi que je veux vivre, sans plus, sans moins, Viola est celle avec qui je veux passer ma vie. Je caresse son visage endormi et j'esquisse un petit sourire en lui répondant que je n'avais plus sommeil. Surprise, elle ouvre grand ses yeux et me questionne sur la raison de mon insomnie.
- C'est parce que je ronfle ou... Je prends trop de place? Me dit-elle très sérieusement.
- Mais non mon cœur. Je suis juste excitée pour tout à l'heure, tu sais, à propos de la formation. Lui dis-je en la regardant dans le miroir.
- Tu apprendras bien et tu seras la plus sexy de toutes les journalistes. Me répondit-elle, puis elle me fait un suçon dans le cou.
- Mais arrête Viola, je ne peux pas paraître avec ça au cou. M'affolai-je en regardant la rougeur de plus près.
- Comme ça tu seras chasse gardée.
Elle me relâche et retourne dans la chambre, je la suivi de très près, décidée à ne pas la laisser se rendormir pour me venger.
- Tu n'as plus sommeil n'est-ce pas?
- Oui
- Ne me dis pas que tu vas te rendormir?
-Oui
Viola monte sur le lit et s'allonge sous la couette, me laissant seule.
- Je me demande quelle robe je devrais mettre pour mon premier jour.