Suite

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L’appréhension s'empare brusquement de mon corps et mon ventre grouillait de peur. Mon cœur battait à vive allure, je ressentis une douleur à la tête qui était identique à la douleur qu'un marteau piqueur pourrait infliger. Une bouffée de chaleur remontait dans ma gorge mais je n'arrivais pas à l’évacuer.
Seule dans ma tête, je paniquais. Ce fut comme une prémonition, comme c'il se passait quelque chose ou qu'il allait se passer quelque chose de grave, contre moi ou bizarrement, contre Aline.
- Hey... Arrête, ouvre les yeux... Susurre une voix à mes oreilles.
Je repousse l'individu, convaincu qu'il voulait m'attaquer, je me réfugiais rapidement derrière un arbre, loin de là où je me trouvais avant.
- C'est moi... Johana... Tu n'as pas à avoir peur Viola. Calme-toi... Tiens, je recule... tu pourras me rejoindre après... Quand tu te sentiras mieux, je resterai là... près de la rivière et je t'attendrai.
Accroupi derrière l'arbre, je voulais reprendre mon esprit car la raison prenait petit à petit sur la panique. J'essayais de garder ma respiration aussi profondément que possible comme on me l'a appris.
J'ai pu me calmer après un long moment, je revenais vers Johanna, déjà revêtue et assise sur un rocher, le regard fixant le lointain. Elle m'entendit arriver et sursauta en se retournant.
- Ce n'est que moi... Je m'excuse pour tout à l'heure. Lui dis-je en m'asseyant à ses côtés.
- J'ai eu tellement peur, pour toi. Ça va mieux?
- Oui, ne t'en fait pas. Ce n’était qu'un trop plein de stresse. Cela remonte à des dizaines d’années depuis que je n'ai pas eu de crise de panique aussi violente.
- J’espère que tout est rentré dans l'ordre pour toi.
- Tout va bien.
- On rentre?
- Bien sûre.
On se relève et j'accompagnai Johanna vers la station de bus. Après son départ, je prends un taxi pour me ramener à l’hôtel afin de me préparer pour ce soir.
Minuit pointait le bout de son nez quand je fumais un joint sur le balcon de ma chambre. Mon niveau d’adrénaline était au summum, je rentrais à l’intérieur car mon téléphone vibrait sur la table basse, je décroche pour rassurer Hugo que je le rejoignais de suite.
Tout de noir vêtue, je vérifie le chargeur de l'arme et je le réajuste avant de la dissimuler sous une pile de vêtement, puis, sac de voyage en main, je descends remettre mes clés à la réception de l’hôtel et je remarque une voiture en sortant puis la tête de Hugo qui me disait de venir vers lui. Il m'ouvre la porte du côté passager, je monte et m'asseye puis il démarre rapidement.
Durant tout le trajet, j'avais remarqué qu'une voiture nous suivait de près. Je l'averti à mon complice qui me conforta en me disant que c’e n'était qu'Isabelle et son homme de main. Je me calmai et regardai la route défilée par la vitre.
Nous débarquons sur les lieux une trentaine de minutes plus tard, j’étais surprise de voir Isabelle prendre les rennes de l’opération, elle chuchotait des ordres à tout le  monde et c’était parti pour le top chrono. On avait quinze minutes pour boucler l'affaire.
La villa était située dans une banlieue riche, c’était l'unique bien que mes oncles avaient réussi à garder car ils y séjournaient depuis des années, je n'avais pas le cœur à les mettre à la porte, bien qu'ils l'auraient mérité. C'est vraiment difficile de voir ce que la jalousie pourrait emmener des individus à faire subir aux autres et à sa propre famille de surcroît.
Je talonnais Hugo, arme à la main et le pas léger. Je n'aurai à utiliser mon arme sauf si mon complice se prenait une bal, chose qui va s’avérer être impossible vu la facilité avec laquelle il venait de maîtriser les deux agents de sécurité qui faisaient leur ronde à l’arrière de la propriété. Isabelle et l'autre gars devaient arriver à l'avant, ensuite elle seule aura à monter à l’étage pour en finir  avec oncle Juan, l'assassin de mon père.
Derrière un buisson a l’affût du moindre mouvement, Hugo et moi attendions avec impatience l'approbation d'Isa pour filer mais elle se faisait attendre. Tout devrait être fait depuis cinq bonnes minutes mais nous n'avions aucune nouvelle. Je me décide donc d'aller voir ce qui se passait mais Hugo me retiens.
- Je connais cette villa comme ma poche, s'il y a quelqu'un qui doit y aller c'est bien moi. Lui dis-je en espérant le convaincre.
-Ok, mais on reste en contact. Dit-il en se repositionnant plus près de l'entré.
Toute peur s’était envolée, j'avais confiance en moi, bon surtout en l'arme à laquelle je m’étais accroché mais avec elle, je pourrai affronter mon ennemie.
Arrivée au salon, je devrais avouer que je n’étais pas très surprise de voir Isabelle et son homme de main entrain d'embarquer des tableaux et des vases de grandes valeurs dans un sac. Ils ne s'attendaient pas à me voir débarquer pour les prendre en flagrant délit. Ils abandonnèrent le reste de leur butin en s'enfuyant par où j’étais rentré. Je les suivi en notifiant à Hugo de nous retrouvé vers sa voiture et nous rebroussons chemin aussi vite que nous étions arrivé. J'étais très en colère contre Isabelle, son travail n'était pas de voler les objets qui se trouvaient dans la maison. Je n'arrivais pas à placer un mot aux questionnements d'Hugo. Ma tête allait exploser si je ne parviens pas à me calmer.
À une dizaine de kilomètre hors de l'autoroute, le paiement du reste de la somme allait être effectué quand mon téléphone vibre à l’arrière de ma poche, je ne décroche pas, trop en colère pour parler.  Je sors brusquement du véhicule pour me jeter sur Isabelle et la frapper comme une sauvage.
- Putain... Qu'est-ce qui t'a pris? Lui criai-je alors qu'elle encaissait les coups.
Son grand frère me retient enfin les bras en me disant de me calmer.
- Je devais le faire... Pour maquiller le meurtre en un cambriolage qui aurait mal tourné. Tu crois quoi? Que tu peux débarquer ici, assassiner quelqu'un et penser qu’on n’allait jamais te retrouver? Je te rappelle que c'est notre boulot. Nous ne sommes pas nés avec une cuillère en argent plein la bouche, contrairement à toi. Répondit Isabelle en retenant ses côtes qui la faisaient sans doute souffrir.
Elle ne méritait pas de réponse de ma part. Par contre, je savais qu'elle avait raison, au fond de moi, cependant je n'arrivais pas à lui faire confiance, pas après la proposition qu'elle m'avait faite le premier jour. Isabelle n'est pas une idiote, elle me l'a prouvé ce soir. Elle est de celle qui prend des risques et profite de toutes les occasions qui se présentent à elle.
Je sors mon sac de la voiture et envoie une sacoche plein de billet vers Hugo.
- Ton boulot est fait et notre contrat prend fin à l'instant...
Mon téléphone vibre à nouveau et je pu décrocher cette fois.
- Reviens vite, Aline est peut être entrain de mourir... Cri la voix de Diane derrière le combiné.
Mon cœur qui s’était apaisé reprend ses battements irréguliers.
J'arrache les clés d’Hugo et lui dit de venir récupérer sa voiture à l’aéroport.
Je dévalais la route à grande vitesse, les larmes brouillaient ma vue et je ressentais un creux dans mon abdomen. Ma gorge se nouait et je frappais le volant avec rage en criant des insultes contre moi même, contre ma vengeance et contre les décisions que j'avais jusqu'ici prises.
Je me maudissais de l'avoir laissé seule, je me maudissais d'avoir désiré une autre femme qu'Aline et surtout j'avais peur... tellement peur qu'elle perde la vie ainsi, sans ma présence à ses côtés.
Je l'avais si souvent dit qu'elle n’était plus seule, que je serai toujours là pour elle que maintenant je regrette d’être partie. Je viens d’ôter la vie d'un assassin mais je risque de perdre celle que j'aime au même moment.

La civilisation pointait enfin le bout de son nez, les premières lumières de la ville qui ne dormait jamais se présentaient à moi. La circulation à cette heure avancé de la nuit était presqu'inexistante. J'ai pu foncer tout droit à l’aéroport, je sorti en trombe en laissant les clés sur le comptoir sans prendre le soin de garer la voiture. Je trouve non sans peine un vol rapide pour le Nord d'Haïti.
J'arrive mon amour, ne meurt pas mon Aline, je t'en supplie, ne m'abandonne pas ainsi.

                                    Fin.

Chronique de ViolineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant