Chronique de Violine

Suite

Elle vient vers moi d'un pas nonchalant, avec son tablier lui donnant l'aspect d'une chef cuistot.
- Bonjour, je viens prendre votre commande.
- Johana je suis désolé, je ne voulais pas te blesser... C'est juste que je suis dans une mauvaise passe.
- Je ne suis là que pour la commande.
-Alors tu le prends comme ça?
- Oui, Viola...
- Alors je prendrai un whisky.
- Tu ne devrais pas après tout ce sport.
- Tu m'espionnes?
-Non.
- Et bien ce sera un whisky sans glaçon.
Elle revient avec une assiette de fruit de toutes sortes sans oublier mon verre de whisky .
-Tu n'en fais qu'à ta tête, c'est cela?
- Offert par la maison, sauf le verre. Bon appétit.
Johana reparti sans m'accorder la moindre attention. Je pensais qu'avec Aline j'avais sous la main la plus obstinée, la plus têtue et la plus emmerdeuse des femmes mais celle-là est au dessus de tout. Dieu sait combien j'adore être ignoré de cette manière, ça met du piment dans les relations. J'aime quand une femme me donne du fil à retordre, ça me laisse le temps de succomber, de trainer face contre sol pour elle jusqu'à l'avoir pour moi. Non, je ne suis pas masochiste mais je bande quand elles font de moi ce qu'elles veulent, ça attise ma curiosité encore plus et l'amour me surprend avec une force incomparable.
Ma dernière journée dans ce pays et déjà que j'ai envie de rester... juste pour elle.
Je fini mon assiette aussi vite que mes réflexions sur la serveuse me l'ont permises. Je paye mon addition et alors qu'elle me tourne le dos, j'agrippe sa main et me lève pour être à sa hauteur.
- Passe la fin d'après midi avec moi.
-Je travaille, ça se voit non?
- Tu peux être absente rien qu'une demi journée, ça ne ferais de mal à personne.
- Et pourquoi? Donne moi une raison valable pour que je plaque mon boulot pour toi.
- Il n'y aura aucune raison valable, je pars demain, je veux juste passer le reste de la journée avec toi.
-Je ne suis pas disponible.
- Mais...
- Désolé.
Elle s'en va brusquement en arrachant son bras de ma main qui la tenait pourtant fermement. Elle me fait tourner en bourrique cette ensorceleuse. Penser que je pourrais abandonner aussi facilement, c'est mal me connaitre.
Je me rends à la réception de l'hôtel et demande à voir la chef responsable du service de la restauration. Mon plan diabolique prend vie petit à petit.
La dame de la réception m'indique le bureau adéquat. Où j'ai été reçu par un homme de grande taille qui en imposait. Mon mensonge devait tenir la route sans trop condamner Johana.

-Bonjour madame, votre séjour vous plait-il?
- Cela pourrait être mieux si une serveuse en particulier n'ait pas été odieuse avec moi.
J'accapare toute l'attention de l'homme qui fronce les sourcils en m'écoutant déverser le flot de mensonge que j'avais préparé contre Johana.
- Je ne voudrais pas qu'elle perde son travail définitivement à cause de moi mais, un renvoi pour le reste de la journée serait le bienvenu.
- Nous allons nous en occuper madame, c'est la première fois que Johana reçoit une plainte, elle n'est peut-être pas dans son assiette aujourd'hui. Merci de nous avoir prévenus. Passez une merveilleuse fin de séjour madame.
-Merci bien.
Il me gratifia d'une poignée de main chaleureuse. J'écoute derrière la porte sa conversation au téléphone et j'ai jubilé quand il a passé l'ordre de faire partir ma proie pour le reste de la journée.
Je sortis l'attendre au tournant d'une ruelle près de l'hôtel.
Elle était toute jolie, vêtue d'une robe rose et des escarpins noirs, un grand sac pendu à son épaule, l'air désespéré. J'eu un pincement au cœur, je suis peut-être allé trop loin.
-On fuit son travaille?
Je la surprends alors qu'elle bifurquait sur ma ruelle. Je suis victime d'une bonne claque.
- Mais qu'est-ce que... Viola? Oh mon dieu, j'ai eu une de ces trouilles. Mais tu fais quoi ici?
- Je t'attendais.
- Comment as-tu...? Attend, c'était toi le client avec qui j'ai été odieuse?
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
-Tu m'as fait renvoyer rien que pour ça?
-Ce n'est que pour une journée. Il n'y a pas mort d'homme.
- C'est cela.
Elle ramasse son sac et reprend sa route en me laissant. Je la suis sans rien dire. Elle prend un bus, je reste toujours sur ses pas. Elle trouve un siège et je reste debout, face à elle, souriant quand ses yeux se posaient sur moi. Une demi heure et le bus s'arrêta, elle se lève pour partir, je la suis encore. Johana a marché pendant ce qui me parait être une éternité, dans une forêt.
- C'est ici que tu habites sorcière?
Elle continue sa route sans daigner me répondre. Je me la ferme et la suis tout en admirant la beauté sauvage des lieux. La main maudite de l'homme n'avait pas encore atterrie ici.
Un bruit d'eau qui s'écoule me vient à l'oreille doucement à mesure qu'on avançait.
- Ah ! Petite coquine, je savais que tu n'allais pas me refuser.
- La ferme.
Sa voix m'indique son sourire discret. La vue de la rivière était époustouflante, il y régnait une odeur agréable.
Des grenouilles fuyaient à notre arrivé. Johana enlève ses chaussures et s'assoient sur le sol, les pieds perdus dans la profondeur de l'eau. Je la rejoins tout en gardant une distance entre moi et l'eau qui doit être froid à se claquer les dents. On discute un long moment puis elle sort de son sac des sandwichs qu'elle m'offre, j'accepte volontiers.
Après ce goûté copieux, Johana fait mine d'enlever ses vêtements.
-Tu ne vas quand même pas te baigner?
- Bah… Si.
Elle se débarrasse de sa robe et je pu me rincer l'œil entre temps.
-Finalement c'était une bonne idée.
- Perverse, va.
Elle immerge complètement dans l'eau et remonte quelques minutes plus tard, les cheveux aplatis sur sa nuque et le sourire aux lèvres. Johana me cris à l'autre bout de la rivière de la rejoindre, cependant il était hors de question pour moi de me mouiller.
Je m'allonge sur l'herbe humide pour admirer les arbres géants qui surplombaient la forêt.
J'ai toujours aimé admirer la nature, cette force qui dépassait la compréhension humaine.
Mes yeux devenus lourds à force d'avoir trop longtemps été exposés aux rayons du soleil se ferment automatiquement.