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Flash-back
(Cela faisait près de deux jours que ma décision était prise, l’adrénaline au plus haut niveau m’empêchait de me calmer. Tout ce que je voulais c’était de me venger, chercher le respect qui m’était dû dès ma naissance. En quittant ce quartier pourri, j'avais réalisé qu'il n'y avait pas que cette manière de vivre dans cette partie du pays. La vie ne se résumait pas à tout faire pour se nourrir comme je l'ai appris à force d’expérience. En côtoyant les bonnes personnes, j'ai su que l’idée que je me faisais de moi même était si réductrice que je m'y complaisais. Ces quelques temps passer à côtoyer d'autres types de personnes m'ont appris à évoluer, à prendre conscience du potentiel que je gâchais au bras d'un pervers narcissique, violeur et proxénète. J'ai osé frapper et on m'a ouvert la porte. D'autres me faisaient confiance alors que je me prenais pour une sous-merde. Ces années passées à mal vivre ont nourries ma rage qui risquait d'exploser si jamais on ne me laissait pas affronter, seule, les conséquences de mon passé.
Une dernière dispute avec Viola qui se termina en queue de poisson. Elle mit des vêtements dans son sac et m'annonce qu'elle dormira à l’hôtel puis qu'elle ira à Saint-Domingue tôt le lendemain. J'avais voulu l'en dissuader mais je me suis ravisée à temps, ne voulant pas d'elle près de moi si tout ne se passait pas comme prévu.
L'ironie était que je ne prévoyais absolument rien, c'était clair dans ma tête, Gino devait mourir.
Le matin du départ de Viola, je rodais dans mon ancien quartier pour faire savoir que j’étais à la recherche de Gino, mais l'accueille n’était pas au rendez-vous. La rumeur de ma liaison avec Vi avait prise de l'ampleur. Des voisines qui autrefois m'apportaient leur aide me dévisagèrent comme ci c’était moi leur ennemie, la mauvaise graine qui empoisonnait le quartier. En une minute, mes anciens voisins avaient fait de mon bourreau le victime et j’étais coupable de m’être échappée, coupable d'avoir laissée une femme me sauver, une femme que j'aimais par dessus tout.
Même Ton Guy que je croyais être de mon côté me tourna le dos ce jour là.
- Si seulement j'avais su ce que vous faisiez, je n'aurais jamais aidé cette... femme. M'a-t'il dit.
- Mais tonton, elle m'a sauvé. Tu savais... Tu étais aux premières loges lorsque Gino me maltraitait.
- Là au moins tu ne vivais pas dans le péché Line. C'est pour ton bien ma chérie. Laisse cette femme et reviens ici.
Ses mots m'avaient déçu, pour lui, me prostituée, et même parfois avec des femmes était mieux que vivre un amour consenti avec une femme. J'ai voulu pleurer, crier au monde entier que je n’étais pas une mauvaise personne juste par ce que j’étais amoureuse d'une femme. Je voulais lui montrer que mon ancien travail, c’était ce qui ne me plaisait pas. Entre être forcée de vendre mon corps pour remplir les poches d'un homme qui me frappait, me violait, et, vivre avec une femme attentionnée, douce et qui me traitait comme une reine, le choix ne s'imposait pas, il n'y avait aucune comparaison possible.
Après cette visite dans mon quartier, je compris que je n'aurai le soutien de personne. Ma raison me poussait à abandonner, rappeler Viola et lui demander de partir avec moi, là où nous n'aurons plus de problème à cause de notre couple. Pourtant, mon cœur me disait de poursuivre ma quête, mieux valait mourir plutôt que de laisser le fantôme de Gino me suivre le reste de mon existence.

Une nuit pluvieuse, alors que tout le monde se réchauffait sous leur couette, j’étais dehors, en train de guetter la venue de Gino, un couteau de cuisine dissimulé sous mon t-shirt. Mon cœur battait à se rompre quand le moteur de la vieille voiture ronflait, malgré mes vêtements trempés, j'avais chaud, mes mains tremblaient. J’étais sur le point de mettre fin à la vie de quelqu'un. Il sorti du véhicule accompagné d'une jeune femme à peine vêtue. Je fonçai droit sur lui en brandissant mon arme pour le planter de toutes mes forces dans son abdomen. Il tomba dans un flac d'eau, je le frappais au visage, mes jointures me faisaient souffrir mais je continuais, malgré tout. Il était visiblement en souffrance, les yeux écarquillés avec comme dernière vision, mon doux visage.
La fille qui l'accompagnait, criait à l'aide alors que Gino se tordait au sol, son sang se mélangeait à la boue qui devenait une masse visqueuse. Alarmés par la voix de la fille, des voisins faisaient leur apparition.
J'allais m'enfuir quand Tiblan, le bras droit de Gino qui habitait dans le quartier agrippa le col de mon t-shirt.
- Kotew prale ? Fanm sal.(Où vas-tu? sale femme.) Dit-il.
Je me débâtais pour qu'il me lâche mais il me souleva du sol par la gorge. Je n'arrivais plus à respirer, ni à déglutir. J’étais résignée, je me disais que mon heure était enfin venu, j'allais mourir, quitter cette terre maudite. Plusieurs hommes et femmes se rassemblèrent autour de Gino qui se vidait de son sang.
Un vacarme assourdissant résonnait dans le quartier, des cris de bébés, des femmes que Gino avait l'habitude d'aider pleuraient sa perte et ses alliés me réclamaient pour me faire payer. Tiblan me tenait, toujours suspendue. Il ordonna de porter Gino à l’intérieur pour qu'un médecin puisse le soigner, puis il m'amena chez lui. Il m’asséna d'un coup à la tempe et je perdis connaissance, dans un fracas, mon corps atterri sur le sol d'une minuscule chambre.
Je ne pourrais dire le nombre de jour que j'avais passé dans ce lieu insalubre, mais la porte a fini par s'ouvrir sur un Gino, torse nu, muni d'un bandage. Il s’asseye sur une chaise qui traînait et me regarda avec mépris.
- Tu devrais crever, sal chien. Lui dis-je.
- La ferme... Me cria Tiblan qui faisait son apparition dans la pièce.
Il me frappa au visage car j'allais répliquer et ma lèvre pissait le sang.
- Comme ça, tu m'as quitté pour vivre avec une autre pute?
- Sal... Enfoiré... C'est toi qui... m'as... hmmm... vendu.
Je n'arrivais pas à aligner une phrase correcte, le sang de mon arcade obstruait ma vision mais la colère, la rage et mon dégoût pour la vie me poussait à le provoquer pour qu'il utilise son pistolet contre moi.
- Bute-moi... Qu'on en finisse. Repris-je en crachant le sang qui emplissait mes lèvres.
- Mais bien sûre, je vais te buter sale lesbienne, avant tu dois souffrir, pour m'avoir attaqué. Me répondit-il.

Gino se lève de sa chaise lentement et s'avance vers moi. Il me crache à la figure puis me frappe dans les côtes à coup de botte tout en m'insultant de tous les noms. Ce fut Tiblan qui intervient pour mettre fin à mes supplices. Il emmena son chef hors de la pièce pour le calmer.
Je m’étalais sur le sol tel un corps sans vie, Tiblan rentra ensuite, il empoigne mes cheveux pour me regarder.
- Si tu m'avais choisi, je ne t'aurais pas laissé souffrir, il a fallut que t'aille faire ta lesbienne. Tu me dégouttes. Maintenant Gino te tuera et je ne pourrai rien faire pour toi. Me dit-il en me caressant ce qui me restait de visage.
- Diane... Parvins-je à prononcer avant de tomber dans les vapes.
C'est le bruit d'une sirène de police qui me réveilla, suivi de la voix lointaine de Diane qui criait mon nom. Je peinais à rouvrir mes yeux, je ne voulais voir qu'un visage, mais il n’était pas présent. J'avais au moins celui de Diane pour me réconforter, d'où une rafale de larme coulait à ma vue.
- Pa mouri Line, koman m pral fe san ou cheri. (Ne meurs pas Line, comment vais-je faire sans toi chérie?)
Mes yeux se refermèrent d'eux même avec sa dernière phrase à l'oreille.)

Chronique de ViolineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant