34: Un petit cadavre sous un tas de feuilles

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L'oxygène se fraie un chemin jusqu'aux poumons de l'adolescent malmenés et s'infiltre peu à peu pour raviver son corps inconscient et vide d'énergie.
Izuku retourne difficilement dans le monde des vivants alors qu'il entend le monde autour de lui s'activer.

Le vent fait bouger les arbres d'une légère brise et le journal télévisé marmonne des nouvelles au rez-de-chaussée mais il se sent submergé par tous ses sens et il n'a qu'une envie, c'est de couper le son autour de lui.

En baissant le regard sur ses cuisses, il constate qu'il baigne dans son propre sang avec dégoût. Il bouge un peu les orteils avant de saisir le reste de courage qu'il lui reste et de se mettre à la verticale.
Il se tient désespérément à la chaise en se traitant d'abruti car il n'a pas voulu y aller par étapes en pensant qu'il allait sûrement renoncer à se mouvoir.

C'est sûrement vrai mais en attendant il a l'impression de se faire ouvrir en deux une seconde fois.
Il refuse de faire le moindre mouvement quand il entend la voiture démarrer dans l'allée et après ce qui lui semble être une éternité, il se traîne difficilement jusqu'à la salle de bain. Hors de question de mourir dans un état aussi misérable, pense-t-il pendant qu'il traverse le couloir.

Il bataille un instant avec la poignée puis s'accroche aux meubles qui le séparent du lavabo. Il a un sursaut d'horreur quand il croise son reflet et attrape un gant qui traîne à côté du robinet, l'humidifie et commence à se nettoyer, histoire de dire qu'il est propre parce que soyons honnête, il n'y a pas de changement flagrant et un avant/après serait inutile.

Il arrive quand même à se sentir plus propre quand le sperme séché n'est plus sur son visage et qu'il a réussi à désincruster le sang coagulé de ses sourcils.
Son visage est anormalement rougi, sa plaie sur le front est suintante mais au moins il reconnaît son propre visage.
La ceinture lui a fait un bleu sur la joue mais il évite de la toucher et préfère essorer le gant gorgé de crasse dans l'eau claire. Il enlève difficilement son haut à cause la douleur qu'il a dans les côtes puis passe le tissu mouillé sur son torse et son dos comme il le peut pour faire partir l'odeur de pisse qui l'accompagne depuis la veille, sans grande réussite là encore.

Ses jambes sont couvertes d'un mélange de rouge et de brun et même s'il avait l'énergie pour frotter son épiderme il constaterait que la teinte s'est incrustée.

Faible et commençant à avoir des vertiges, il pose son outil dans l'évier avec un bruit trempé et le gant gorgé de sang s'écrase dans la cuve sans aucune grâce tandis que Izuku attrape avec difficulté l'une des couches pour adulte qui sont cachées dans un pochon de l'armoire à pharmacie. Il l'enfile en manquant de tomber et retient ses larmes quand il sent ses organes subir le contrecoup de la soirée. Il enfile un de ses vieux pyjamas qui trône sur la pile de linge propre en appréciant la sensation de souillure qui s'atténue en lui.
Il sait que ce n'est que temporaire mais tant pis, ça lui suffit pour le moment.

Il enfile un peignoir par dessus en se sentant frissonner et décide de ne rien ranger quand il quitte la pièce qu'il plonge dans le noir.

Les escaliers sont une véritable épreuve à eux seuls et une fois en bas, il essuie la transpiration qui agresse son front et qui dégouline le long de ses tempes à grosses gouttes.
Il s'avance vers le fauteuil de sa maman et se blottit dedans pour humer son odeur fuyante en fermant les yeux.

Katsuki trépigne en regardant la rue principale en alternance avec son téléphone et quand le second bus scolaire passe sans qu'ils ne l'aient pris, le délégué l'alpague.

- Qu'est-ce que tu fais? On est déjà en retard pour le cours de Present Mic et si on ne part pas maintenant on va complètement le rater! Le blond soupire intérieurement en constatant qu'il a raison. Ça fait déjà vingt-cinq minutes qu'ils poireautent comme des cons et toujours aucun signe de Deku à l'horizon.

Sous nos apparences trompeusesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant