19: Eijiro

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Eijiro avait un problème.

Il le savait mais il préférait l'ignorer.
Mais son père, son premier modèle, disait souvent:

«Quand on a un problème, on l'affronte! Comme un homme!»

Alors, deux semaines après la rentrée, Eijiro se pose sur son lit et réfléchi. Il réfléchi pas souvent mais quand il le fait, il le fait bien.

Bon.

Son problème, on pouvait le résumer en deux mots.

Denki Kaminari

Tout avait commencé quand Aizawa-sensei avait demandé de faire des binômes deux jours après la rentrée. Il avait voulu demander à Katsuki, le mec avec qui il est le plus proche, de se mettre avec lui mais c'était Denki, le garçon devant lui en cours qui lui avait timidement demandé.

Alors il avait accepté avec un grand sourire.

Ils avaient commencé à passer du temps ensemble et, c'était agréable.

Trop agréable. Pas comme cela doit l'être avec un ami.

Et là, il avait commencé à se poser des questions. Des questions sérieuses. Et dieu sait qu'il déteste être sérieux.

Et... fallait se rendre à l'évidence...

Les filles... elles étaient moins bien que Denki.

Oui mais cet été, j'ai couché avec une fille.

Et, bon. Faut se l'avouer, c'était pas terrible.

Et s'il était franc avec lui-même, complètement nul.

Ça avait été sa première fois mais il était pas stupide. Ça lui avait pas plu.

Alors, pour être sûr, il avait regardé un porno gay.

J'ai jamais joui aussi vite.

Alors, il avait pleuré. Beaucoup.

Il était moins joyeux et il était plus distant avec Denki. Juste un peu.

Parce qu'il a peur. Très peur.

Il se sent moins viril.
Il a peur des gens, de leurs regards. Dans la rue, il regarde plus les gens en face. Comme si c'était écrit sur son visage.
Il a peur de la réaction de ses parents aussi. Il a peur de finir à la rue.
Son père est un homme viril. Et son père compte sur lui. Il est fier de lui, de sa rentrée à Yuei. Il ne veut pas le décevoir.

Quand il était petit, il était très timide, introverti. Puis, un jour, sa mère lui a dit de faire des blagues. Et il s'était fait plein de copains.

Mais là, il ne pouvais pas faire de blague. Parce que c'était pas drôle. Pas drôle du tout.

Alors il s'est levé de son lit, a pris une lame de rasoir et il s'est scarifié.

En pleurs. Parce qu'il va pas bien. Juste, pas bien.

Il l'a fait pleins de fois. Dans le lavabo de la salle de bain. Maintenant il ne pleure plus. Mais il ne sera jamais un vrai homme.

Ses résultats baissent ces derniers temps mais ça se vois à peine.

Là, il sort de cours. Il rentre à pied. Il passe la porte d'entrée et celle de la salle de bain.

Eijiro se sent faible.
Il se sent sale. Anormal, pas à la hauteur mais surtout seul.

Il commence à se couper. Il ose plus se regarder dans un miroir et a même peur de croiser son reflet dans les vitrines des magasins.

Il. Ne. Veut. Plus. Être. Lui.

M.Kirishima: Dit moi t'aurais pas vu mon..
Mais il ne termine jamais sa phrase.

Il se précipite sur son fils. Son fils unique, la chose dont il est le plus fier. La chose qu'il a de plus précieux. Qui est en face du lavabo taché de sang.

Il l'attrape par derrière et le serre contre lui, l'empêchant de se faire du mal. Ils pleurent tous les deux.

M.Kirishima: POURQUOI?!dit-il en sanglotant, pourquoi... Eijiro....

Eijiro: Je suis désolé.... désolé... Tellement désolé...

Il lâche la lame mais son père le garde dans ses bras.

M.Kirishima: Qu'est ce qui va pas bonhomme.... tu peux me parler.... tu peux tout me dire... T'es pas obligé de te faire de mal comme ça...

Eijiro: Je v-veux pas vous décevoir toi et maman....sa voix tremble tellement que ses paroles sont à peine compréhensibles.

M.Kirishima: Jamais tu nous décevra. Je te le promet, Eijiro. Jamais.

Eijiro: Même si.... si il ne peut que murmurer tant la honte l'étouffe. Même si j'aime pas les filles?

M.Kirishima: Tu es la chose la plus importante à nos yeux, bonhomme. Alors tu peux même tuer quelqu'un qu'on serait toujours là pour t'aimer.
Tu es sûr que tu es homosexuel Eijiro ?

Eijiro: Oui.... j'arrête pas de faire des efforts pour aimer les filles m-mais ça veut pas....

M.Kirishima: Te forces pas, bonhomme. Ok?

Eijiro: Ok...

Il pleure et rigole en même temps.
Son père le soigne puis le fait descendre dans le salon. Quand sa mère les rejoints, elle ne souris pas. Alors il lui explique. Elle se met à pleurer, lui met une baffe puis le serre contre elle en lui disant qu'elle l'aime.

Et lui aussi il l'aime. Sa mère, c'est la femme de sa vie.

Le lendemain, à la récré, il s'assoie sur un banc. Il est enfin serein pour la première fois depuis plusieurs semaines.

Mais le calme ne dure pas.

Katsuki est assit à côté de lui.

Il a un truc a me dire? Il va bien? Avec tout ça je fais même plus gaffe à mon meilleur pote..

Alors il attend. Il culpabilise sous son silence. Le blond cherche certainement ses mots.

Mais après un moment il se rend compte que l'autre n'est pas là pour parler mais pour le faire parler lui.

Eijiro: hum... Je...

Après tout c'est mon meilleur ami. Il faut qu'il le sache. C'est important pour moi.

Important mais pas facile.

Je... je suis... je suis amoureux... d'un garçon.

Il se crispe sans le vouloir. Katsuki est imprévisible.

La preuve. Il lui fait un sourire en coin, se lève et lui dit.

Katsuki: Je sais.

Eijiro: Ça te dérange?

Katsuki: Le seul truc qui me dérange c'est que t'es pas discret. Évite de baver face à lui la prochaine fois. Même si c'est pas une lumière il va finir par s'en rendre compte.
Il part et la sonnerie des cours retenti.

Je fait un grand sourire et retourne en cours .

Bon.

Maintenant, il faudrait savoir si lui il aime les garçons. Les mecs virils.

Sous nos apparences trompeusesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant