Chapitre 37: L'aube

4K 168 418
                                    

Vos avis m'intéressent toujours autant!

Quand Denki descend du bus avec son sac de classe sur les épaules, il pleure déjà. Ses larmes sont aussi calmes que les gouttes qui glissent sur la parois en verre des vitres du véhicule. Il est blessé mais résigné et s'il doit se faire humilier et frapper par ceux qui sont sa famille, il le fera en gardant la tête droite. Il se l'est promis.

Son torse le brûle quand il arrive dans la rue de sa maison. Il essuie son nez qui coule sur sa manche et entre dans le jardin pour ramasser son sac de sport qui siège sur le perron mouillé. Il relève un instant le regard sur la porte d'entrée qui lui semble immense et le monde autour de lui semble infini et gigantesque. Effrayant. Il est libre mais ça semble si amer. Ce monde est si hostile maintenant qu'il est seul qu'il se sent comme un oisillon jeté dans le vide.

Il part dans le sens inverse, perdu mais comprenant qu'il ne doit pas rester en terrain connu. Il a l'impression d'avoir huit ans et de faire une fugue. Que ses parents vont venir derrière lui et poser une main sur son épaule quand il fera trop noir. Que ce n'est qu'une punition, qu'un avertissement.

Ils vont compter jusqu'à trois et il va se retourner pour courir dans leurs bras. Les mamans ont beau menacer leurs enfants de les abandonner dans les magasins, elles reviennent toujours.

Seulement maintenant il est vingt heures passée et il est dans un endroit qu'il ne reconnaît pas. Il a mal aux pieds et ses cheveux sont trempés sous sa capuche. Ses mains sont froides et douloureuses à force de serrer les lanières de ses sacs.

Les lampadaires transforment la pluie en paillettes lumineuses sur le béton du trottoir quand il marche et le vent souffle dans les grandes branches des arbres. L'air est lourd et le ciel gronde trop fort dans ses oreilles. Il relève la tête pour lire les panneaux qu'il éclaire de son téléphone.

Il le remet dans sa poche avec difficulté. Il n'a déjà pas d'endroit pour le charger, il sera clairement dans la merde s'il prend l'eau.

Il renifle en tremblant et s'avance vers le parc municipal de cette ville qu'il ne connaît pas et comme la pluie devient insupportable, il se glisse sous une table de ping-pong en béton pour se mettre au sec.

La pierre est froide autour de lui et son plafond est couvert de chewing-gum écrasés et de gendarmes qui se baladent et s'accouplent comme s'il n'était pas là.
Il s'adosse au béton en coinçant ses affaires entre ses jambes pour se réchauffer et met sa tête dans ses mains. Sa respiration est la seule source de chaleur aux environs et il souffle sur ses mains, n'ayant clairement pas envie de les voir gercer.

Un coup de tonnerre se fait entendre et il pleure, effrayé et épuisé.
Il voit les voitures passer, phares allumés qui éclairent les gouttes qui tombent et prie pour que quelqu'un remarque qu'il jure dans ce décors nocturne et lui demande ce qu'il fait là.

La nuit est longue et froide et il s'imagine son copain dormir au chaud pour se réconforter. Il se rappelle de ses bras qui le tiennent, de sa bouche sur son cou et de la chaleur qui remplit son ventre à chaque fois qu'il le regarde avec tant d'amour pour essayer d'arrêter ses frissons.

Ça ne marche pas vraiment et quand ses yeux s'habituent à l'obscurité, il fixe le cheval à bascule à quelques mètres de lui aller d'avant en arrière et d'arrière en avant pour ne pas voir le temps couler au ralentit.

C'est une vraie tempête qui se déchaîne et bientôt son abri ne le protège même plus de l'eau qui vient chatouiller ses pieds et du vent qui fouette son visage.
Il espérait que l'orage se fasse plus silencieux mais le ciel est régulièrement zébré d'éclairs lumineux et le tonnerre lui cri dessus avec toute la puissance du monde.

Sous nos apparences trompeusesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant