6: Calvaire, jour 2

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Quand l'alarme de son réveil s'active, Izuku est prêt à bondir dessus pour l'éteindre depuis une bonne dizaine de minutes. C'est comme si son corps, même inconsciemment, avait compris qu'il n'était pas seul dans son lit cette nuit et qu'il avait besoin d'être sur ses gardes, ce qui expliquerait pourquoi il a passé la nuit à entrouvrir les yeux à chaque froissement de son pyjama contre celui de l'autre garçon et à se réveiller à chacune de ses respirations trop forte.

Là encore, Izuku sent le souffle chaud du garçon endormi atterrir en vagues sur sa nuque et plutôt que rester couché à frissonner d'inconfort, il prend son courage à deux mains et se faufile discrètement jusqu'à la salle de bain, se forçant à être encore plus précautionneux que d'habitude en marchant sur le sol grinçant quand il manque de se prendre l'encadrement de la porte en pleine face à cause de la fatigue qui pèse comme une chape de plomb sur ses épaules.

Il ne lui faut pas très longtemps pour se laver ou pour préparer leurs repas pour le midi alors il se retrouve rapidement à regarder la mer de son point d'observation préféré, ayant assez confiance dans les capacités de son ami d'enfance pour qu'il trouve le chemin qui mène à la porte d'entrée ou jusqu'à l'arrêt de bus sans se perdre.

En face de lui, la mer est grise, houleuse et le vent glacial vient frapper son visage d'une gifle salée.
Perdu là sur son bout de falaise, Izuku rêve d'un futur ou d'un autre monde où le garçon qu'il appellait si facilement Kacchan avant qu'il ne le lui reproche d'une grimace haineuse est gentil, veut bien de lui et passe ses temps de pause avec lui. Il n'arrive pas à imaginer mieux, il ne peut pas s'y résoudre et rien que d'imaginer le blond lui sourire ou l'appeler son ami... il n'y arrive pas et la sensation de son cœur qui tente de se rétracter sur lui-même quand il essaie le convainquent d'arrêter tout aussi vite qu'il a commencé.

De toute façon Izuku préférerait bien que son espoir meure une bonne fois pour toute, au moins pour garder une cohérence avec les frissons de peurs et les battements erratiques que son cœur a martelé dans son torse cette nuit quand Kacchan a accidentellement posé -frôlé- sa main sur son bras durant son sommeil, le tirant des bras de Morphée pendant de longues minutes jusqu'à ce que la bouillie qui lui sert de cerveau comprenne que, non, il n'allait pas initier quoi que ce soit avec lui ou lui exploser un membre.

Katsuki se réveille peut de temps après son camarade de classe, quand la deuxième alarme du réveil matin se fait savoir et que son cœur manque de se décoller de sa poitrine. Le blond se réveille en sursaut d'un geste brusque, son bras partant dans la direction de l'objet pour lui donner un coup qu'il rattrape au dernier moment quand il réalise qu'il n'est pas dans sa chambre et que les draps sentent comme l'autre garçon.

Pas plus ravis que la veille de séjourner chez les Midoriya, il se prépare pour le collège en grommelant à demi-mot, saluant rapidement la mère de son ancien ami quand il la croise dans la cuisine et qu'elle lui tend ce qu'il pense être son repas du midi. À en voir la couleur jaune et l'odeur, c'est du curry.

La mère de Deku reprend ce qui doit être sa place sur la table du salon, posant ses mains sur son bol de chocolat chaud, un air encore endormis sur le visage.

- Alors Katsuki, tu as bien dormi?

- Oui merci, dit-il en se beurrant également quelques tartines et en attrapant une banane, s'installant à peine à table.

Il repense sans le dire à sa nuit qui n'a pas été des plus simple, l'autre se tournant sans cesse dans les draps et lui qui a rongé son frein pour ne pas lui donner un coup qui l'aurait finalement assommé.

- Tu as pris ton sac de sport? demande la mère.

- Oui, dit le blond en pointant le sac à ses pieds avant de se lever rapidement, déjà épuisé de devoir lui parler si tôt. Je vous laisse. À ce soir.

Sous nos apparences trompeusesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant