23: Méfiez-vous de l'eau qui dort

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PDV KATSUKI:

Lola: Je suis tellement désolée... je suis- s- si désolée...
Elle pleurait toutes les larmes de son corps en hoquetant devant moi. Elle n'osait même plus me regarder dans les yeux.
Le monde autour de nous semblait s'en foutre. Les enfants passaient en riant autour de nous pour rejoindre une balançoire ou faire un dernier tour de toboggan alors que moi... Moi j'allais perdre ma meilleure amie.
Elle tord les manches de son pull entre ses doigts pour se donner une contenance mais je sais bien qu'elle va se remettre à pleurer. Après tout, qu'est ce qu'elle peut faire d'autre?
J'aime pas la voir pleurer. Ça lui ressemble pas. Elle est toujours de bonne humeur et toujours à l'écoute. Elle devrait pas pleurer.
Je soupire avant de la prendre dans mes bras pour la soutenir alors qu'elle craque totalement.

Lola: Je te jure que je savais pas! Ils me l'ont dit ce matin et- et on part en fin de semaine... sa voix n'est que douleur et je peine même à entendre la fin de sa phrase.
Katsuki: Je sais. Calme toi, dis. C'est pas si grave et puis, tu te feras des amis là bas.

Lola: Mais je pars aux États-Unis! Je- je te verrais plus jamais et... et je veux pas te perdre! Elle trempe mon gilet de ses larmes en se cramponnant à moi comme si sa vie en dépendait. Sa respiration est en vrac et je me sens mal de la voir autant souffrir.

Katsuki: Tu l'as dis toi-même, on peut rien y faire... Arrête de te prendre la tête pour ça et essaie de voir le positif!

Lola: T'es sympa mais j'ai du mal tout de suite! En plus il est tard je vais devoir rentrer... Elle se dégage de mon étreinte et essuie ses yeux rougis avec ses doigts tremblants puis essaie de reprendre une respiration plus calme.
Quelque chose de pesant se loge dans ma poitrine quand je comprend que c'est le moment des adieux. Que jamais plus je ne verrais mon téléphone s'allumer pour que je la rejoigne en urgence au parc...
Son regard se fait déterminé et elle me tend sa main en me disant:

Lola: Ça a été un plaisir de te connaître Bakugo Katsuki. D'avoir été là pour toi et d'avoir pu compter sur toi dans les moments compliqués.
Je sers sa main avec un sourire en coin.
Katsuki: De même. Merci pour mon père et... tu sais quoi, t'avais raison.

Lola: A propos de? Je continue sur ma lancée en fixant son sourire qui s'agrandit de minutes en minutes.

Katsuki: Des mecs. Je suis bel et bien homo.

Lola: Bon bah c'est une bonne nouvelle... On se regarde dans les yeux en silence, pour se souvenir de nos visages une dernière fois.
Les lampadaires s'allument, elle me sourit légèrement et part.

***
PDV OMNISCIENT:

Dans la petite maison des Midoryia, un adolescent se tourne dans tous les sens entre ses draps, en proie à un cauchemar innommable. Il transpire, se tourne et se retourne, jusqu'à en faire tomber sa couverture. Des larmes coulent sur ses joues livides et des bruits étranglés sortent de plus en plus bruyamment de sa bouche. Il se débat, geint en se crispant, et la douleur dans son bas ventre est aussi réelle que rêvée. L'horloge fait tourner ses aiguilles mais son tic-tac affolant, il ne l'entend pas.
Maintenant il hurle presque.
Victime de son cerveau, il ne sait pas que la lumière du couloir s'allume en cette nuit sans lune. Il n'entend pas les bruits de pas dans le couloirs. Peut être sent-il les vibrations de ces lourds pas sur le sol, même à travers les barrières de son inconscient?
Toujours est-il que la porte de sa chambre s'ouvre, révélant la silhouette massive du seul autre occupant de la bâtisse projetée sur le mur adjacent au lit du garçon torturé.
En quelques secondes, les pleurs inhumains sont remplacés par un long silence, digne de la nuit qui couvre cette scène.
Le même bruit mat qui l'a fait taire se répète deux autres fois, accompagnant ceux que l'on entend à travers les murs, composés de menaces de cet homme aux poings qui cognent et d'un estomac maltraité qui rend son dîner sur le matelas d'un lit.
Izuku supplie. Il supplie cet homme d'arrêter, qu'il ne voulait pas, qu'il dormait, qu'il n'a pas fait exprès mais il ne l'écoute pas, trop occupé à lui dire de se taire et d'arrêter de crier.

Sous nos apparences trompeusesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant