CHAPITRE 18

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Ce soir la, j'avais passé la soirée à alterner entre servir des petits vieux bourrés et passer du temps avec ma famille. Les voir tous réunis pour moi m'avait fait chaud au cœur. Il y avait encore des gens pour moi qui m'entouraient finalement.

Mais toutes bonnes choses avaient une fin. Rodolphe fut le premier à se lever, il avait sauté de sa chaise lorsqu'il avait vu l'heure sur sa montre.

-Ma femme va me tuer, il marmonne en rassemblant ses affaires.

-Comment tu vas rentrer ?

-À pied, il me répond fièrement.

Josh fut le premier à ricaner, et je cédais aussi à la tentation. Le sourire au lèvre, je me levais de ma chaise peu confortable et le pris par les épaules.

-Allons, Rodolphe. Tu habites à l'autre bout de la ville... Je rie encore. Si tu veux que Margaret de tue, alors oui, rentre a pied dans cet état. Avec un peu de chance tu arriveras à l'aube.

Il fronce les sourcils et vacille un peu.

-Dans cet état... Il reprend mes mots. Qu'est ce que tu racontes Théïa ? Il demande.

-Je crois bien que ce qu'elle essaie de te dire mon vieux, c'est que t'es totalement torché ! S'exclame Josh trop fort.

La tête du directeur se décomposait et Abi -dans le même état- éclata d'un rire aigu. Pliée en deux, elle s'esclaffait exagérément, sûrement était-elle sous l'euphorie du moment. Je l'entendis néanmoins entre deux trémolos s'exprimer, et je pu en traduire de part son articulation digne d'un ivrogne quelque chose comme « il est aussi bourré que moi »

-Ne rigolez pas, vous êtes tous dans le même état que lui. J'essaie de crier par dessus les rires et le brouhaha des uns et des autres.

C'est fou. Ils étaient aussi bruyant que la table des piailleuses, si ce n'est plus.

-Si c'est comme ça, tous le monde dort à la maison ! Crie Katharina en ne tenant pas compte de ce que je venais de leurs dire.

Elle se levais de sa place dans un empressement qui lui ressemblait bien, mais quelque chose dans sa robe semblait s'être accrochée à la chaise. Elle débuta sa route d'un un élan d'obstination voué à l'échec: son accrochage lui valu une chute mémorable, la tête la première vers le sol.

J'accourus à la table dans seconde qui suivit le drame. J'aidais Kathe à se relever, qui avec plus de peur de que de mal, pleurais de rire devant son ridicule. Je prenais ma tête dans mes mains devant ce chaos et inspirais un grand coup.

-Aller, je vais vous appeler des taxis. Rasseyez vous tous à vos place sinon ça va très mal se passer pour vous! Explosais-je.

Droite, les épaules ouvertes et les bras croisé sur mon torse, je les scrutais tous avec un regard qui semblait en dire long. Ils me poussaient à bout. Ils s'étaient tous tu, se figeant même les yeux écarquillés sur ma personne.

Un râle commun broyait l'air: ils étaient pire que les petits vieux. Ils représentaient à merveille les pires clients en fin de service. Quelques minutes plus tard, les deux taxis étaient chargés des marchandises trop arrosées. Je souhaitais bonne nuit à Kathe et Josh et laissais enfin partir la voiture.

Je faisais de même avec Rodolphe, et lorsque le chauffeur partit, juste avant de disparaître dans l'angle, Rodolphe sortit son buste entier de la fenêtre. Un filet clair et épais coulait à flot de sa bouche puis il disparaissait au bout de la rue. Burk, il avait dégobillé toutes les boissons sur la pauvre carrosserie du taxi.

Væ Victis - ThéïaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant