Londres, dans le cabinet de Madame Perry.-Comment te sens-tu Théïa, me demande Madame Perry, ma psy attitrée depuis des années.
Je m'installe plus confortablement dans le siège clair, déjà fatiguée de cette journée. Le rendez-vous annuel avec ma psy me rappel quatre fois, ma vie étais parsemée d'évènements tragiques. Je souffle un bon coup, puis réfléchie à ce que je vais bien pouvoir lui répondre.
Les quelques heures de sommeil que j'ai réussi à voler à mon insomnie ne m'aident pas vraiment. Deux à trois, tout au plus. Je ne devrais plus être étonnée de réagir comme ça, c'est la même histoire à chaque fois. Pourtant, j'ai l'impression que depuis, j'ai réussi à guérir. Mais mon corps me fais voir les choses autrement. Je me mens juste à moi même.
C'est pareil depuis cinq ans. Je suis prise de violente nausée quelques jours avant mon rendez-vous. Je n'arrive plus à manger, je dors à peine, trop secoué par de longues insomnies. Donc non, je ne vais pas bien. Même si j'essaie de me convaincre le contraire. Il faut dire que je ne digère toujours pas le fait d'évoquer mon drame familial. La mort soudaine de mon père, la rechute de ma mère, son addiction aux drogues dures dans lesquelles elle a trouvé refuge, ses mauvaises fréquentations, sa violence. Une ados de seize ans n'a pas à être baignée dans toute ses histoires glauque. Pourtant, moi, je l'ai été.
-Bof, je réponds finalement.
Mon ventre me lance une violente crampe, comme pour rectifier mon propos. Mal. Je suis mal. Elle écrit ma réponse sur son fichu cahier bleu, comme à chaque fois que je prononce un mot. Elle m'énerve, sous ses air de cruche parfaite. Je croise les bras puis souffle.
-Je n'aime pas vraiment vous voir, je l'attaque sans raison.
-Et pourquoi ça, elle pose son stylo, voyant mon regard insistant et réprobateur sur ses notes.
Elle me regarde en souriant doucement, comme pour m'inciter à continuer ma réflexion. Pourquoi ai-je dis ça ?
-Je ne sais pas, je murmure.
J'ose laisser traîner mon regard dans la pièce dans laquelle nous nous trouvons. Elle n'a jamais changé. Pourtant, elle devrait, je ne l'aime pas. Il n'y a pas plus minimaliste: une bibliothèque parfaitement rangé, un long bureau en verre, deux larges fauteuil qui se donnent face, de la moquette grise et une fenêtre. Tout cela dans les tons clairs, ce qui rendait la pièce plus froide que son propriétaire, Madame Perry.
-Moi je sais pourquoi tu ne m'aimes pas, elle dit de sa voix mielleuse.
-Dites toujours, je m'affale dans le siècle.
-Vous ne supportez pas l'idée de me voir, de me faire faire face parce que ça serait faire face à vos problèmes. J'arrête de respirer. Ça vous rappelle que...
-C'était il y'a longtemps, je la coupe puis me referme.
Je me recroqueville littéralement contre moi même, pliant mes jambes contre mon torse. Je n'ajoute rien, préférant penser à autre chose que cette foutue histoire qu'est ma vie. Les larmes me montent, mais je fais au mieux pour les retenir.
-C'est normal de toujours se sentir mal.
Encore un blanc. Je renifle.
-Cependant, je trouve que tu en as fait du chemin.
Elle arrive à me faire relever les yeux.
-Tu es bientôt à la fin de ton cursus. Tu as été, elle fouille dans ses feuilles, quatre années de suite, soit les quatre années pendant lesquelles tu as étudié, major de ta promos. Dans quelques jours, tu seras enfin diplômée. Tu as un appartement avec Abigaëlle, et tu as su faire face à de nombreux problème sans jamais demander l'aide de tes tuteurs. Tu es indépendante Théïa, et tu va réussir dans ta vie professionnelle.
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Væ Victis - Théïa
RomanceC'en est trop, je le pousse de toute mes forces et il bascule sous l'emprise de mon geste. Je crois que sa tête se fracasse contre le sol. Atteinte d'une violente frénésie, je l'enjambe et lui attrape le cou. -Ferme ta putain de gueule ! Je lui serr...