CHAPITRE 14

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-Tiens Théïa, ça faisait longtemps, j'entends une voix niaise.

Je me tourne vers Sarah, mon ancienne et détestable collègue de travail. Elle bosse ici depuis des années, on ne s'est jamais vraiment supportée. Je m'empresse de lui jeter un pique.

-Pas assez, malheureusement, je souffle puis regarde ailleurs.

Ses yeux vert de vipère et ses cheveux noir ébènes s'harmonisent parfaitement avec sa peau foncé. Elle grogne puis tourne son regard vers Chain Ross, la star qui se trouve à ma table. Je jurerai l'avoir vu retenir son souffle, comme ébahit par la personne qui se trouve devant elle.

-B...bonjour, elle bégaye.

Elle reprend son souffle. Après tout, nous avons une star en face de nous. Sarah est déstabilisée et je dois avouer que la voir dans cet état est plutôt comique, elle qui paraît toujours sur d'elle. La rockstar lui lance un regard aguicheur, il retire sa casquette puis ébouriffe ses cheveux. Il a chaud sous ce sweat ample, ses joues rougissent légèrement à cause de la chaleur. Le soleil est de plus en plus puissant en cette fin de matinée, je doute qu'il ne le garde plus longtemps. Mais ça doit être pour lui une couverture pour ne pas qu'on le reconnaisse. Ses bras son remplis de tatouages qui ne passent pas inaperçus.

-Salut, dit le chanteur d'un ton salace.

Il ne prend pas la peine de se présenter, la serveuse l'a reconnu. Il matte sans vergogne le décolleté de mon ex collègue qui se dandine gênée sous son regard insistant. Je lève les yeux au ciel lorsqu'un sourire traverse la barrière de ses fines lèvres. Ses dents sont blanches et impeccablement alignés.

Sarah, la bouche entre ouverte reste choquée devant la prestance du rockeur. Ses joues virent au cramoisies, elle bafouille quelques mots incompréhensibles et part derechef. Moi non plus je ne m'adapterais jamais à une telle beauté. Ce mec est un dieu grec. Un véritable cadeau de la nature. Dommage que le reste ne suive pas avec. Il se racle la gorge, il a toute l'attention de Sarah.

-Que désirez-vous à boire ? Elle s'adresse seulement au chanteur.

-Comme d'habitude pour moi, je coupe la parole de la star.

Elle grogne. Rien à faire des bonne manières.

-Un café, s'il te plaît, il la regarde en triturant négligemment ses longs doigts.

Ses nombreuses bagues claquent sous son mouvement, les yeux de Sarah son absorbés par ses lents mouvements. Les miens aussi. Bon dieu que sa main est immense. La serveuse referme la bouche, avale difficilement sa salive puis part en bégayant. C'est l'effet Chain Ross ça. J'espère que je n'avais pas l'air aussi débile lorsque je l'ai vu pour la première fois.

Ce qui est détestable, c'est que cet homme sait l'effet qu'il a sur la gente féminine. Il en joue. Pour lui, tout est un jeu. Il jette un œil autour de nous, examinant le coin avec soins. Puis il ancre son regard dans le mien.

-Pourquoi étais-tu aussi bien apprêtée dans le taxi ? Entretien d'embauche ? Lance le ténébreux.

Il passe une main dans ses cheveux. Une mèche rebelle tombe sur son front. Wow. Irrésistiblement beau. Il ajuste ses lunettes colorées sur son nez, ses yeux vairons ressortent à merveilles.  Je prend quelques secondes à percuter sa question. Réveille toi Théïa, il joue.

Je reprend mes esprits. Est-ce qu'il essaye vraiment de faire la conversation ? Oui, il en a tout l'air. Apparement, il n'a rien à faire parce qu'il me suit. Est-ce qu'il pense au moins aux conséquences de son acte ? Si quelqu'un nous prend en photo et que les clichés circulent sur la toile, je suis sur qu'on entendra parler de la « BottleGirl » alias moi en core longtemps. Pourtant, s'il se trouve ici, à la table de mon café habituel de son plein gré, c'est qu'il est en connaissance de cause. Il sait ce qu'il fait. En tout cas, c'est ce qu'il me laisse paraître. Que je l'ignore ou pas, il ne bougera pas de la. Puis, il faut relativiser : ce n'est pas ici qu'il se fera courser par des filles et chaleur. Appart quelques mamies envieuses et des papis agacés que leur femme matent sans vergogne ce jeune homme, personne risque de nous déranger. Enfin, je l'espère. Et puis, j'ai besoin de raconter mon exploit à quelqu'un, Abi le saura seulement lors de mon arrivée à la maison. Comme je n'ai plus de téléphone, il m'est impossible de la prévenir. Même si elle sait déjà que j'allais tout cartonner et que j'allais avoir mon diplôme « les doigts dans le nez ».

Væ Victis - ThéïaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant