CHAPITRE 29

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Assise sur le rebord de notre terrasse, j'avale une bouchée d'un délicieux feuilleté préparé par Katarina. Dans mon dos, son rire cristallin éclate dans l'air, emportant avec elle ceux des invités. Oui, autres invités. Parce que le simple dîner en tête à tête avec les parents d'Abi s'est transformé en une véritable réunion de famille. Ses grands parents sont arrivés en premier, presque deux heures avant l'heure prévu... puis c'est Josh et Katerina qui ont véritablement ouvert le bal avant toute la chier de petit cousin et neveux. Et sa sœur, notre tante favorite... Une horreur.

Comment dire qu'à l'intérieur, c'est un véritable bordel. Abi et moi alternons le service de tous les petits plats amenés gentiment par les invités. Et là je prends un temps pour respirer. Parce que même si je les aime tous d'amour, la sœur de Katerina la vipère n'en manque pas une pour frapper la ou ça fait mal. Après tout, Abi et moi sommes « trop dévergondés, voyon, Kat... regarde ce que leurs mauvaises influences leur font faire ! La une des journaux. La honte sur notre famille lorsque je suis tombée sur ces connerie l'autre matin. Et crois moi, c'est pas près de s'arrêter pour elle Kat ! » .

J'avale un autre feuilleté tout rond et souffle. Qu'est-ce qu'une famille sans histoire de famille, hein ? Je suis malgré tout contente de les voir. C'est juste que, ce petit pincement dans mon coeur ne cesse de me titiller. Ce repas de famille, de la famille d'Abi me rappel que moi j'en ai plus vraiment. Ça me rappelle que je me suis greffé à la leur et qu'ils m'ont tous accepté avec une gentillesse sans nom. Et ça me brise un peu plus de m'en rendre compte à chaque fois. Ma famille à moi me manque aussi. Les yeux levés aux ciel, j'essaye de faire disparaître les larmes qui se sont accumulées.

Un mouvement dans les buissons épais attire mon attention. J'avale presque de travers et cligne mes yeux humides. Juste en face de moi, là où l'herbe est beaucoup trop longue, une bête étrange fait rater un battement à mon coeur.

-Qu'est-ce que...

Un chat. Sans poil. Ses yeux exorbités fixent les réserves de feuilleté dans le creux de la main. Il dévisage tellement mes provisions que je crois qu'il va se jeter dessus. Lorsque un miaulement ridicule sort de sa bouche, faible et aiguë, je me lève et m'approche doucement.

-Vient par ici... tu as un petit nom ?

Je m'agenouille et attend qu'il fasse le premier pas. La paume tendu vers lui, le chat hésite quelques secondes avant de dévorer ce que je lui offre.

-Mais tu n'es pas sauvage ! Quel jolis médaillon tu as... laisse moi voir ce...

-TYBALT ! S'exclame une voix grave de l'autre côté de la clôture.

Je sursaute et le chat pris d'une peur soudaine me griffe le bras. Je crie puis il me mort le doigt et cavale comme si sa vie en dépendait. 

-Nom de Dieu, sale bête ! Crie le voisin.

-Sendhil ! Je m'exclame. Pourquoi... mais pourquoi...

Aussi courbé que son corps le permet, Sendhil peste sur le chat déjà disparu avec une clope au bec. Il est évident qu'il tente de se cacher derrière ce buisson ridicule dans son jardin. Notre grillage quasi inexistant ne me fait pas rater une miette de ce spectacle.

Je secoue ma main, un trait rouge décors déjà mon bras. Super. J'exerce une pression autour de la griffure le temps que la douleur passe.

-Qu'est-ce que vous faites cachez ici, Sendhil ?

-Bonjour ma p'tite, tu as fait la connaissance du vieux Tybalt, ça faisait des mois qu'on l'avait pas vu. Il t'a pas loupé ! Il louche sur mon bras.

A qui la faute ?

J'agrippe la clôture bien trop basse pour cacher quoi que ce soit entre nos deux jardins. Sendhil est toujours accroupie, il jette un regard en arrière avant de tirer une autre taff.

Væ Victis - ThéïaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant