CHAPITRE 30

18 2 2
                                    



Des bousculades, des mouvements de foules, ma robe tirée dans tous les sens, des téléphones braqués sur moi, des hurlements qui font bourdonner mes oreilles. Tout dégénère tellement vite que je ne suis plus capable de bouger, de respirer, de penser. On me traîne hors de la foule humaine, je suis à nouveau bousculée. Des agents de sécurités je crois. Des cries, encore des cries. De joies, de menace. Je suis perdue, complètement, mais la gifle de Rodolphe me fait reprendre conscience.

Nous deux, seuls dans la cage d'escalier, peut-être l'étage inférieur du drame. Là main sur ma joue brûlante, je dévisage Rodolphe.

-THÉÏA ROBERT TU VAS M'EXPLIQUER LE BORDEL QUI SE DÉROULE DANS MON ÉTABLISSEMENT ! Il hurle hors d'haleine.

Un doigt accusateur est pointé vers moi, il s'approche et me secoue par les épaules.

-NON DE DIEU MAIS DANS QUEL DRAPS TU ES EN TRAIN DE ME METTRE ? TU CROYAIS QUE ÇA ALLAIT SE PASSER COMMENT DE... THÉÏA ÉCOUTE MOI, NON DE DIEU !

Il me lâche et fait un tour sur lui même, désemparé. Son téléphone n'arrête pas de sonner, il raccroche rageusement à chaque fois.

-Je vais me faire tuer par le conseil bordel de m... THÉÏA !

Il s'approche à nouveau et claque des doigts devant mon visage.

-RÉVEILLE TOI ! Dis quelque chose, tu n'as pas le droit de...

Je recule inconsciemment. Je dois partir, vite.

-NON, TU NE PEUX PAS FUIR À CHAQUE FOIS QU'UN... qu'un... je ne sais même pas comment ON PEUT QUALIFIER CE QUI SE DÉROULE À L'ÉTAGE DU DESSUS ! Non mais tu t'en rends comptes ? PARCE QUE TU FRÉQUENTE CES... Ces... Il crache chaque mot avec tant de haine que mon coeur se brise.

Il m'attrape encore par les épaules et me regarde droit dans les yeux.

-Regarde où ça te mène, ou ça nous mène... et ton père, hein ? QU'EST-CE QU'IL DIRAIT RINN HEIN ? Il s'époumone à nouveau.

Son téléphone sonne encore, il crie et le jette rageusement au sol. Une crise de nerf. J'ai peur.

-Rodolphe, c... calme toi, il faut que...

Il donne un coup de pied dans la porte. Violence. Il me terrifie.

-THÉÏA NON DE DIEUX EXPLIQUE MOI POURQUOI IL FAUT TOUJOURS QUE...

Ses doigts s'enfoncent dans mes épaules, j'essaye de le repousser.

-Lâche moi ! J'ai rien fais ! J'AI RIEN FAIS ! JE SAIS PAS NON PLUS CE QU'IL SE PASSE ! Putain mais tu crois que j'ai fais une émeute dans ta fac pour te mettre toute l'administration à dos ?! Je m'époumone à mon tour.

Je me dégage de son emprise, violente, puissante.

-Ne me parle pas sur ce ton Théïa ! Crois moi, tu ne sais pas à qui tu t'adresses !

Il me chope, je le repousse tellement fort qu'il bascule en arrière.

-Ne ME TOUCHE PAS RODOLPHE ! Je crie, je sanglote.

Silence pendant un instant. Mon coeur bat a mille à l'heure, de peur et de terreur. Je l'ai fait tomber par terre. Il grimace au sol et gigote pour se mettre assis. La chute ne lui fait pas défroncer ses sourcils, au contraire, il parait encore plus en furie. Je ressens encore le besoin de me justifier. Il faut qu'il comprenne.

-Je ne connais pas ses gens je ne sais pas ce qu'ils font là et mes fréquentations n'ont rien à voir avec...

-Dégage d'ici, sec.

Væ Victis - ThéïaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant