Chapitre 21

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Le lendemain matin, 4h30.
Dans la maison de Katharina et Johan, parents d'Abi.

L'alarme stridente du réveil me sort brutalement de mon sommeil bien trop court. A mes côtés, Abi remue dans les draps en grognant. J'éteins d'un geste brusque ce son infernal avant de me replonger sous les draps.

-Je ne veux pas y aller, je peine à articuler.

Seul un grognement grave me répond, puis une respiration lente et un léger ronflement. Je la bouscule.

-Abi bouge, debout!

Moi même pas convaincu de mes paroles, je me force à me lever et ouvre à nouveau les yeux. Ça pique. D'un coup sec, je lui arrache les draps quel agrippait comme une sauvage.

-Laisse moi dormir, putainnnn, elle tente également d'articuler.

Je fais quelques pas pour atteindre l'interrupteur au bout de la pièce. Le clic produit par la pression émet une lumière bien trop aveuglante pour nos pauvres yeux. C'est l'enfer.

Abi grogne à nouveau (cette fois plus fort) puis se met sur le ventre, un coussin sur la tête.

Après quelques minutes de bataille intense à coup d'insultes peu compréhensives, Abi se décidée à se lever avec le peu de conviction qu'elle peut y mettre. Je me tapais des journées de travail de malade et elle avait pour seule préoccupation de savoir comment elle allait s'habiller le soir pour sortir. À rentrer à pas d'heure ses derniers jours ne lui rendent pas services. Je la déteste vraiment par moment, elle n'a aucun sens des responsabilités. Elle a seulement quelques heures de cours cet été, et bien trop de temps libre.

Mais bon, la fatigue ne pouvait pas être mis sur le compte de sa mauvaise humeur. D'habitude, Abi est toujours éclatante et super excitée pour le moindre truc. Peut-être que si je creuse un peu, je saurai les raisons de son comportement boudeur. Et j'espère de tout cœur que ce ne soit pas en rapport avec la gente masculine. Elle a trop souffert pour le dernier.

Il est cinq heure (du matin) passé lorsque nous sommes monté sur le scooter, fidèle à nos jolies casques pailletés. Je ne saurais dire qui a la pire dégaine: je porte le vieux short de basket de mon père datant de ses années universitaires accompagné d'un teeshirt trouée faisant office d'exutoire lorsque je laissais mon âme s'exprimer à la peinture. Troué de vieillesse, je m'étais décider à le découper au dessus du nombril. Abi, elle, a opté pour son mini short qu'elle porte lors de ses séances de pole dance, et son haut de pyjama taché de son café. Nous formions une belle équipe de bras cassé.

Mais bon, c'était la dernière ligne droite. Après, je goûterai à ma nouvelle vie. Tout sera nouveau pour moi. Plus d'études qui me contraignaient à travailler des heures et des heures, de m'arracher le cerveau tant j'apprenais de nouvelles choses, tant je me surmenais. Plus de travail chiant et fatiguant (enfin, j'attends de voir ce qu'est le métier de prof), et surtout un bon salaire.

Nous arrivons cinq minutes en retard et le camion de déménagement est déjà garé devant chez nous, en face de notre petit portillon rouillé. Le gros camion -à notre plus grand bonheur- ne bloque pas les routes qui sont bien plus larges que celles du centre ville. La brise matinale me fait regretter un petit pull, mais en voyant la porte du camion s'ouvrir, je me dis que nous aurons vite bien chaud.

-Bon... Quand il faut y aller...

Je souffle et monte dans l'antre du démon.

-Abi, va ouvrir le portail et la maison s'il te plaît, les clés sont caché sous...

Je me retourne et constate que je parle dans le vide. Elle marmonne au loin et j'entends le portillon s'ouvrir dans un grincement désagréable. Décidément, il y a vraiment quelque chose qui n'allait pas ce matin.

Væ Victis - ThéïaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant