Væ Victis - Théïa

CHAPITRE 4

Londres, dans un quartier modeste.

Deux heures. Il nous aura fallu deux heures pour sortir du parking des zéniths. Et lorsque nous sommes enfin sorti de cette monstrueuse queue d'embouteillage, nous avons hurlé de joie. Mon amie m'a parlé du concert tous le long du chemin, et je l'ai écouté le sourire aux lèvre, même si j'ai vécu ce moment avec elle. Puis je lui ai vaguement expliqué comment on m'a pris en charge pour ma petite coupure. Je n'ai pas envie de lui gâcher ce moment.

-Pfiouuu, enfin arrivée, je m'écrase sur le canapé.

-Sushis ? Me demande Abigaelle en fermant la porte d'entrée.

Je lâche un long râle comme réponse positive, m'imaginant déjà croquer dans mes gyozats. Cette journée à été épuisante. Nous sommes partie ce matin à 6h, et nous avons attendu sous le soleil étouffant de Londres. Les personnes les plus faibles se sont évanouis avant l'entrée dans la salle de concert, secouru par les pompiers qui surveilleraient le périmètre. Puis d'autre on réussi l'épreuve de l'attente, mais on cédé à la vu de leurs idoles. Et d'autre ont survécu tout le long de la journée. Comme Abi et moi même. Enfin, plus elle que moi.

Abi s'empresse de prendre le menu accroché à notre frigo, puis hésite comme à son habitude entre deux sorte de sushis. Tout ça pour qu'elle finisse par prendre ceux au thon, ses préférés. Pour ma part, je prend toujours les mêmes, donc je la laisse s'occuper de la commande.

Je vais à la douche et laisse la porte entre-ouverte comme nous avons l'habitude de le faire avec ma coloc. Il se trouve que nous avons toujours des choses intéressantes à nous raconter quand nous sommes occupées. Mes muscles se détendent instantanément au contact de l'eau fraîche. Qu'est ce que ça fait du bien. Je frotte frénétique mon corps avec mon gel douche fruité afin d'enlever l'odeur de transpiration et les traces de sang. Elles s'étendent de mon arcade à mon cou, puis continuent leur chemin le long de mon bras pour finir leurs courses sur ma main et mon torse. C'est petit mais ça saigne beaucoup. Je comprend la tête ahurie des gens qui m'ont vu dans cet état.

Quand j'y repense, j'ai du mal à croire tout ce qu'il s'est passé. Le fait d'avoir pu être si proche de la scène est vraiment fou en vue des milliers de personnes qui se trouvaient dans l'arène. Mais le fait d'avoir pu parler, ou plutôt échanger quelques mot avec ses jeunes hommes me parais tellement irréel. Tant de filles auraient aimé pouvoir, rien qu'une fois, recevoir un clin d'œil d'Harley, l'homme au crâne rasé et aux yeux translucides. Ou bien un sourire de Chain, le ténébreux aux billes bicolores. Ou encore un baisé dans l'air de Newt, le blondinet. Et moi, qui ne les connais n'y d'Adam n'y d'Ève, a réussi à être à quelques mètres d'eux,  échanger avec deux d'entre eux, et même en bonus recevoir une bouteille dans le tête, qui m'a laissé dans une situation improbable. Abi coupe le fil de mes pensées.

-Ho, je ne t'ai pas raconté, me hurle Abi de la cuisine une fois l'appel terminé. Que le marathon des potins commence !

Je sens que les potins de cette semaine vont être plus que croustillants. Elle est rentrée chez ses parents pour les vacances la semaine dernière. Ils habitent dans un coin reculé de Londres, un peu à la campagne. Elle sort d'une séparation assez violente avec John, sont connard d'ex. On va dire que nous n'avons jamais réellement eu de la chance niveau amour. Mais comme dirait Katharine, la mère d'Abigaelle et accessoirement ma tutrice, notre tour viendra. Cependant, cela fait 21 que je l'attend, et mon prince charmant n'est pas foutu de se montrer. L'entourage de sa famille est assez spéciale, surtout tante Lydie et ses trois démons. Elle est très vieux jeu, et je peux dire qu'elle ne me porte pas dans son cœur, mais Abi et moi jouons dessus, pour la rendre folle.