CHAPITRE 28

20 2 0
                                    




-Théïa... Théïa...

Mon prénom résonne dans mes oreilles. Cette douce mélodie me rappel ce grain de voix que je rêve tant d'entendre depuis des années. « Papa », je murmure à peine.

-Théïa... respire... Théïa...

Papa ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi mes yeux sont si lourds et ma tête si douloureuse ? Pourquoi est-ce que j'ai l'impression de mourir, de ne jamais pouvoir respirer à nouveau ? Que mon coeur va exploser et que mes poumons se perforer ?

-Bon Dieu Théïa respire ! Théïa...

Papa, pourquoi tu n'as plus la même voix ? Où suis-je ?

-Inspire, expire, suis ma respiration...

Mes sens me reviennent violemment, le brouillard se dissipe de mes yeux et les bruits me parviennent à nouveau.

-Rodolphe, je murmure. Rodolphe ?

Son visage est tiré par l'inquiétude. Ses sourcils sont froncés et ses yeux ne quittent pas un instant les miens. À genoux en face de moi, il me tient les épaules. Il m'empêche de sombrer.

-Théïa aller respire, inspire...

Je remarque alors que mon souffle saccadé comprime ma poitrine. Alors j'inspire malgré la douleur.

-C'est bien, expire maintenant, oui comme ça... inspire...

Ses yeux sombres me gardent éveiller dans cette dur réalité. Petit à petit je parviens à reprendre le contrôle de mon corps lourd et tremblant.

-Tu veux que j'appelle une ambulance ? Je secoue vivement la tête de gauche à droite. D'accord, d'accord t'en fais pas, pas d'ambulance, j'appelle Abi ? Je refuse. Katharine, Johan... non ? D'accord, continue à respirer.

Son ton s'adoucît en même temps que les traits tendus de son visage. Il repose ses mains au sol et courbe son dos.

-Tu m'as fait une sacrée frayeur Théïa.

Exténué, il se laisse tomber sur le coté et s'assoit au sol toujours face à moi. Mes membres tremblants se calment peu à peu, ma gorge comprimée se desserre et me permet de parler à nouveau.

-Désolée Rodolphe, je murmure.

Ses yeux foncés dans les miens, il me regarde avec une lueur étrange. De la peine ? De la pitié ?

-Désolée pour ton café, je dis en regardant sa boisson fumante étalée au milieu du hall..

-Ce n'est rien, il balaye de la main.

Je n'ose plus soutenir son regard, je vois bien qu'il meurt d'envie de savoir ce qu'il s'est passé. Je fourre mon téléphone dans mon sac et m'appuie sur la porte afin de me lever. Une fois mes genoux tremblant stabilisés, je plisse mon pantalon poussiéreux et rattache la chemise.

-Théïa ?

Je ne veux pas voir ses yeux remplis de peine, de pitié.

-Mmh ?

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Je secoue la tête.

-Tu veux bien me raconter ?

Non.

-Théïa, regarde moi. Tu peux tout me dire, tu le sais ?

Non.

-Regarde moi, s'il te plaît, il demande en se levant difficilement.

Une fois debout, ses mains s'ancrent à mes épaules, je dévisage sa cravate. J'ai tout à coup l'impression d'avoir aussi un noeud qui me serre le cou, qui m'étouffe.

Væ Victis - ThéïaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant