CHAPITRE 31

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Alors qu'un homme au crâne dégarni et aux grosses lunettes attend devant un portail rouillé, le bruit d'un scooter brise le silence du quartier. Il louche quelques instants sur la boîte au lettre de travers puis s'approche  de la jeune femme qui se gare. Elle enlève son casque à paillette et salut l'homme.

-Salut Rodolphe. Désolée pour le retard.

-Comment ça va ? Tu as une petite mine, Rodolphe lui rend son accolade.

Abi hausse les épaules et soupire.

-Ça ne s'est pas arrangé depuis ton coup de téléphone, j'ai pas eu de nouvelles non plus, j'appelle depuis hier.

Ils s'engagent dans l'allée.

-Ça m'embête vraiment de te faire venir jusqu'ici alors que tu n'as pas forcément envie de la revoir ou...

-Ne t'en fait pas...

-Mais j'ai besoin de savoir comment elle va. La dispute qu'on a eu, je, j'ai, j'ai pas contrôlé mes mots. Il soupire encore et se passe la main sur le crâne.

Abi le regarde gravement à la porte d'entrée. Elle hoche de la tête.

-Moi aussi j'ai besoin de savoir... son murmure se perd dans le grincement de la porte.

C'est l'hécatombe. L'appartement est dans dessus dessous. Abi a un mouvement de recule, elle se tourne immédiatement vers Rodolphe qui ne quitte pas le champ de mine des yeux.

-On s'est disputé, je te l'ait... c'était... très...

-Oui, je vois.

Elle pince ses lèvres puis entre. Elle évite les objets brisés au sol et appel Théïa. Aucune réponse.

-Attends ici, je vais voir dans sa chambre.

Rodolphe acquiesce.

-Théïa ? C'est moi, Rodolphe est avec moi...

Elle tourne dans l'angle et se lance dans le couloir. La porte de la salle de bain est la seule ouverte, tout au fond. Elle avance doucement puis bloque : Théïa est étalée de tout son long au sol. Abi reste un instant debout, ses yeux sont tellement révulsés qu'ils pourraient sortir de leur orbites. Et son cœur... il bat si fort qu'on voit presque son teeshirt bouger.

Théïa est allongée là, au sol, baignant dans sa propre urine. Des morceaux de nourriture - vomis jonchent au sol, sur ses habits et sur le coin de ses lèvres. Ses mêmes lèvres qui son étirés en un sourire. Ses yeux vitreux semblent voir mont et merveilles alors qu'ils dévisagent seulement le plafond.

Elle plane complètement.

-Abi ? Alors ? Tout va bien ? Je peux venir ?

Elle reste sans voix.

-Abi ?

Des pas s'approchent. Elle réagit vite et sort de la salle de bain. Ferme la porte. Se réfugie devant celle de sa chambre. Rodolphe apparaît au bout du couloir les sourcils froncés.

-Elle est dans sa chambre. Elle... elle dors.

Rodolphe semble respirer à nouveau.

-Tu crois que je peux aller la voir pour...

-Il ne vaut mieux pas, tu sais comme elle a le sommeil difficile. Je... je vais attendre son réveil et lui dire que tu es passée, puis je repartirai chez mes parents.

Abi n'ose presque pas le regarder dans les yeux, Rodolphe acquiesce.

-Tu as raison, merci de t'être déplacée ma grande.

Væ Victis - ThéïaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant