A bout de souffle

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Je marche un long moment avant de rejoindre mon appartement. Je suis venue ici pour démarrer une nouvelle vie, repartir de zéro, mais visiblement, je n'attire que du négatif. En arrivant dans l'immeuble, je décide de frapper chez Cami, mais personne ne répond. Je pousse la porte de mon appartement et m'effondre sur le divan. Mon objectif en arrivant ici été de retrouver mon frère, mais, à l'heure actuelle, je n'ai rien fait pour. Le peu d'informations que j'ai réussi à collecter ne m'ont menée qu'à de fausses pistes. Comment peut-on disparaître comme ça ? Peut-être que lui aussi est mort, comme le restant de ma famille, ou simplement qu'il ne veut pas être retrouvé. Mes vieux démons semblent vouloir reprendre le contrôle sur mon esprit. Il est temps à présent que je pense à moi et que je fasse des choix en fonction de moi et moi seule. Quoi qu'il en soit, je ne peux plus rester ici après ce qu'il s'est passé. Je vais devoir trouver une nouvelle ville où m'établir et recommencer une nouvelle fois. Je pourrais aller au Canada ou en Australie ?Mais, avant de partir, je veux vérifier mon ultime et dernière piste, celle d'une pierre tombale au nom d'un certain Wyatt Mills. Au cours de mes recherches, j'ai remarqué qu'il y avait un certain nombre de personnes portant le même nom aux Etats-Unis, et même si je sais que les chances que ce soit lui sont minimes, j'ai peur de la découverte que je vais faire.

 Je ne connais pas l'emplacement exacte de la stèle, pourtant au détour d'une allée, j'ai cette intime conviction que je dois tourner à gauche, je ne saurais pas expliquer pourquoi. Je regarde les noms défiler et m'arrête sur un, me semblant familier et accompagné d'une photo que je ne connais que trop bien.

                                                                                Wyatt Mills
                                                              12 juin 1989 – 14 mars 2015

Il m'est impossible de décrire ce que je ressens en voyant le nom de ce frère que j'ai cherché une bonne partie de mon existence. Au fond de moi, je le savais déjà en arrivant ici et je pense que c'est pour cette raison que mes démarches n'étaient pas si actives qu'en Angleterre. Je ne voulais juste pas me l'avouer. À Londres, j'ai remué ciel et terre pour trouver des informations à son sujet, savoir s'il était revenu, avoir le moindre détail sur lui et une fois ici, plus rien. Et cette date, celle du 14 mars 2015, le jour de mon admission à l'hôpital, cela ne peut pas être un hasard. Alors c'est officiel, je n'ai plus de famille, je suis seule. Comment ai-je pu être aussi stupide de croire à une seconde chance ? Quand bien même il aurait été vivant, qui dit qu'il aurait voulu de moi ? Qu'il ne m'aurait pas rejeté ? Tellement de questions sans réponses résonnent en moi à cet instant. Ma mémoire impactée, une grande partie de mes souvenirs envolés, la mort des gens que j'aime, cela doit cesser. J'erre dans les rues de cette ville pourtant si belle, sans but précis, tournant au hasard avant d'atterrir sur les bords du fleuve. Le soleil est en train de se coucher et donne au ciel un aspect digne d'un tableau géant. Ce a quoi j'ai réfléchi toute la journée prend alors tout son sens. J'enjambe la barrière de protection et me retrouve face à l'eau, dans quelques instants cet interminable cauchemar cessera.

- Cécilia, je t'en supplie ne fais pas ça ! s'exclame Rebekah, suivie de Camille.. 

- J'ai passé mon temps à me demander quel était le problème avec les autres, ce que je pouvais bien leur faire pour mériter d'être mal traitée, abandonnée. Pendant longtemps, j'ai cru que c'était eux le problème alors qu'en réalité c'est moi. J'attire la mort et les gens que j'aime en payent le prix fort. Rebekah, Camille, je ne veux pas que vous soyez impactées à votre tour. lui répondis je.

- De quoi est-ce que tu parles ? me demande Camille en jetant un regard inquiet à Rebekah.

- Tu n'attires pas la mort autour de toi. Tu es humaine, ce que tu vis est destiné à te rendre plus forte ! Tu es venue ici pour trouver ton frère et tu le retrouveras, on le retrouvera ensemble !

- Je l'ai retrouvé... Il est mort. Je n'ai plus de famille, je n'ai plus personne...répliquais je à bout de souffle. 

Point de vue d'Elijah

- Je l'ai retrouvé... Il est mort. Je n'ai plus de famille, je n'ai plus personne...

La voix de Cécilia, remplie de sanglots, résonnent dans mon esprit. Cette détresse et sa situation me touchent particulièrement. J'ai eu le temps de l'observer depuis son arrivée. Pour être totalement honnête, je l'ai remarquée dès son premier jour à la Nouvelle Orléans où je l'ai invitée à danser le jazz. Sa beauté et sa joie de vivre m'on charmé. En charge de veiller sur Rebekah à la demande de notre frère Klaus, je les ai observées, Rebekah, Camille et elle pendant quelques jours et c'est une jeune fille incroyable, pour qui l'amitié de ma sœur est précieuse.

- Cécilia, je sais que vous ne voulez pas faire ça, fis-je en m'approchant d'elle tout doucement.

- Elijah.. murmure-t-elle.

Lorsque ses lèvres prononcent mon prénom, je ressens quelque chose au fond de moi que je n'avais pas ressenti depuis longtemps. Je me dois de l'aider. Son regard en dit long sur sa souffrance et son mal-être.

- Cécilia, si vous repassez cette barrière, je vous raconterai tout, absolument tout ce que vous avez besoin de savoir. Vous avez ma parole ! 

Elle fixe l'horizon droit devant elle, rien ne semble pouvoir la faire fléchir, mais je sens au fond d'elle, qu'elle va accepter cette main que je lui tends.

- Vous comptez énormément pour ma sœur. Malgré sa popularité, elle a du mal à se faire des amies. Vous l'avez acceptée, avec ses qualités et ses défauts et elle vous a acceptée en retour. Aujourd'hui, elle n'a plus que vous et Camille, alors s'il-vous-plait, prenez ma main, poursuivis je.

Elle tourne la tête en direction de Rebekah et Camille, se trouvant un peu plus loin, en larmes dans les bras de Freya. Moi qui pensais il y a encore quelques jours que ma sœur était dénuée de tout sentiments, je me rends compte à quel point je me suis trompé sur son compte. La main de Cécilia saisit alors la mienne et je la hisse par-dessus la barrière, pour mon plus grand soulagement. Son regard croise le mien et nous restons plusieurs minutes ainsi. Rebekah et Camille se précipitent alors vers elle et la prennent dans leurs bras. Je lui dépose ma veste sur les épaules pour ne pas qu'elle attrape froid et, ensemble, nous regagnons le manoir.

Cécilia Mills, Voyageuse du temps [en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant