L'univers de Joy - Tome 3

19- Laisse-moi respirer

— Tu vas continuer à m'ignorer encore longtemps ?

Barnes est borné, et il ne semble pas vouloir lâcher l'affaire. Alors après un long soupir, je me tourne vers lui et lui adresse la parole, pour la première fois depuis cette nuit-là.

— Si tu ne parlais pas, ce serait plus facile de le faire.

— Oui et bah désolé Joy, dit Bucky en se levant de son siège, mais je vais pas me taire. Je te le répète, et je te le répèterai jusqu'à ce que tu me croies, je n'ai pas...

— Je l'ai vu, l'arrête-je. Tu sais comment mes pouvoirs fonctionnent, tu sais que ce que je vois est réel, pas hypothétique, alors arrête de me mentir.

— Joy, je n'ai pas couché avec elle !

— ARRÊTE DE MENTIR !

Alors que je me mets à crier, les mains vers le sol, je vois des éclairs se dresser tout autour de moi et partir dans tous les sens. Bucky se baisse au dernier moment et le miroir derrière lui éclate dans un gros fracas. Un peu plus loin derrière, Batroc se met à rire.

— J'avais confiance en toi ! continue-je en criant. J'avais confiance en toi, James, et ce que j'ai vu m'a complètement... retournée ! Je ne peux plus parler, je ne peux plus dormir, je ne peux plus respirer sans avoir en tête l'image de ton corps sur le sien. C'est un cauchemar.

Bucky me regarde en secouant la tête, mais ne dit rien. J'ai l'impression que mon corps tout entier est en train de brûler. Et dans mon esprit, c'est encore pire.

— Je t'aimais. J'étais... non, soyons honnêtes : je suis amoureuse de toi. Je dis bien je suis, parce que tu as ancré cet amour tellement profondément en moi que je ne pourrais plus jamais m'en défaire. Pourtant, je ne peux plus t'avoir dans ma vie. Je... je te déteste, Bucky Barnes.

— Wow.

Ça, ce n'était pas Bucky. Au fond de la pièce, Batroc nous regarde d'un air étonné. Puisque ni Bucky ni moi ne disons quoique ce soit, il se lève de son siège et se tourne entièrement vers nous.

— Barnes, dit-il alors, tu n'as vraiment pas assuré. Peut-être que tu devrais quitter cette pièce, et revenir quand... quand Emily sera de retour. Tu ne crois pas, Joy ?

— Tais-toi Batroc, dit Bucky en fronçant les sourcils. J'irai nulle-part. Je vais continuer de...

— Tu devrais partir.

Alors, Bucky se tourne vers moi et son regard me déchire en deux. J'ai envie de sauter dans ses bras, de me pendre à son cou et de l'embrasser jusqu'à la fin des temps. J'ai aussi envie de sauter dans ses bras, de serrer son cou et de l'étouffer jusqu'à ce qu'il arrête de respirer. Je ne sais pas ce qui m'arrive, mais ça doit s'arrêter... Ça doit vraiment s'arrêter.

— James, sors d'ici. Va attendre Sam et... soupire-je. Va les attendre en bas.

— Joy...

— Laisse-moi respirer, tranche-je d'un ton sec. Je ne veux pas de toi ici. C'est... c'est trop dur.

Après cela, je me tourne et me mets dos à Bucky pour ne plus avoir à le regarder. Je ne me tourne à nouveau qu'au moment où j'entends la porte de la chambre claquer derrière lui. Elle claque si fort qu'elle manque de sortir de ses gonds, et ça me fait sursauter.

Je ne sais pas ce qui m'arrive, mais c'est tellement puissant que je me sens incapable de contrôler quoique ce soit. Tout ce que je sais, c'est que j'ai tellement de haine en moi que je pourrais en mourir.