L'univers de Joy - Tome 3

32- La plus belle vue de l'univers

Assise sur les marches, devant ma petite maison les pieds dans le sable, je regarde les vagues se choquer contre la plage et profite du bruit calme de l'eau autour de moi. Il fait nuit, depuis plusieurs heures déjà, mais je n'ai pas envie d'aller dormir. Je veux rester là, et profiter du calme. Dieu seul sait comment la journée de demain va terminer, et je ne veux pas passer ma dernière nuit ici dans mon lit.

Au bout d'un moment, j'entends la porte d'entrée s'ouvrir et après quelques pas, je sais qui est là. Je le reconnaitrais de toutes les manières ; à sa façon de parler, de marcher, de se tenir. Il est absolument tout ce que j'ai, et tout ce que j'ai à perdre.

— Bucky.

— Salut, Joy.

Bucky me rejoint sur les marches, glisse sa main dans la mienne et je pose la tête sur son épaule. Je ferme les yeux et alors, je sens son odeur emplir mes narines et je me sens bien. Je me sens prête à affronter le monde entier.

Bucky resserre son étreinte autour de moi, et je sais qu'il sent lui aussi mon odeur. Lui et moi, on n'a pas besoin de se parler pour tout savoir l'un de l'autre. C'est aussi pour ça, que ça a été dur ces derniers jours : avant de totalement... oublier, j'ai douté de lui. J'ai douté alors que je n'aurais jamais dû.

— James, je suis désolée.

Alors, il relève ma tête de son épaule et me force à le regarder. Il ne sourit pas, ses sourcils sont froncés, mais je sais que ce n'est pas un signe de colère. Ni de tristesse, d'ailleurs. Je sais lire en lui, je l'ai toujours su. Tout comme il sait lire en moi.

Je garde les yeux plongés dans les siens un moment, et je profite de la plus belle vue de l'univers. Je pourrais être dans une cellule à cet instant que cela ne rendra pas les choses moins magiques, moins magnifiques. Je l'aime. Je l'aime à en mourir.

J'approche mon visage du sien, encore et encore, jusqu'à ce que mes lèvres touchent les siennes. C'est la première fois, depuis que je suis revenue. Dès que je commence à l'embrasser, Bucky attrape ma nuque de ses mains et me force à venir plus près, toujours plus près. Il se relève des marches de la maison, sans arrêter de m'embrasser cependant et finit par me porter autour de sa taille. Bien accrochée à lui, à tout ce que j'ai, je continue d'explorer son corps et entre deux baisers, je lève les yeux vers lui. Son regard est fiévreux, il est intense, il me retourne corps et âme.

Nous descendons les marches jusqu'à nous retrouver sur le sable, devant la maison. Bucky m'allonge en-dessous de lui, me regarde en caressant ma joue, m'embrasse à nouveau. Je ne veux pas partir ; je ne veux être nulle-part, nulle-part ailleurs qu'ici, avec lui. Ses mains glissent de mes joues vers ma gorge, puis ma poitrine, puis mes hanches. Bucky ne me lâche plus, et il ne le fera pas. Moi non plus. Entre deux caresses, deux baisers haletants, je le regarde encore dans les yeux et sens toute l'émotion me subjuguer.

— Je t'aime, James.

— Joy...

Bucky resserre son étreinte et je n'arrive plus à détacher mon regard de ses yeux.

— Je t'aime, me dit-il ensuite. Je t'aime plus que tout au monde.