L'univers de Joy - Tome 3

29- Qu'est-ce que c'est, Joy ?

Quand je me réveille, je me sens nauséeuse. Tout de suite, mon dernier souvenir me revient en tête. J'ai reconnu Sam. Je ne sais pas... qui il est, mais quand il m'a parlé j'ai eu l'impression d'avoir déjà discuté avec lui. Plusieurs fois.

Je ne comprends pas ce qui m'arrive. Je ne me sens pas bien. J'ai envie de vomir, mon ventre me brûle et il y a ce... ce bruit, dans mes oreilles. Comme un bourdonnement.

Je finis par rouvrir les yeux malgré tout, et une nouvelle vague de douleur m'assaille. L'homme aux cheveux noirs et aux yeux bleus est devant moi. Et j'ai l'impression qu'il... qu'il ne m'est pas inconnu, lui non plus, tout compte fait. Mais je ne sais pas pourquoi. Je ne sais pas. Je ne comprends rien...

— Joy ?

— Qu'est-ce que c'est, Joy... ?

Je prononce cette phrase dans un sanglot, malgré moi. Je suis fatiguée. Je ne comprends rien, je me sens malade. Je veux... je veux rentrer à la maison. Mais maintenant, je ne sais même plus si c'est vraiment ma maison.

L'homme se rapproche de la chambre et contre toute attente, il en ouvre la porte. Il ne me laisse pas sortir cependant, mais il y entre avec moi avant de refermer derrière lui. Il ne devrait pas faire ça. Si j'en ai envie, je peux le tuer maintenant.

— Joy, reprend-il en s'approchant de moi, c'est ton prénom. Tu t'appelles Joy. Joy Lewis.

— Non, dis-je en secouant la tête, non.

Ce qu'il dit n'a pas de sens. Ça n'a vraiment aucun sens.

— Non ! reprends-je en m'approchant de lui.

J'attrape Bucky par la gorge et je sens à nouveau ce frisson horrible me parcourir. Mon visage se tord un instant et je sens mes larmes recommencer à couler. Mais je ne lâche pas Bucky, je ne le lâche pas.

Après quelques secondes, c'est lui qui me tient et il me pousse contre le mur derrière moi. Il plante son regard dans le mien et alors, je dois fermer les yeux. La douleur recommence, elle me brûle le corps, mes nausées grandissent. Qu'est-ce qui m'arrive ?

— Joy, reprend-il, regarde-moi. Regarde-moi. Et écoute-moi.

Son ton est dur, directif, et je sens à nouveau le frisson. Dans ma tête, une image que je crois reconnaitre.

Je suis dans une chambre d'hôtel avec Bucky, dans la même position que maintenant.

— Écoute-moi. Si tu ne veux pas avoir affaire à moi, très bien. Mais ton père n'est pas un gentil. Arrête de le chercher, et fuis-le plutôt.

La vision s'arrête et je vois à nouveau Bucky devant moi. Je viens de le voir dans ma tête, je connais son nom, mais je ne comprends rien. Je ne comprends rien...

— LAISSE-MOI TRANQUILLE !

Je crie en poussant les mains vers l'avant et la seconde suivante, Bucky est propulsé contre la paroi de la cellule. La cellule. Pas la chambre.

Tout devient confus dans ma tête, et j'ai la sensation de ne plus pouvoir respirer. Je sens mes larmes couler sur mes joues, et j'entends Bucky me parler mais je n'arrive pas à me concentrer. Je vois des visages dans ma tête, un tas de visages dont je connais les noms. Renée, Shuri, Drax. Des bribes me reviennent et en même temps, des souvenirs des gens que j'ai un jour connus. Xandar, le Wakanda. HYDRA.

La douleur est insupportable. La tête entre les mains, je ferme les yeux avec force. Je veux que ça s'arrête. Il faut que ça s'arrête. Un peu plus loin Bucky se redresse, et essaie à nouveau de venir vers moi. Cette fois-ci, je ne peux pas. Je mets les mains en avant et dans un cri, je laisse sortir absolument toute la douleur, toute la peine que je ressens. Bucky s'échappe juste au bon moment en s'affalant sur le sol pour éviter la décharge immense que je laisse échapper.

Et la seconde suivante, c'est terminé.

Les nausées que je ressens depuis mon arrivée ici s'intensifient et alors que je crois que je vais vomir, je sens à nouveau cette sensation d'aiguille qui remonte le long de mon corps. Au lieu de vomir, un simple crachat suffit pour que toutes les douleurs disparaissent. Dans la paume de ma main, désormais, il y a la puce. La puce que Batroc m'a injecté dans cette chambre à Berlin.

Je me souviens. Je me souviens de tout. Je m'appelle Joy Lewis, et désormais, je sais que je suis à la maison.