L'univers de Joy - Tome 3

34- Le grand show

Alors que je suis amenée devant le bureau de Ben, je profite d'une minute de calme pour voir où en sont mes amis. Grâce à un peu de concentration, j'arrive à repérer Bucky grâce à l'esprit. Ils sont en train d'entrer. Tout ira bien. Ils arriveront à temps et en attendant, je vais jouer le jeu.

L'instant suivant, la porte du bureau s'ouvre et je peux le voir à l'intérieur, m'attendant. Je ne suis jamais entrée dans cette pièce la première fois, aussi je la découvre à l'instant. Cela n'a rien à voir avec un bureau ordinaire. Un siège en métal est installé en plein centre, entouré d'un tas de fioles de toutes les couleurs et aux fortes odeurs. Je n'aime pas ça.

— Assise, grogne Batroc lorsque nous entrons.

J'obéis sans sourciller et vais m'asseoir sur le siège, le regard vide. Le froid sous mon corps me fait frissonner ; la peur, aussi. Je ne dois pas montrer de peur, je ne suis pas sensée en ressentir. Mais c'est difficile.

— Aujourd'hui, me dit mon père en me regardant, je vais essayer un nouveau sérum sur toi. Un sérum... spécial. D'accord ?

Je ne réagis pas, je ne suis pas sensée le faire. Mais intérieurement, je sais que je dois agir maintenant. Il est à ma portée. Je n'ai qu'un geste à faire, un seul, et...

— Pourquoi elle ne répond pas ?

M*rde. J'aurais peut-être dû répondre. Mais je suis sensée être sous le contrôle de Badroc, c'était comme ça depuis le début. À moins que... À moins qu'ils aient fait quelque chose à cette puce. Après tout, je n'ai aucune idée de la manière dont elle était sensée fonctionner.

Je n'ai pas le temps d'y réfléchir davantage. Mon père a compris. Il baisse les yeux vers moi et attrape le haut de ma mâchoire avec force, ce qui me fait grimacer.

— Elle est venue avec eux. Je ne sais pas comment, mais elle a dû se débarrasser de la puce.

— Je suis désolé Ben, dit alors Batroc, je savais pas... Je...

— Ce n'est pas grave Georges, lui répond mon père en souriant. Ce n'est pas grave du tout. Cela ne va faire que nous apporter plus de spectateurs pour le grand show.

Mon père recule du siège, où je suis désormais attachée par des sangles. Bon et bien, tout a mal tourné. Génial. Avec un peu de chance, les autres n'iront pas jusqu'ici et ils feront demi-tour avant d'être blessés.

Batroc s'approche de moi et relève légèrement le siège sur lequel je suis installée. Il vérifie que mes bras sont bien sanglés, puis il se tourne vers mon père en hochant la tête.

— Elle est prête pour le sérum, c'est quand vous voulez.