Bucky, Chapitre 6

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Le voyage jusqu'au Wakanda a été fastidieux, mais nous avons fini par atterrir sains et saufs cette nuit. Nous avons passé des heures à éviter les vaisseaux de HYDRA jusqu'à réussir à les semer, pour être sûrs qu'ils n'arriveraient pas à nous atteindre. Et à la reprendre. Parce que ça y est... elle est rentrée. Joy est rentrée.

Je ne l'ai pas encore vue, depuis qu'on l'a ramenée de là-bas. Je n'ai pas vraiment osé. Je sais que je dois le faire, et j'ai envie de le faire mais ça me fait peur, même si je ne le dirai jamais à voix haute. La première fois que nous avons enfermé Joy pour tenter de la ramener, ça a été un supplice. Pour elle, et pour moi. Je me rappellerai toujours son visage plein de terreur, ruisselant de larmes, et ses mots confus. Elle était complètement perdue, elle avait peur et j'ai cru un instant que je l'avais perdue à tout jamais.

Je ne suis pas quelqu'un d'expressif. Il m'arrive rarement de sourire, encore moins de rire, et je ne suis pas le meilleur pour exprimer aux autres ce que je peux ressentir. Mais Joy est comme moi, et c'est pour cette raison que c'est à la fois facile et parfait entre nous. Je la comprends, elle me comprend. Mais quand je vais entrer dans cette salle devant moi, dans la prison du Wakanda et que je vais croiser son regard, tout ce que je ressens va m'exploser à la figure. Alors que de son côté, elle ne saura pas qui je suis.

Après plus d'une heure passée debout dans le couloir, à côté de sa cellule, je me décide enfin à me montrer. Il faut que je le fasse.

— Allez Barnes, soupire-je avant d'enfin me lancer.

Je me décale de quelques mètres, et sors de ma poche le badge que T'Challa m'a donné pour pouvoir entrer. Je le passe sur la porte, puis j'ouvre cette dernière dans un lourd silence.

Et là, je la vois. Joy. Elle a le regard vide, le visage inexpressif, mais c'est elle. Elle est là, devant moi. À cet instant elle lève les yeux vers moi, et je me sens frissonner. Allez Buck, tu vas y arriver. Dis quelque chose.

— Je reconnais ton visage.

Ça, je ne m'y attendais pas. Je reste silencieux une seconde, comme frappé par le poids des quelques mots que Joy vient de prononcer.

— Quoi ? finis-je par sortir.

— Je reconnais ton visage, me dit Joy, je l'ai vu dans ma tête.

Joy baisse à nouveau le regard, et la voir comme ça me fait mal au cœur. Elle est très différente de la dernière fois. Elle n'essaie pas de se jeter sur moi, ses yeux ne sont pas rouges. Elle est juste... atone. Comme si elle n'était qu'un jouet attendant qu'on se serve d'elle.

— Et... reprends-je. Tu te souviens d'autre chose ? Tu as... vu autre chose, dans ta tête ?

— Non, me répond-elle en secouant doucement la tête. Rien d'autre. Seulement toi. Dis... tu sais ce que c'est, un Joy ?

Sa phrase me fait l'effet d'un coup de poignard dans le cœur. Elle lève les yeux vers moi, à la recherche de mon regard sans doute mais il me faut une seconde pour accepter de le croiser. La douleur est insupportable. Mais finalement, je reviens à moi. Bordel Bucky, aide-la. Aide-la.

— Joy... commence-je avant de m'arrêter une seconde, c'est toi. C'est ton prénom. Tu t'appelles Joy, Joy Lewis.

— Oh.

Elle ne réagit pas. Même pas un peu. Je ne sais pas si c'est parce qu'elle ne ressent rien, ou parce qu'on l'a tellement habituée à ne rien montrer qu'elle a peur de le faire. Mais alors, je crois lire quelque chose dans son regard, une seconde seulement mais tout de même. Elle se pose des questions. Et je ferai tout pour lui donner des réponses. Mais une chose à la fois ; je ne veux pas détruire ce qui reste d'elle.

Alors que je me dirige à repartir, estimant que ça suffit pour le moment, Joy lève la tête vers moi d'un air interrogateur.

— Qu'est-ce que je dois faire ?

— Comment ça ? demande-je.

— Les hommes en uniforme, me répond-elle. Les hommes en uniforme me piquent le bras, et ensuite ils me disent ce que je dois faire. Vous n'allez pas me piquer le bras ?

Je suis dérouté. Dérouté, et dégoûté. Un peu effrayé, aussi. Pourtant après une seconde je reprends mes esprits, et me contente de secouer la tête avant de tourner le dos à Joy, cette fois pour de bon.

— Non, Joy. On ne va pas te piquer le bras. Tu devrais... repose-toi. Je reviendrai bientôt.

Et alors que je quitte le couloir de la prison du Wakanda, un dernier soupir s'échappe de ma bouche lorsque j'entends Joy me répondre.

— D'accord... D'accord. À bientôt, alors. 

L'univers de Joy - Tome 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant