Chapitre 18

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Après encore quelques minutes de cet agréable silence, Bucky ose finalement dire quelque chose à voix haute. Caressant toujours mon visage avec douceur, il penche légèrement la tête.

— Alors, me dit-il, tu te souviens... de tout ?

— Oui, réponds-je dans un sourire. Je me souviens de tout.

Mais alors que ma seconde phrase sort de ma bouche, un éclair de lucidité me transperce. Je me souviens de tout. Oh, mon dieu...

Paniquée, je me redresse dans un sursaut et attrape ma tête de mes deux mains. Oh mon dieu, oh mon dieu, oh mon dieu... Qu'est-ce que j'ai fait ?

Bucky réagit très vite. Il se redresse à son tour et m'entoure de ses bras avec réconfort. D'un seul coup, je prends conscience de tout ce qui s'est passé ces derniers... mois. Oui, ça a duré des mois. Je me souviens de la case dans laquelle je dormais, des piqures dans mon bras, des cris de douleur sur cette horrible table. Mais il y a pire, bien pire que ça.

Je me souviens des morts. De tous ces morts... les gens que j'ai moi-même tués. Je me rappelle être entrée dans les esprits torturés d'un nombre incalculable de personnes, les avoir fait souffrir le martyr. J'ai tué des gens, des dizaines et des dizaines de gens. J'ai failli tuer Thor et Quill. J'ai... oh, mon dieu.

— Ça va aller, me dit Bucky avant que j'aie le temps de dire quoique ce soit. T'en fais pas, ça va aller.

— Bucky, qu'est-ce que j'ai fait... ?

Et alors que j'avais réussi à me retenir jusque-là, ce n'est plus possible. Je sens les larmes remonter le long de ma gorge et quelques secondes plus tard j'éclate en sanglots.

— Bucky... me contente-je de répéter.

— Ça va aller, répète-t-il lui aussi, je sais que c'est horrible, mais ça va aller. Laisse l'émotion te submerger une bonne fois pour toutes et ensuite, ça ira mieux. Je te le promets.

Alors, je décide de lui faire confiance. Je me laisse aller dans ses bras sans retenir mes pleurs, je laisse sortir absolument toute la douleur et toute la colère que je ressens, envers HYDRA comme envers moi-même. Ça dure des heures, des heures durant lesquelles Bucky continue de caresser mes cheveux et de me serrer fort contre lui. Nous restons comme ça durant toute la nuit, sans qu'il ne dise un seul mot.

Et quand le lendemain, le soleil se lève à l'horizon, je suis tellement fatiguée d'avoir pleuré toute la nuit que je n'ai plus la force d'être triste. La douleur... est passée. Même si je sais qu'au fond, elle ne disparaîtra plus jamais et restera, plutôt, un horrible fantôme de mon passé toujours perché sur mon épaule.

L'univers de Joy - Tome 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant